La crise de la COVID-19 a définitivement et profondément modifié notre quotidien et nos habitudes de consommation. (Photo: Stephan Johnson pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. J’ai eu le plaisir de visiter récemment l’un des plus importants salons de l’alimentation au monde, le SIAL Paris. Cet événement professionnel, avec plus de 7000 exposants, est d’abord une fenêtre sur les innovations, les nouveautés et les tendances de l’heure dans un contexte global.
Ces tendances sont particulièrement intéressantes cette année à la suite de la crise pandémique, qui a définitivement et profondément modifié notre quotidien et nos habitudes de consommation.
Le SIAL n’est pas qu’une immense exposition professionnelle. C’est aussi un acteur de l’industrie qui interroge. Il a d’ailleurs mené trois grandes études mondiales qui démontrent que la COVID-19 n’a finalement pas tout bouleversé: on aime manger!
L’alimentation est motivée par le plaisir pour 71 % des personnes dans le monde, et près d’une sur deux déclare avoir craqué pour de la « comfort food » (peut-être trop grasse, salée ou sucrée) pendant ou depuis la pandémie, selon l’une de ces études.
«Plaisir et santé, partage et statut social, contraintes pratiques, culturelles et financières… l’assiette et les choix alimentaires dépassent la simple satisfaction d’un besoin primaire au quotidien» puisque, comme chacun sait, les repas demeurent des occasions privilégiées de conserver les liens sociaux.
La santé, l’achat local (48 %), l’attention à la liste des ingrédients (37 %) et le respect de l’environnement (36 %) sont les tendances fortes qui se dégagent de ces études et qui influencent ce qui se retrouve dans l’assiette.
«Dans un contexte d’incertitude globale, le consommateur est toujours aussi convaincu que ce qu’il mange dessine le monde dans lequel il vit.»
Mais où est la place pour l’innovation dans tout cela?
L’innovation doit évidemment répondre aux demandes des consommateurs. Les produits conçus par les fabricants du monde entier répondent à des problématiques et enjeux liés aux besoins et aux tendances.
En 2022, selon les résultats du baromètre mondial de l’Innovation réalisé chaque année par ProtéinesXTC, cinq axes majeurs influent sur les tendances d’innovation alimentaire dans le secteur industriel/manufacturier : plaisir, santé, forme, éthique et praticité.
Dans les circonstances dont je parlais plus haut (l’aspect social de l’alimentation), il n’est donc pas surprenant que l’axe «plaisir» occupe la première place dans l’innovation alimentaire sur tous les continents, avec près d’une innovation sur deux (47,8%).
On parle de produits parfois sophistiqués, dont le renouveau du «comfort food». Nul doute que le contexte de la période COVID a poussé cette tendance de consommation à la hausse, particulièrement en Amérique du Nord (+4,1 points).
L’axe «santé» occupe le deuxième rang de l’innovation alimentaire mondiale dû à la «végétalisation» – l’utilisation de plus en plus fréquente de protéines végétales – de l’alimentation avec près d’une innovation sur trois (31,1%).
Selon ProtéinesXTC, l’élément santé reste un incontournable dans les projets d’innovation. C’est un bénéfice fondamental majoritairement justifié par la simplicité des ingrédients (clean label), la naturalité et par l’absence d’ingrédients perçus comme nocifs.
Une domination des protéines végétales
J’ai constaté que la grande majorité des produits finalistes au Prix SIAL Innovation 2022 étaient des produits à base de protéines végétales et, dans bien des cas, des produits «me too», substituts imitant la viande, la volaille, le fromage et autres.
J’en profite pour mentionner qu’un produit québécois, les graines de camélines torréfiées de la marque Signé Caméline de l’entreprise Oliméga, a su se démarquer en se qualifiant comme finaliste à ce prestigieux concours international.
L’éthique est considérée dans plus de 8 % des innovations des nouveaux produits, un pourcentage principalement soutenu par le levier de l’écologie, incluant l’empreinte carbone, l’agriculture «régénérative» et le bien-être animal.
Les notions de forme dans l’innovation alimentaire s’entendent des promesses «énergie et bien-être».
Se procurer des aliments qui vous maintiendront performants, quelle que soit votre activité, représente 7,2 % des innovations au niveau mondial!
Je souligne que, par le passé, c’était l’axe minceur qui tenait le haut du pavé.
Finalement, la praticité englobe, par exemple, le gain de temps pour la préparation des repas, et des emballages qui doivent être fonctionnels et à fort niveau d’écoresponsabilité.
La leçon à tirer
Terminons par un constat.
Ces études internationales révèlent que la certification bio aurait atteint un plateau en raison de l’offre écoresponsable de plus en plus présente sur les tablettes des épiceries.
La proximité dans l’offre (les produits locaux et de saison, l’économie circulaire et la valorisation des produits au niveau des emballages et du produit lui-même) en serait le principal responsable.
Pour définir l’innovation, selon ce que j’ai vu SIAL Paris, se nourrir est «un plaisir tout à la fois sain, éthique, pour soi, ici et maintenant, mais aussi pour le monde de demain».
Et, en contexte d’inflation, j’ajoute à prix abordable!
Quand on se compare…
Ce vieil adage m’a permis de constater à nouveau que le Québec est très innovant et que nos produits alimentaires n’ont rien à envier à ce qui se fait ailleurs, innovations qui se retrouvent sur nos tablettes et dans nos assiettes à l’année.