En matière de détection, les outils numériques destinés au secteur de la santé, dont la télésanté, jumelés à l’analyse de données, permettent notamment la surveillance de patients à distance. (Photo: Getty Images)
Voici le premier blogue de Katherine Rondeau, qui se spécialise dans les stratégies d’internationalisation pour les entreprises intégrant l’intelligence artificielle au sein du Service des Délégués commerciaux. C’est après avoir occupé le rôle de directrice du développement des affaires internationales pour des PMEs québécoises reconnues qu’elle complète son MBA en commerce international en mettant l’emphase sur le secteur des technologies. Présentant un parcours varié, elle a également évolué plus de 15 ans dans le monde du sport en tant qu’athlète, puis entraîneuse.
BLOGUE INVITÉ. Rarement un vendredi 13 aura été si représentatif. Escalade fulgurante du coronavirus en Amérique du Nord et partout ailleurs, mesures draconiennes mises en place, chute des stocks boursiers, épiceries dévalisées, crise pétrolière et j’en passe. Je m’ennuie de jeudi dernier, cette belle époque où chaque 24h n’était pas équivalent à un nouveau déploiement de mesures et où la veille ne semblait pas être un passé lointain.
Le monde des affaires est grandement impacté par la menace de la COVID-19 et ce depuis plusieurs semaines. D’abord la plus grande foire commerciale de Télécommunications, le Mobile World Congress (MWC) a été annulée, tout comme la Game developper Conference (GDC), puis South by Southwest (SXSW) et ainsi de suite.
Pendant que beaucoup de travailleurs sont contraints de faire du télétravail, les entreprises offrant des outils numériques deviennent mondiales presque par défaut. En effet, le modèle plus traditionnel de bâtir sa clientèle localement, puis d’envisager l’internationalisation ne tient plus dans un secteur où un produit innovant peut, par exemple, trouver preneur bien plus rapidement en Chine ou aux États-Unis qu’au Canada. La prise de conscience de l’impact du coronavirus sur les entreprises s’est donc fait ressentir assez rapidement.
On catégorise souvent le secteur des technologies comme évoluant à une vitesse effrénée. On reproche d’ailleurs au gouvernement et à la classe politique de ne pas agir assez rapidement pour légiférer afin que les lois soient bien adaptées à cette évolution.
En contexte de «crise» comme celle que l’on vit, où chaque journée semble effacer complètement une situation préexistante, est-ce que la technologie a finalement trouvé chaussure à son pied ou se fait-elle larguer derrière? Quel rôle jouent les outils numériques en ce moment et comment pourraient-ils être utilisés pour faire face à la COVID-19?
Plusieurs thèmes peuvent ici être abordés. Les outils numériques sont si vastes qu’ils peuvent endosser une multitude de rôles tant dans les moyens de détection, de communication et d’information que par les solutions pour intégrer le télétravail, en passant par les produits pour pallier l’ennui en période d’isolement. Beaucoup de sociétés développent d’ailleurs des avancées technologiques pour optimiser le développement d’un vaccin.
Sur ce dernier point, la compagnie de biopharmaceutique québécoise Medicago a d’ailleurs franchi la première étape de développement d’un vaccin et d’anticorps contre la COVID-19 en produisant des particules pseudovirales du coronavirus.
Certaines entreprises ont déjà annoncé des mesures pour supporter les travailleurs et les écoles. Tant des startups comme Slack et Zoom que les multinationales Microsoft et Google ont commencé à offrir gratuitement leurs outils de communication et de vidéoconférence dans l’espoir que les utilisateurs continueront d’avoir recours à leurs produits par la suite. Plus près de chez nous, Vidéotron a aussi annoncé qu’elle offrait les données illimitées pour tous les abonnés résidentiels dans le but de garder les gens connectés.
La technologie offre également d’excellents moyens pour rester informer. Le meilleur outil que j’ai trouvé pour suivre l’évolution en temps réel (ou presque) est celui réalisé par l’Université Johns Hopkins (anglais).
(Source: Center for Systems and Engineering (CSSE), Johns Hopkins University)
Le rôle de l’intelligence artificielle
En matière de détection, les outils numériques destinés au secteur de la santé, dont la télésanté, jumelés à l’analyse de données, permettent notamment la surveillance de patients à distance.
Avoir la capacité de surveiller ses patients à distance en collectant les données sur de nombreux signaux physiologiques via des capteurs cliniques pourrait améliorer la prise de décision pour les professionnels de la santé, gérer le contingentement dans les hôpitaux et faciliter la compréhension des facteurs entourant la maladie tant pour les patients que pour les professionnels qui, ultimement, amélioreraient le traitement.
Les robots conversationnels (chatbots) utilisant l’intelligence artificielle (IA) destinée aux consommateurs pourraient également jouer un rôle essentiel dans le contrôle de la propagation du COVID-19 et venir en aide aux gens croyant avoir été exposés.
Les algorithmes utilisant l’intelligence artificielle pourraient servir à fournir de l’information sur les patients qui ont déjà reçu un diagnostic de COVID-19 ou qui sont soupçonnés d’être infectés.
Des plateformes propulsées par l’IA permettent déjà de filtrer les utilisateurs pour rapidement identifier les personnes atteintes et livrer l’information pertinente au public quant à leurs symptômes et aux mesures à prendre.
Cet apprentissage des algorithmes utilisant l’IA pourrait ensuite être combiné avec d’autres informations comme les imageries et tests en laboratoire pour créer un mécanisme combinant les informations en temps réel aux observations cliniques et ainsi aider les cliniciens à mieux comprendre la maladie permettant une meilleure détection par la prédiction des signes avant-coureurs reliés à l’infection.
Diverses startups offrant des «chatbots» médicaux travaillent également à mettre à jour leur algorithme afin de filtrer les gens pour indiquer s’ils devraient ou non être testés pour le coronavirus. Les individus sont invités à remplir un questionnaire détaillé et l’IA utilise ensuite un algorithme pour rapidement évaluer les informations permettant d’obtenir une évaluation de risque (risque nul, minimal, modéré ou élevé) et, dépendamment, alerter l’établissement le plus proche qu’un bilan de santé est probablement nécessaire.
Vendredi, la Commission européenne a d’ailleurs fait appel aux startups et PME développant des techniques pouvant aider à combattre la COVID-19 de soumettre leur candidature pour les véhicules de financement rapides (fast-track) offerts par l’Union européenne, pour les commercialiser dès que possible. Ne reste qu’à espérer que le Québec envisage de prendre des mesures semblables.
Les outils numériques offrent définitivement un bon coup de pouce et redéfinissent la notion «d’isolement». Il faut certes garder en tête que ces technologies ne peuvent pas tout régler, mais reste qu’elles peuvent offrir un rôle de support aux professionnels, rassurer le public et prévenir l’engorgement du système de la santé. Sachant que ce type de crise tend à revenir, serons-nous mieux outillés pour répondre à la prochaine pandémie?