Guy Lafleur était l’antihéros que chérit tant le peuple québécois, écrit Nicolas Duvernois. (Photo : La Presse Canadienne)
BLOGUE INVITÉ. Quelques jours après le départ de Guy Lafleur, le Québec tout entier pleure encore la disparition d’une légende du sport, mais aussi d’un homme plus grand que nature, reconnu pour son immense talent, son amour et respect du public et ses prises de position franches, courageuses et certainement sans langue de bois.
C’est bien mal connaître sa carrière si l’on se souvient que de ses exploits sur la glace. Guy Lafleur était certes un joueur spectaculaire, il était aussi et surtout l’idole d’un peuple, l’antihéros par excellence. Autant il était parfait sur la glace, autant sa vie pouvait être complexe.
Ses exploits ne seront jamais répétés. Parmi ceux-ci, 209 points dont 130 buts lors de sa deuxième saison dans la LHJMQ, 6 saisons consécutives avec plus de 50 buts pour les Canadiens de Montréal, cinq coupes Stanley et des records et trophées à profusion.
Mais c’est aussi hors de la glace que Flower, comme le surnommaient certains, faisait parler de lui. Qui ne se rappelle pas de sa menace de grève quelques heures avant de jouer contre les Maple Leafs de Toronto en novembre 1978, de son «coup de gueule» légendaire envers l’organisation des Canadiens quelques semaines après sa première retraite à l’automne 1984 ou de ses commentaires acides qu’il donnait de temps en temps afin de démontrer son mécontentement envers l’équipe dont il a été l’un des plus grands joueurs de l’histoire.
Guy Lafleur était l’antihéros que chérit tant le peuple québécois. Un peu comme Maurice Richard ou René Lévesque, son besoin d’autodétermination, ses prises de position fières et son look non traditionnel faisaient de lui un personnage plus grand que nature.
Personne n’aimait pas Guy Lafleur, même les plus grands fans des Bruins ou des Maple Leafs n’ont que de bons mots pour ce joueur étoile qui leur en a fait voir de toutes les couleurs.
Pour ma part, j’ai eu la chance de le voir jouer quelques matchs à la télé sous les couleurs des Rangers et des Nordiques. Bien qu’il ne fit plus trembler les filets adverses aussi souvent, je me rappelle de l’excitation de la foule et des descripteurs chaque fois qu’il effleurait la rondelle. Avec lui, chevelure blonde au vent, tout était possible.
Lorsqu’une figure aussi importante de notre histoire nous quitte, il est important de partager nos anecdotes, d’écouter les différentes histoires racontées à droite et à gauche afin de réaliser à quel point cette personne représentait beaucoup pour plusieurs.
Il a marqué son sport par son talent à une période bien précise de notre histoire. En effet, toute sa carrière fut jouée dans un Québec cherchant à défendre son unicité. De sa première saison dans les rangs juniors en pleine crise d’octobre 70, au référendum de 1980 en passant par sa retraite quelques mois après l’échec de l’Accord du lac Meech, au tout début des années 90, quelque part, au fond de nous, Guy Lafleur représentait ce besoin d’indépendance et d’autodétermination.
Son départ nous rappelle à quel point nous nous éloignons de plus en plus de la belle époque du hockey à Montréal où l’équipe était plus importante que le joueur, où la victoire était une nécessité absolue, où le sentiment d’appartenance au club était prioritaire et où le sacrifice coulait dans les veines des joueurs.
Merci, monsieur Lafleur, d’avoir été vous tout au long de votre carrière. Dans les bons comme dans les moins bons moments de votre relation avec le Canadien, vous nous avez prouvé hors de tout doute à quel point ce club et ses partisans vous tenaient à cœur. Bon voyage!