En innovation, lorsque vous n'échouez pas, vous n'essayez pas assez! (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Mais lorsque le contexte approprié pour le changement existe, il peut être incroyablement puissant.
Un article de 2020 de la Harvard Business Review (HBR) par Nadya Zhexembayeva affirme que: «l’innovation est rendue un ‘buzzword’». En fait, c’est un mot tellement à la mode et depuis si longtemps, qu’on pourrait presque dire que nous avons développé un culte autour de lui. Innovation par-ci, innovation par-là. C’est dans la mission de la majorité des entreprises, même celles qui semblent être les plus rigides ou traditionnelles.
Cela va paraître un peu bizarre venant d’un blogueur sur l’innovation, mais je suis tout à fait d’accord avec l’affirmation. L’innovation est rendue un ‘buzzword’. Par exemple, aujourd’hui sur Amazon uniquement, vous trouverez plus de 50 000 livres sur l’innovation. Si vous décidiez de lire tous ces livres à raison d’un par semaine, vous auriez besoin de plus de 950 ans – presque un millénaire – pour accomplir la tâche.
De nombreux chefs d’entreprises se tournent vers l’innovation comme si c’était la réponse magique ou la solution à tous leurs problèmes. Qu’ils aient besoin d’augmenter leur part de marché, de réduire leurs coûts ou de réinventer leur marque, leur discours par défaut est «Innovons!».
Il n’est donc pas surprenant que le mot «innovation» perde lentement son sens réel. Ce même article de HBR avertit même que pour la plupart des travailleurs d’aujourd’hui, le mot signifie désormais péjorativement «travail supplémentaire sans résultat ou – même pire – emplois perdus». Pas surprenant avec ce qu’on entend sur l’intelligence artificielle qui remplacera bientôt des millions d’emplois.
Même moi, dans mon passé de président d’une agence de services numériques, j’ai fini par ridiculiser «l’innovation». Trop souvent, nos clients nous demandaient d’être innovants dans le développement d’un projet applicatif, avant de nous rappeler l’échéancier serré, le budget quasi inexistant et l’importance de diminuer au maximum les risques. Encore pire, certains définissaient le lancement d’une application mobile de base comme une «innovation». Ouf!
La première étape est d’abord de bien comprendre ce que l’innovation n’est pas. Ce n’est pas une invention. Ce n’est pas une amélioration. Ce n’est pas de l’idéation. Et bien que toutes ces choses aient de la valeur à leur manière, elles produisent des résultats différents, nécessitent des mentalités différentes et devraient être appliquées à différents problèmes.
L’innovation est plus que quelque chose de nouveau; elle fait rupture avec l’existant et doit être compétitive face à la concurrence. Elle fournit une solution au problème d’un client. Si les dirigeants souhaitent sérieusement poursuivre un changement transformationnel, ils doivent accepter ceci: l’innovation n’est pas la réponse à tous leurs problèmes.
Mais lorsque le bon contexte de changement existe, l’innovation peut être incroyablement puissante.
Cinq questions clés
L’innovation nécessite également ce que j’appelle «l’esprit de l’innovateur», un état d’esprit incontournable qui rend l’innovation possible.
En tant que leader, cela signifie s’engager à faire tout ce qu’il faut pour atteindre votre objectif, croire que le statu quo n’est plus acceptable et posséder une conviction inébranlable pour trouver un meilleur moyen de réaliser ce qu’on souhaite. Sinon, votre équipe et vous manquerez de la motivation dont vous aurez besoin pour surmonter les nombreuses déceptions et obstacles inhérents à l’innovation.
Mais avant de déclarer que l’innovation est la solution à votre problème, il est essentiel de vous poser ces cinq questions afin de déterminer si vous et votre organisation disposez ou non du contexte nécessaire pour réaliser un réel changement.
1. «Innover ou mourir» est-elle votre éthique organisationnelle?
L’innovation est difficile et l’échec est presque certain si toute l’équipe ne croit pas que l’innovation est leur seul choix; que leur avenir, ainsi que celui de l’entreprise, en dépendent littéralement. L’innovation n’est pas un projet comme un autre. Cela doit être vu comme un mandat et non un choix. Si l’un des membres de l’équipe ne croit pas que l’innovation est la solution: il doit se retirer.
Avant-même la pandémie, chez Connect&GO, nous avons choisi de faire un pivot vers le milieu des attractions plutôt que de l’événementiel. C’était une innovation majeure, nécessitant le développement d’un nouveau produit visant à déranger le marché. Un produit complètement différent de ce que nous faisions depuis 7 ans. Nous avions un an pour développer ce qui devait, selon des fournisseurs externes, prendre cinq ans de travail. Nous avons réussi. Pourquoi? Car toute l’équipe s’est sentie investie de cette mission. Toute l’équipe était consciente de l’impact de l’échec sur l’entreprise. Par contre, nous avons perdu plusieurs collègues de la première heure. C’était l’impact de ce projet d’innovation.
2. Est-ce que tout le monde est prêt à tout faire?
Dans le langage du poker, «all in» fait référence au fait qu’un joueur met le dernier de ses jetons dans le pot, souvent avant même que certaines des cartes n’aient été distribuées. Si le joueur finit par perdre la main, il se retrouvera sans jeton et sera hors de la partie. Ce même état d’esprit est essentiel à l’innovation. Les plans de sauvegarde et les imprévus ont certainement leur place dans la gestion d’une entreprise, mais pas dans l’innovation, où ils ont une valeur négative. Quand les gens croient qu’il existe une autre option – celle qui est «assez bonne» – ils la choisissent invariablement lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes difficiles.
Vous devez faire de la réussite la seule option.
3. Êtes-vous prêt à perturber votre propre organisation ?
La plupart des organisations qui réussissent s’appuient sur leurs réalisations passées. Ces idées font non seulement partie de la culture de l’entreprise, mais sont également reconnues comme ce que les gens devraient viser pour aller de l’avant. Mais comme les investisseurs aiment à le dire, «les performances passées ne sont pas indicatives des résultats futurs.» L’innovation n’est pas différente. En fait, cela vous oblige à aller au-delà de ce qui a fait le succès de votre entreprise dans le passé. En d’autres termes, vous devez être prêt à perturber votre propre organisation.
Soyez prêt à jeter ce qui fonctionne dans la recherche de quelque chose de mieux.
4. Avez-vous confiance en vous et en votre organisation ?
Bien que l’innovation ne soit pas une question d’espoir, il s’agit certainement de croire que vous le pouvez. C’est un chemin long et sinueux qui vous oblige à avoir confiance en vous et en votre organisation pour rendre l’impossible possible. Sinon, les obstacles sur votre chemin pourraient devenir insurmontables.
Lorsque vous supposez que quelque chose est possible, il est beaucoup plus probable que cela soit vrai.
5. Êtes-vous prêt à échouer ?
En ski alpin, les moniteurs disent souvent: «Lorsque vous arrêtez de tomber, vous arrêtez de vous améliorer.» Eh bien, en matière d’innovation, lorsque vous n’échouez pas, vous n’essayez pas assez! La clé est de reconnaître que lorsque quelque chose ne fonctionne pas comme prévu, vous n’avez pas échoué, mais vous avez simplement appris quelque chose. Ou, comme l’a dit Thomas Edison, «je n’ai pas échoué. Je viens de trouver 10 000 moyens qui ne fonctionnent pas.»
L’apprentissage est le moteur de l’innovation et l’échec est le moteur de l’apprentissage.
Considérez vos réponses à ces cinq questions. Si vous avez répondu «non» à l’une d’entre elles, vous n’avez probablement pas le bon contexte pour une innovation réussie, et vous seriez probablement mieux servi avec une approche plus traditionnelle et vous savez quoi, ce n’est pas grave du tout!
Si vous avez répondu «oui» aux cinq questions, alors l’innovation est probablement une excellente solution à vos problèmes actuels. Je vous invite donc à vous poser une dernière question. Qu’est-ce que vous attendez pour vous lancer? Comme on le dit souvent, «la meilleure façon de prédire l’avenir est de le créer».