«L’autre outil que j’utilise est les écouteurs antibruit qui permettent de bien comprendre que je suis en train de travailler.» (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Le télétravail est passé de cas d’exception à la norme pour plusieurs entreprises dans les deux dernières années. Alors que de nombreux gestionnaires doutaient de l’efficacité du travail à la maison, il s’agit aujourd’hui d’une pratique acceptée, voire encouragée par de nombreux employeurs à travers le monde. Les bénéfices sont nombreux : un meilleur équilibre travail-vie personnelle, ne plus avoir à vivre les bouchons de circulation, des économies substantielles, plus de flexibilité, etc.
La plupart des gens autour de moi me disent ne plus vouloir retourner à leur bureau et à quel point ils sont bien lorsqu’ils travaillent depuis la maison. Mais dans mon cas, uniquement le fait de penser à faire une journée complète de travail à la maison m’angoisse immédiatement.
Il est clair pour moi que le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité complique plusieurs prérequis pour le travail à la maison : concentration, gestion du temps et compétences de priorisation, pour n’en nommer que quelques-unes. Tous ces éléments peuvent être difficiles à pratiquer si vous souffrez de TDAH.
Lorsque je suis à la maison, je suis perpétuellement distrait, je vérifie mon téléphone chaque 5 minutes et je suis incapable de me concentrer sur une tâche pendant de longues périodes. C’est comme si mon cerveau était toujours préoccupé. J’ai évidemment toujours été distrait, mais je dirais que le tout est décuplé lorsque je travaille depuis la maison.
Après avoir consulté ma psychologue et lu des dizaines d’articles sur le sujet, je vous partage mes conseils et réflexions sur la combinaison TDAH et télétravail.
Créer une séparation entre travail et vie personnelle
Il s’agit de l’élément qui fut le plus compliqué dans mon cas. J’ai toujours adoré être en présentiel au bureau et enlever mon chapeau d’entrepreneur et de travail lorsque j’arrivais à la maison rejoindre la petite famille. C’est aussi pourquoi nous n’avions jamais aménagé d’espace de bureau dans la maison et donc, lorsque nous fûmes obligés de travailler à la maison, j’ai fait l’erreur de m’installer à la table de cuisine pour travailler. Tenter de travailler entre les mêmes quatre murs où je fais tout le reste – y compris les tâches ménagères, dormir, etc. – entrave certainement ma capacité à me concentrer.
Nous avons besoin de limites. Nous devons définir l’espace où nous travaillons dans la mesure du possible. Bien qu’un bureau à domicile séparé ne soit pas toujours possible, il est important de ne pas travailler au même endroit où vous mangez et où vous vous détendez. J’ai aussi débuté la création d’un rituel quotidien, soit une promenade matinale qui sert de faux travers et où j’en profite pour me chercher un café au Starbucks du coin. Cela aide mon cerveau à passer en mode « travail ».
Définir ce qui fera d’aujourd’hui une bonne journée
L’une des tâches les plus difficiles à réaliser lorsque nous sommes TDAH est tout ce qui touche la gestion de son temps ainsi que la priorisation. C’est toutefois deux compétences clés pour réussir son travail à domicile. Le TDAH vous donne l’impression d’être dans un buffet chinois, en tout temps. Vous pensez pouvoir tout intégrer dans votre journée, alors vous commencez à accumuler des engagements dans votre assiette. Cela entraîne un cycle de surmenage, d’épuisement, de procrastination, de panique, puis de retour au surmenage.
Vous devez rapidement clarifier ce qui compte le plus : réduire la surcharge d’informations. Regardez votre liste de choses à faire et demandez-vous : « Quelle est la seule chose que je puisse faire dans les 15 prochaines minutes qui fera avancer ma journée ? » Cela peut-être de répondre à un courriel important ou consulter un document. Quoi qu’il en soit, réservez un laps de temps minimalement viable, rangez votre téléphone, concentrez-vous sur la tâche à accomplir et progressez. Prenez aussi des pauses régulières.
Il est aussi important d’organiser votre emploi du temps en tenant compte de votre niveau d’énergie. Pour ma part, il y a des moments lorsqu’il est plus facile de me concentrer parce que je suis naturellement plus alerte, comme le matin par exemple. J’aborde donc toutes les tâches qui exigent un maximum de mon attention en avant-midi et lorsque mon énergie faiblit, je prends une pause plutôt que de m’entêter à poursuivre.
Limiter les interruptions
L’un des principaux défis pour ma part avec le TDAH et le travail à la maison est le fait que je ne suis pas seul. Ma conjointe est à la maison ainsi que notre petite dernière Béatrice. Malheureusement, ceux-ci sont pour moi une énorme source d’interruptions.
Au départ, j’avais l’habitude de lutter contre les interruptions familiales. Être gentil et leur demander poliment de ne pas m’interrompre n’a pas très bien fonctionné. J’ai donc mis en place des systèmes, dont le « Airplane mode » qui fait que lorsque j’ai un petit avion sur le coin de mon bureau, ce n’est pas le moment de me déranger, comme dans l’avion.
L’autre outil que j’utilise est les écouteurs antibruit qui permettent de bien comprendre que je suis en train de travailler et que je ne suis pas disponible pour discuter.
Je pense que le plus important avec notre famille est de communiquer ce dont nous avons besoin et d’écouter ce dont notre famille a besoin. Nous devons tous travailler ensemble là-dessus !
Assurez-vous de vous rendre totalement indisponible
Le principal constat que j’ai fait pour le travail à domicile : il est impossible pour moi de travailler autant qu’au bureau. Ma recommandation serait donc : travaillez moins ! Oui, vous avez bien lu. C’est presque impossible de s’attendre à fonctionner à une productivité maximale chaque heure de la journée en étant assis devant son ordinateur. Profitez de la flexibilité du travail à domicile. Définissez votre absence du bureau et éloignez-vous de tout. Assurez-vous de vous rendre totalement indisponible pour refaire le plein d’énergie !
Et le plus important…
Rappelez-vous que tout le monde est touché par ces temps difficiles. Reconnaissez ce que vous faites bien et ce qu’il faudra améliorer. Et soyez compatissant et compréhensif envers vous-mêmes.