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Milléniaux, COVID-19 et leadership

Radouan Torkmani|Publié le 10 mai 2021

Milléniaux, COVID-19 et leadership

Il existe plusieurs façons de soutenir les jeunes professionnels dans vos organisations. (Photo: 123RF)

Voici le premier blogue de Radouan Torkmani, vice-président de la Fondation de l’Ordre des Ingénieurs du Québec. Il a également été nommé Commissaire de l’Office de Consultation Publique de Montréal par le Conseil municipal de la Ville de Montréal. Il vous offrira la perspective d’un millénial sur une quête de sens dans un monde du travail en bouleversement (et particulièrement marqué par la pandémie de COVID-19).

 

BLOGUE INVITÉ. Pourquoi fait-on ce que l’on fait? Cette question m’a toujours intéressée (obsédée?) tant la quête de sens est le moteur de ma motivation au quotidien. La pandémie de COVID-19 a davantage centralisée cette réflexion.

En discutant avec les professionnels de ma génération, celle des milléniaux, je me suis rendu compte rapidement que nous partagions tous le même constat. Et ce constat le voici: nous n’avons jamais eu autant de temps pour réfléchir au sens de notre vie – autant professionnelle que personnelle! Alors que cette quête de sens et de découverte de soi pouvait se faire, dans la «vie d’avant», au travers des voyages autour du monde à l’occasion d’une année sabbatique ou tout simplement d’un congé, la réalité de la COVID-19 oblige désormais à le faire depuis chez soi à travers son ordinateur (encore!).

En parcourant mon profil LinkedIn, vous avez sans doute noté la diversité et l’éclectisme de mes intérêts. Ayant une double formation en ingénierie et en architecture, j’ai toujours trouvé le besoin de stimuler le côté droit créatif du cerveau propre aux architectes et le côté gauche rationnel des ingénieurs. (je ne vous ai pas encore parlé de mon intérêt pour l’innovation et l’entreprenariat mais nous avons tout un blogue pour faire connaissance). C’est ainsi qu’actuellement j’ai plaisir d’oeuvrer comme chef d’équipe et gestionnaire de projets de conception des nouvelles écoles Montréalaises, de m’engager bénévolement à titre d’administrateur et de vice-président de la Fondation de l’Ordre des ingénieurs du Québec pour soutenir la relève en génie et de siéger sur appel à titre de Commissaire pour des consultations publiques de projets d’envergure pour notre ville.

Mouton à 5 pattes de ma génération? Pas si sûr. J’ai la chance d’être entouré et d’échanger régulièrement avec d’autres professionnels de ma génération fortement impliqués dans la société. Certains sont entrepreneurs tout en étant étudiant à temps plein, d’autres siègent sur des conseils d’administration de société d’état comme mes collègues ambassadeurs du Groupe des Trente de Concertation Montréal ou encore s’engagent comme mentor auprès de la génération Z.

Rappelons d’abord que ce qui était vrai avant la pandémie reste vrai pendant la pandémie. Les critères suivants restent essentiels aux yeux des jeunes professionnels de ma génération: la conciliation travail/famille, les opportunités de grandir dans l’entreprise, la flexibilité des horaires, le développement professionnel et l’impact positif sur la société (Deloitte, 2016).

Ma génération est aussi à la recherche d’un nouveau style de management. Nous recherchons davantage des coachs comme patron brisant ainsi avec le management hiérarchique traditionnel. Les discussions authentiques avec mes pairs font apparaitre un constat clair: nous adhérons à un leadership bienveillant, collaboratif et transparent.

Mais voilà, la crise actuelle que nous vivons a imposé une nouvelle réalité dans le rapport des milléniaux au monde du travail.

Si la réalité du télétravail représente des défis pour tous, elle touche encore plus fortement les milléniaux. «La nécessité de devoir se concentrer en continu et les impératifs de productivité se font souvent au dépend des relations amicales et professionnelles entre collègues ainsi que de l’adhésion à la culture d’entreprise» (Cushman et Wakelfild, 2021). Et je ne vous parle pas de ceux qui ont démarré un nouvel emploi en pleine pandémie pour qui les défis d’intégration à distance ont été majeurs. Et tout ceci a un coût. Le dernier sondage Leger réalisé en février de cette année démontre que l’anxiété et la détresse psychologique des Canadiens de 18 à 34 ans surpasse celle d’autres tranches d’âge.

 

Dans ce si contexte particulier, voici comment vous pourriez soutenir les jeunes professionnels dans vos organisations:

 

– Accompagner les dans leur gestion du stress:

Souvent sous-estimé, l’absence de programme adéquat est la cause de bien des épuisements et des départs. Nombreux sont les experts qui pourront vous aider à créer des espaces sécurisés (safe space) sans jugement afin de partager les inquiétudes, mais aussi de s’outiller pour passer à travers les épreuves difficiles. Aussi, créer des rencontres hebdomadaires ou l’on discute de tous sauf du boulot est une bonne façon de créer des liens.

 

– Offrez-leur de la vision:

C’est cruellement ce qui nous a manqué au cours derniers mois: de la vision. Actualiser la vision de l’entreprise à ses jeunes employés est une bonne façon, selon moi, de donner du sens à ce que l’on fait et de se savoir où l’on va. Ceci peut se faire par l’annonce de nouveaux projets ou d’un futur plan stratégique qui offrirait des perspectives d’évolution de carrière.

 

– Stimulez leur intérêt:

Portez une attention particulière à leur niveau de motivation et sachez leur offrir des occasions de s’impliquer dans votre entreprise (par le bien de participation à des comités ou en innovant dans le cadre de projets pilotes par exemple)

 

– Limitez la bureaucratie:

L’«infobésité» générée par les courriels, téléphones et réunions TEAMS à profusion épuisent les employés depuis longtemps et les milléniaux n’y font pas exception. Plus les processus seront simplifiés, plus il y aura de chance qu’ils seront suivis et appliqués correctement. En temps de pandémie, chaque ressource mentale compte!

 

– Entretenez la confiance:

On ne le dira jamais assez, mais la confiance est le ciment d’une équipe sereine et efficace. Et cela doit passer par davantage de flexibilité et de bienveillance. Définissez un objectif réaliste et laissez le millénial trouver ses propres moyens de l’atteindre. Pensez comme un coach!

La crise du coronavirus a permis de démontrer qu’en situation d’urgence, gouvernements, sociétés publiques et secteur privé peuvent s’unir pour surpasser un défi commun. Ce précédent restera certainement dans les mémoires de ma génération pour de futurs défis auxquels nous ferons face collectivement à l’avenir. Aussi, comme les milléniaux ont davantage été affectés par la pandémie, il faut s’attendre à ce qu’ils deviennent encore davantage des acteurs de changement.

 

Sur les pages de ce blogue pour Les Affaires, j’aurai le plaisir de vous partager au cours des prochains mois mes réflexions sur le leadership des jeunes professionnels de ma génération, celui que nous voulons suivre et celui que nous acceptons de suivre et cela sous l’angle de l’authenticité et de la quête de sens. Jeunes professionnels mais aussi gestionnaires, n’hésitez pas à m’écrire, nous avons tout un nouveau monde du travail à construire ensemble!