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Dany Provost

Gros bon sens

Dany Provost

Expert(e) invité(e)

Ne boudez pas les fonds de travailleurs!

Dany Provost|Édition de la mi‑octobre 2021

Ne boudez pas les fonds de travailleurs!

(Photo: 123RF)

À VOS AFFAIRES. Je mentirais si je vous disais que le sujet des fonds de travailleurs n’éveille pas en moi une certaine émotion lorsque j’en fais la promotion. Malgré les analyses objectives favorables qu’on peut en faire, ces fonds sont encore boudés par bon nombre de conseillers financiers au Québec. Mais pourquoi, au juste ?

En fait, c’est toujours le même discours depuis toujours : « Ils ne sont pas rentables. » Ça, c’est la raison officielle. « Ils ne me paient pas de commission » pourrait être une bonne piste pour trouver la « vraie » raison.

Or, il y a également un problème dans la définition de cette rentabilité. Si on veut comparer des pommes avec des pommes, il faut ABSOLUMENT tenir compte du crédit d’impôt que ces fonds octroient. Ce crédit est maintenant de 30 % —  15 % au fédéral et 15 % au Québec  — pour les deux fonds québécois, le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction, le fonds de la CSN.

En considérant le crédit dans les calculs, il est évident qu’à rendement égal avec un autre fonds (régulier), tout le monde s’entendrait pour dire qu’ils sont plus « rentables » que ces derniers.

De plus, les fonds de la FTQ et de la CSN ont généré des rendements respectables de 20,3 % et de 22,7 % respectivement pour la période de 12 mois terminée le 31 mai. Qui ose affirmer qu’ils ne sont pas rentables, même sans considérer le crédit ? Avec Fondaction, qui a un mandat très « vert », ça promet.

Pour savoir dans quelle mesure il serait plus rentable d’investir dans ces fonds, il faudrait connaître l’avenir. On n’a donc d’autre choix que d’utiliser des hypothèses futures pour le rendement seulement. Pour ce qui est de la fiscalité, ce ne sont pas des hypothèses, ce sont des FAITS. On peut calculer avec certitude (à quelques cents près pour des raisons d’indexation annuelle des paramètres fiscaux) l’avantage fiscal des fonds de travailleurs.

 

Enrichissant

Le sacrifice net est un montant investi qui ne pourra être dépensé ailleurs, même en tenant compte des remboursements d’impôt.

Pour un même sacrifice net, on peut ainsi estimer la différence d’investissement initial (cotisation brute) entre un REER de fonds de travailleurs et un REER régulier.

Prenons l’exemple d’un sacrifice net de 1000 $. Une personne célibataire ayant un taux d’impôt marginal correspondant au grand palier d’imposition —  soit environ 37,12 %  — pourra donc investir 1590,27 $ dans un REER régulier. Avec un remboursement d’impôt de 590,27 $ sur cette cotisation, son sacrifice net sera donc de 1000 $. Si elle investissait plutôt dans un fonds de travailleurs, elle pourrait y déposer 3041,13 $, car, en plus de son remboursement d’impôt « normal » de 1128,79 $ (37,12 %), elle aurait un crédit additionnel de 912,34 $ (30 % depuis juin 2021), pour un remboursement total de 2041,13 $, portant son sacrifice net à 1000 $ également.

Autrement dit, le montant déposé dans le fonds de travailleurs serait deux fois plus élevé pour un même sacrifice net. Même avec un taux de rendement inférieur, le fonds de travailleurs aurait une longueur d’avance pendant de nombreuses années. En fait, avec un écart de rendement de 2 % par année en faveur du REER régulier (on pourrait en débattre, mais personnellement, je trouve ça très pessimiste), il faudrait plus de 35 ans pour que celui-ci rattrape le fonds de travailleurs.

Ça, c’est pour une personne célibataire. Le nombre de situations est évidemment innombrable.

Il est vrai qu’il y a certains inconvénients aux fonds de travailleurs, notamment en ce qui concerne la disponibilité des sommes. Cependant, une cotisation de 5000 $ dans ces fonds ne vous prive généralement que de 1500 $, au net, dans vos autres investissements. Pensez-y !