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Même sans MWC, Samsung reprend goût à l’innovation

Alain McKenna|Publié le 13 mars 2020

Même sans MWC, Samsung reprend goût à l’innovation

Il y a deux semaines, Samsung Canada ouvrait les précommandes pour ses nouveaux mobiles haut de gamme. Aux trois versions du Galaxy S20 se joint une nouvelle interprétation de style libre sur le thème des écrans pliables, appelée Galaxy Z Flip. Deux jours plus tard, Samsung Canada annonçait avoir écoulé la première fournée du Z Flip destinée au marché canadien. Pour un appareil vendu 1820$, c’est pour le moins surprenant.

Étant donné le désastre du Galaxy Fold l’an dernier, on se gardera une petite gêne avant de parler de coup de circuit, mais après avoir joué avec pendant quelques jours, force est d’admettre que la nouvelle formule, qui reprend un format popularisé il y a une quinzaine d’années par les sans-fils Nokia et Motorola à rabat, est beaucoup plus attrayante cette fois-ci.

Il aura d’ailleurs peut-être fallu que Lenovo présente un Motorola Razr de style similaire, plus tôt cet hiver, pour que Samsung le réalise.


 

Samsung Galaxy Z Flip

Mais comme le dit l’adage, on n’a qu’une seule chance de faire une bonne première impression, et à ce jeu, le Z Flip touche la cible. La silhouette de l’appareil est attrayante, même si son boîtier est franchement trop glissant, et même un poil trop soyeux. Les doigts y laissent des traces en un rien de temps. Et l’ouvrir d’une seule main relève du miracle, ses parois n’offrant aucune prise du doigt pour un «flip» réussi.

Sous le (très mince) capot aussi, le Z Flip fait bien. Son affichage FHD+ de 6,7 pouces de diagonale présente un ratio de 22:9, plus étroit que la moyenne, mais tout à fait agréable à regarder. La technologie AMOLED de Samsung y est superbement équilibrée, côté luminosité, contraste et couleurs.

Un processeur Snapdragon 855 de Qualcomm et 8 go de mémoire vive suffisent à animer la bête. Ce n’est pas la mécanique du S20, mais presque. Deux caméras de 12 mégapixels sont au programme, et le tout sert à faire tourner Android 10 de façon assez rondelette. Resterait à peaufiner l’interface graphique One UI 2.0, qui n’a pas tout à fait l’ergonomie d’une version d’Android qui en serait carrément dépouillée.

Il faudra voir ce que les tests à plus long terme, et forcément plus rudes, diront de cet écran pliable composé tout de verre, si on se fie à son fabricant. Le Galaxy Fold a rapidement montré ses limites une fois les premiers exemplaires mis en marché. Dans la même veine, on se demande si le Galaxy Z Flip sera plus durable que la moyenne des ours dans le marché des téléphones Android.

Jusqu’à il y a dix jours, Warren Buffett avait encore en poche son propre Samsung à rabat datant d’une douzaine d’années. Il a désormais un iPhone. Durera-t-il 12 ans? Qu’en est-il du Z Flip?

 

S20 Ultra: finir en beauté une décennie de Galaxy S

Au moins une critique relative au Z Flip s’applique également dans le cas des modèles du Galaxy S20: leur interface graphique n’est pas à la hauteur de la quincaillerie. Mais pour le reste, ces téléphones, dont le nom et la fiche technique incarnent «un virage vers la décennie à venir» pour Samsung, sont impeccables.

À n’en pas douter, il s’agit de la meilleure génération du Galaxy S depuis au moins une décennie. L’appareil réagit promptement aux commandes tactiles, la connexion 5G assure une certaine durabilité, le temps que les réseaux soient déployés de façon plus générale qu’ils le sont à l’heure actuelle, et un tiroir pour carte Micro SD prolongera la durée de vie d’un mobile qui, il faut le dire, n’est pas vendu à prix d’ami…

On constate aussi quelques défauts un brin irritants. L’appareil photo et le zoom hybride mi-optique, mi-numérique a ses limites, et elles apparaissent bien avant les 10x de la version de base. L’appareil surcompense pour une netteté défaillante, même sous le plein soleil, ce qui donne des clichés aux détails exagérés, rendant le résultat pas toujours aussi satisfaisant qu’on le souhaiterait.

L’écran mur à mur est mieux calibré que par le passé, ce qui évite de lancer des applications par inadvertance en le touchant du coin du doigt, alors qu’on tente seulement de soulever le téléphone à son oreille. Mais il n’est pas à l’épreuve de la dure réalité: le S20 Ultra essayé ces dernières semaines avait deux belles égratignures de bout en bout de son écran. On suggère aux acheteurs de lui trouver un écrin protecteur digne de ce nom.

Bref, le Galaxy S20, et le S20 Ultra encore plus, sont de superbes téléphones, mais encore là, vendus au prix fort. Comme Samsung se positionne pour les 10 prochaines années, on imagine que les nouvelles technologies introduites ici, la 5G (évidemment), mais surtout, l’appareil photo à longue portée, seront déclinés en version plus abordable dans les années à venir.


Le MWC est mort, vive le MWC!

D’accord, le Mobile World Congress n’est pas à proprement parler «mort», mais son annulation cette année permet à ses organisateurs de prendre un pas de recul. La firme ABI Research en a profité pour sonder l’avis des gens sur ce qui devrait être un MWC idéal.

Samsung est en partie en cause dans cette réflexion. Le fabricant coréen a pris l’habitude de lancer ses nouveaux mobiles avant l’événement, et entraîne avec lui d’autres grands noms du secteur. Ça vole le spectacle, et ça met l’emphase sur les appareils, plutôt que sur «les grands enjeux» et sur «le futur» de l’industrie du sans-fil.

«Traditionnellement, le MWC était noyé dans des conférences faisant beaucoup de tapage, mais apportant très peu d’innovation. Cette tendance nous éloigne des discussions significatives et des dialogues qui devraient avoir lieu pour créer le MWC parfait, capable de créer un consensus qui modèlera le futur du sans-fil», résume ABI Research.

Car dans la précipitation vers les nouveaux gadgets, on oublie les grandes questions. Par exemple, l’impact de l’IA sur les réseaux, qui risquent fort d’être surchargés par l’appétit gloutonnesque de ces systèmes en données numériques, idéalement collectées en temps réel. Entre temps, au moins, on pourra tout de même avancer que des nouveautés comme le Galaxy Z Flip introduisent un niveau d’innovation qu’on n’avait pas vu depuis quelques années, tous les sans-fil allant essentiellement tous dans la même direction depuis pratiquement 10 ans.

Idem pour la 5G, qui soulève des enjeux de sécurité pour les pays et les entreprises, et de santé pour les consommateurs, auxquels on n’a pas encore réellement répondu.

Bref, ABI Research n’a pas tort de conclure que «le MWC 2020 est un événement raté pour plusieurs, mais il n’a pas à être une occasion ratée» pour l’industrie.

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