(Photo: Scott Webb pour Unsplash)
La start-up américaine Slack a déposé une plainte pour concurrence déloyale devant la Commission européenne mercredi contre le géant informatique Microsoft, l’accusant de forcer la main des utilisateurs de sa populaire suite de bureautique Office en leur imposant l’outil Teams.
La société, qui commercialise son propre service de messagerie interne, estime que Microsoft abuse de sa position dominante en combinant Teams avec ses autres logiciels Word, Excel, PowerPoint ou encore Outlook.
Ce faisant, Microsoft « oblige des millions de clients à installer (Teams), bloque sa suppression et cache le coût réel pour les entreprises » utilisant Office, estime Slack dans un communiqué.
La start-up représente une « menace pour l’emprise de Microsoft sur les courriels professionnels (avec Outlook, NDLR) » et par ricochet, « la main-mise de Microsoft sur les logiciels d’entreprise », a commenté un responsable de Slack dans le communiqué.
« Nous sommes convaincus des mérites de notre produit, mais nous ne pouvons ignorer les comportements illégaux qui privent les clients de l’accès aux outils et aux solutions qu’ils souhaitent », a-t-il ajouté.
Slack souhaiterait que l’Union européenne force Microsoft à vendre Teams comme un produit à part et non comme partie intégrante de sa suite Office.
« Nous avons créé Teams pour associer la faculté de collaborer à la faculté d’être connecté par vidéo car c’est ce que les gens veulent », a réagi un porte-parole de Microsoft.
« Avec le Covid-19, le marché a porté Teams à des niveaux records tandis que Slack a souffert de son absence de visioconférence. Nous nous engageons à offrir aux clients non seulement le meilleur des dernières innovations, mais aussi une grande diversité de choix dans leur façon d’acheter le produit et de l’utiliser », a-t-il ajouté.
Microsoft a précisé qu’elle fournirait des informations complémentaires à la Commission européenne et se tenait prête à répondre à toute question.
L’institution a bien reçu la plainte de Slack et va l’examiner selon ses procédures habituelles, a indiqué à l’AFP une porte-parole de la Commission.
Charge à elle de décider ensuite d’ouvrir ou non officiellement une enquête.
Les géants américains de la technologie font l’objet de plus en plus d’accusations de pratiques jugées anti-concurrentielles des deux côtés de l’Atlantique.
Bruxelles a ainsi infligé en 2018 sa plus grosse amende à Google, de 4,34 milliards d’euros, pour avoir abusé de la position dominante d’Android, son système d’exploitation pour téléphone intelligent, afin d’asseoir la suprématie de son service de recherche en ligne.
Microsoft avait pour sa part écopé en Europe en 2013 d’une amende de 561 millions d’euros pour avoir imposé pendant 14 mois son navigateur Internet Explorer aux utilisateurs de son système d’exploitation Windows 7.
L’agence américaine chargée de la protection des consommateurs et de la concurrence, la FTC, a de son côté demandé en février aux géants de la tech Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, de fournir des informations sur leurs acquisitions des dix dernières années.