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Lion électrique: «L’ouverture aux marchés hors Québec a été trop lente», dit Christine Fréchette

Dominique Talbot|Publié à 15h43 | Mis à jour il y a 58 minutes

Lion électrique: «L’ouverture aux marchés hors Québec a été trop lente», dit Christine Fréchette

En grave difficulté financière, l’entreprise de Saint-Jérôme a jusqu’au 16 décembre pour trouver de nouveaux investisseurs. (Photo: courtoisie Lion)

Lion électrique (LEV.TO) a été trop lente à se déployer à l’extérieur du Québec, selon la ministre Christine Fréchette, qui blâme en partie Ottawa pour le problème. Mais, réitère-t-elle, pas question de venir au secours de l’entreprise acculée au pied du mur sans de nouveaux investissements privés.

«L’ouverture du marché à l’extérieur du Québec a été très lente. Ç’a porté entrave au développement de l’entreprise. Si cela avait été fait plus tôt, c’est certain qu’on ne serait pas dans la situation que l’on connaît actuellement», a dit lundi la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie en marge d’un événement de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal.

Malgré tout, rappelle la ministre, Québec pourrait remettre de l’argent seulement si « le plan d’affaires tient la route et qu’il y a d’autres joueurs que le public. On veut voir d’autres joueurs que le public autour de la table », insiste-t-elle.

En grave difficulté financière, l’entreprise de Saint-Jérôme a jusqu’au 16 décembre pour trouver de nouveaux investisseurs. Elle avait jusqu’à samedi pour rembourser un prêt d’une valeur de 22 millions de dollars (M$) à la Caisse de dépôt et Finalta Capital. Au total, ses dettes s’élèvent à près de 300M$.

Lion a annoncé samedi la mise à pied temporaire de 400 employés et la suspension des activités à son usine américaine dans l’État de l’Illinois afin de protéger ses maigres liquidités d’environ 25M$.

Pour la première fois en fin de semaine dernière, Lion a évoqué la possibilité de se placer à l’abri de ses créanciers.

Se disant consciente que Lion opère dans un secteur économique qui expérimente certains ralentissements, Christine Fréchette pense que « peut-être, Lion avait vu qu’il y aurait des développements plus rapidement pour l’ouverture des marchés qui relèvent du gouvernement fédéral. Peut-être qu’il y a eu un mauvais calcul sur la vitesse que ça allait se réaliser ».

Elle blâme également Ottawa pour la lenteur de déploiement de programmes fédéraux sur lesquels Lion comptait énormément pour sa viabilité financière.

« Nous avons été au rendez-vous pour ouvrir les marchés. Fallait que le fédéral le soit aussi et ç’a tardé un peu », dit-elle.

Le PDG de Lion, Marc Bédard, avait formulé le même genre de critiques au début du mois d’août dernier, implorant Ottawa d’accélérer les autorisations aux municipalités pour qu’elles se dotent de véhicules électriques via le Programme de subventions à l’électrification des Transports.

En entrevue avec Les Affaires à la fin de l’été, le ministre de l’Innovation et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, concédait qu’il y avait « certaines lenteurs » du côté fédéral, mais « qu’elle n’expliquait pas tout ».

« Il y a des questions de programmes, oui. Mais il y a aussi des questions fondamentales que nous devons essayer de trouver. Il faut trouver le moyen d’être plus compétitifs dans d’autres marchés en Amérique du Nord. La réponse n’est pas seulement dans les programmes à mon avis. Il y a différentes clés dans le moteur que l’on doit ajuster pour assurer la pérennité et le succès de Lion à long terme », insistait le ministre.

Lundi après-midi, l’action de Lion se transigeait aux alentours de 0,50$ à la Bourse de Toronto. À son arrivée en 2021, son action valait près de 25$. Il y a deux semaines, la Bourse de New York, où l’action de Lion électrique se transige aussi, a entamé des procédures pour retirer l’entreprise de son indice.

Depuis sa création en 2008, Lion électrique a reçu plus de 250M$ en subventions et en prêts des gouvernements du Québec et d’Ottawa, ainsi que de la Caisse de dépôt, Investissement Québec et le Fonds de solidarité FTQ.