La direction de Meta Platforms a dévoilé un plan d’investissement gigantesque dans le développement d’applications d’intelligence artificielle. (Photo: 123RF)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
La divulgation des résultats de Meta Platforms, et surtout les explications que donne le président Mark Zuckerberg quant aux perspectives et aux ambitions de la société sont parfois la cause de grandes fluctuations sur le cours de l’action. Cela nécessite alors que les investisseurs prennent une grande respiration avant de passer leur commande d’achat ou de vente à la suite de ces présentations. Nous en avons eu un bon exemple mercredi soir.
Zuckerberg avait joué le même tour aux investisseurs il y a 2 ans lorsqu’il avait annoncé un projet d’investissement pharamineux dans le développement du métavers. Le titre valait alors 325$US. Neuf mois plus tard, il tomba sous la barre des 100$US.
Le titre allait bien se remettre de l’épisode du métavers. Surtout, lorsque Mark Zuckerberg a annoncé au début de 2023 que l’année allait être celle des gains en efficcacité pour l’entreprise. Dans les mois qui ont suivi, Meta Platforms avait procédé à des coupures de plus de 21 000 emplois, tout en réduisant ses dépenses dans des activités jugées moins essentielles. Transporté ensuite par l’effervesce suscitée par l’intelligence artificielle, le titre passa de 275$US à 531$US entre octobre 2023 et avril 2024.
Un nouveau plan d’investissement
Le mercredi 24 avril, lors de la divulgation des résultats du 1e trimestre 2024 montrant par ailleurs des chiffres excellents, Mark Zuckerberg détaillait un plan d’investissement gigantesque dans le développement d’applications d’intelligence artificielle. Le titre a aussitôt été durement secoué, perdant près de 20% de sa valeur dans les transactions après la fermeture des marchés boursiers.
Bien que les façons de faire de Zuckerberg montrent certaines similitudes, peut-on comparer les plans d’investissement dans le métavers et l’intelligence artificielle? Il y a certes une différence, bien qu’ils se ressemblent à certains égards. Le premier épisode portait sur le virtuel et les gens n’y croyaient pas trop, explique Jean-Paul Giacometti, vice-président, gestionnaire de portefeuilles chez Claret Gestion de placements. L’ampleur des investissements a été très mal reçue.
Aujourd’hui, il est question d’investissements massifs dans l’intelligence artificielle (IA), mais Mark Zuckerberg prévient que les bénéfices n’apparaîtront que dans quelques années comme dans le cas du métavers. Bien que le secteur de l’IA profite d’un fort momentum, le gestionnaire de Claret incite quand même les investisseurs à faire preuve d’un peu de prudence. «Il s’agit d’un secteur déjà bien enflé. On ne parle par ici d’un androïde pouvant résoudre tous les problèmes, mais plutôt d’algorithmes hautement développés, qui devraient avoir toutefois un effet majeur sur l’efficacité et la productivité», dit-il.
Des analystes confiants, mais…
L’analyste de JP Morgan, Doug Anmuth, note que Meta est plus optimiste et ambitieuse que jamais en ce qui concerne l’IA. « Elle croit qu’elle peut devenir le leader mondial dans le secteur », écrivait-il le 25 avril dans un rapport destiné à ses clients. Mais cela va nécessiter des investissements en infrastructure significatifs pour former la prochaine génération de grands modèles fondateurs. Évidemment, cela prendra du temps et pourrait inquiéter bien des investisseurs, selon lui. Il suggère à ceux-ci de demeurer surpondérés dans le titre, mais il réduit néanmoins son cours cible sur un an, qui passe de 535$US à 480$US.
L’analyste de RBC Marchés des capitaux, Brad Erickson, estime que le fait marquant de cet exercice de présentation des résultats est l’accélération sur plusieurs années du cycle d’investissement de la société en IA qui semble excéder les anticipations des investisseurs. La décision d’acheter le titre dans ce contexte dépend de la réponse à la question à savoir si oui ou non l’IA sera pour Meta un moteur de croissance transformateur. L’analyste semble croire que oui, car il affirme qu’il demeure acheteur du titre. Mais il y met une certaine prudence en réduit son cours cible de 600$US à 570$US.
