Marie-Andrée Roger s’implique pour inciter les filles à choisir les technos, alors qu’elles ne représentent encore que le quart des effectifs au Québec.
FEMMES D’AFFAIRES. Marie-Andrée Roger figure parmi la liste des « évangélistes technologiques » de Montréal, selon le Founder Institute, célèbre incubateur d’entreprises de Palo Alto, en Californie, qui compte des ramifications dans plus de 65 pays. La consultante et entrepreneure est d’ailleurs l’une des rares femmes qui se retrouvent parmi cette cinquantaine de personnalités influentes.
« Je ne savais même pas que j’étais sur cette liste. C’est un de mes employés qui m’en a fait part », raconte la jeune femme. « Mais je pense que le fait que j’aie épaulé 250 start-up dans les cinq dernières années, pour du coaching ou des conseils, a certainement à voir dans cette nomination, qui présente les personnes actives dans l’éducation au public. »
En effet, depuis sa sortie de l’université, Mme Roger n’a pas chômé. Si la jeune femme a toujours eu la fibre entrepreneuriale, c’est au cégep qu’elle a la piqûre pour les technologies. Avec d’autres partenaires, elle lance alors une première start-up alliant informatique et restauration. « Le fait de voir le code prendre vie, c’est vraiment ce qui a allumé ma passion. » Même si l’aventure n’a pas duré, elle a complètement changé la trajectoire de Mme Roger.
Inscrite à l’université en génie logiciel, la jeune femme termine ses études avec quelques cours en gestion. Entrepreneure en série, elle utilise ses temps libres pour tester différents concepts parallèlement à ses études. « Nous avons mené plusieurs projets, ce qui m’a permis de comprendre à quel point l’échec fait partie du succès. Je suis tellement reconnaissante d’avoir eu ces expériences, car le fait de faire face à plusieurs difficultés m’a permis d’apprendre énormément. »
Des expériences qui l’ont outillée pour donner un coup de pouce à ses clients, peu importe leur situation. Aujourd’hui, Mme Roger s’est donné pour mission d’accompagner entreprises et organismes pour innover et générer de la valeur, notamment avec la méthode agile. « Quand on travaille sur un logiciel, si on prend en exemple une maison, il est possible de construire une petite pièce complète et utilisable avant même de construire le toit ou la fondation et de toujours pouvoir revenir en arrière pour modifier. Cette méthode, qu’on dit itérative, permet donc de livrer de la valeur plus rapidement autour d’une innovation », résume-t-elle.
En plus d’être chargée de cours à l’Université de Sherbrooke et d’enseigner en formation continue au Collège de Maisonneuve, Mme Roger a également été formatrice à la Banque de développement du Canada et prépare un nouveau mandat avec le Cirque du Soleil. Parmi tous ces projets, la trentenaire tient aussi les rênes de Fabrique Agile (La Fabrique_A), un OBNL qui offre du coaching pour l’innovation.
Un domaine qui carbure à l’excellence
Pour Mme Roger, se retrouver en minorité dans ce domaine fortement masculin a parfois été difficile. « Je me rappelle, à l’université, un prof m’avait demandé si je m’étais trompée de classe ! » Mais elle ne s’est pas laissée décourager pour autant. « Oui, c’est clairement un monde d’hommes, mais les gens de ce domaine recherchent l’excellence. Alors si on montre ce dont nous sommes capables, il n’y a pas de différence. »
Mme Roger s’implique aussi pour inciter les filles à choisir les technos, alors qu’elles ne représentent encore que le quart des effectifs au Québec. Toutefois, pas question pour elle d’embellir la réalité. « C’est un monde merveilleux si tu as la passion. Mais pour y arriver, c’est comme pour un athlète de haut niveau. Il faut de la performance, de l’excellence et beaucoup d’investissement en temps et en énergie », soutient-elle.
Ainsi, plusieurs femmes abandonnent avant la trentaine, observe-t-elle, peut-être parce qu’elles n’étaient pas préparées à cette réalité. « Et quand on combine le monde des technologies à celui de l’entrepreneuriat, c’est encore plus vrai. » Toutefois, alors que le domaine ne cesse d’évoluer, ces occasions sont passionnantes, ajoute-t-elle. « Ce n’est pas un monde de Calinours, mais tous les jours, je n’en reviens pas de ce que mon équipe et moi sommes capables d’accomplir. »