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Dominic Gagnon

Innovation entrepreneuriale

Dominic Gagnon

Expert(e) invité(e)

Ne devenez pas entrepreneur!

Dominic Gagnon|Publié le 12 mai 2022

Ne devenez pas entrepreneur!

L'entrepreneuriat ne mène pas toujours au bonheur, à la flexibilité, à la richesse et à la notoriété. (Photo: Christina pour Unsplash.com)

BLOGUE INVITÉ. Le titre de mon blogue vous a probablement interpellé. Surtout venant d’un entrepreneur lui-même? En fait, j’ai pensé à ce billet qui s’inspire d’une partie de ma conférence « La meilleure manière de prédire le futur, c’est de l’inventer » où je présente une statistique de la Harvard Business School qui affirme que plus de la moitié des entrepreneurs auraient des troubles mentaux. Ce n’est pas surprenant, il faut être complètement fou pour faire ce choix!

Je pense aussi, comme dans mon billet « la fin du vedettariat entrepreneurial SVP » nous devrions être plus transparent envers ce qu’est vraiment être entrepreneur plutôt que de tenter de rendre cela « sexy » pour les jeunes.

La semaine dernière, j’avais une discussion avec un ami, Simon, qui travaille dans une start-up technologique de Montréal depuis un peu plus de 8 ans. Il a débuté sa carrière dans l’entreprise en tant que coordonnateur aux ventes et il a depuis gravi les échelons jusqu’à devenir directeur des ventes.

Il gagne aujourd’hui plus de 140 000 $ par année, adore son équipe et l’entreprise pour lequel il travaille. Étant toutefois entouré de plusieurs amis entrepreneurs, ceux-ci s’amusent souvent à se moquer de lui mentionnant qu’il devrait se lancer et qu’il ne rêve pas suffisamment grand.

Pourtant, celui-ci à des nuits et des week-ends de congés alors qu’il regarde la plupart de ses amis passer la majeure partie de leur « temps libre » à travailler. Dans les dernières années, il a pu visiter plusieurs pays, profitant de ses 4 semaines de vacances, pendant que la majorité de ses amis entrepreneurs repoussent chaque année leurs vacances. Ah, et sans oublier que, quand il touche ses bonus, il gagne probablement plus que le salaire combiné de ceux-ci.

 

Qu’est-ce qui compte vraiment?

Non, je ne dis pas ici que le rêve de devenir entrepreneur n’est pas une bonne idée. Cela serait plutôt paradoxal sachant que j’ai moi-même choisi cette voie et que je considère que c’est le rôle le plus stimulant au monde! Les quelques entreprises que j’ai bâti mon permis d’avoir la chance de travailler avec une équipe de personnes incroyables, une équipe « d’employés » incroyables!

Cependant, je m’en voudrais de dire que le rêve de devenir « un employé » est une mauvaise idée et que tous devraient être des entrepreneurs. En toute franchise, je crois que je ne connais pas un seul entrepreneur qui n’a pas déjà blagué en disant qu’il aimerait vraiment aller « flipper des boulettes » dans un restaurant rapide durant un certain temps.

Qu’est-ce qui est le mieux?

  • Aider à bâtir une entreprise existante VS perdre le sommeil et devenir un entrepreneur insomniaque en vous rappelant tous les risques que vous avez pris?
  • Gagner un salaire élevé VS vous demander comment diable vous pourrez passer au crédit pour votre première hypothèque ou encore vous questionner pour savoir à partir de quand allez-vous pouvoir vous payer?
  • Avoir la chance de gravir un jour les échelons VS être dans un avenir totalement incertain?
  • Profiter de congés payés et d’autres avantages VS s’épuiser dans une culture qui célèbre malheureusement les 80 heures et l’épuisement.

Bon allez, juste à me lire, j’ai envie de postuler!

Pourtant, aujourd’hui, avec le vedettariat entrepreneur, le rôle d’employé semble avoir mauvaise réputation, c’est comme si ce n’était « pas cool » d’aspirer à travailler dans une entreprise versus en bâtir une.

L’histoire de Simon ci-dessus met en évidence certains des avantages dont bénéficient les employés dont la plupart des entrepreneurs ne bénéficient pas… jusqu’à ce qu’ils « réussissent » (et s’ils réussissent un jour). N’oublions pas qu’au Québec, à peine la moitié des entreprises survivent après leurs cinq premières années d’existence.

L’entrepreneuriat ne mène pas toujours au bonheur, à la flexibilité, à la richesse et à la notoriété.

Toutefois, c’est souvent l’image médiatique des entrepreneurs. On nous présente la plupart du temps des entrepreneurs libre, confiant, riche et connu.

Trop de gens se lancent dans l’entrepreneuriat en se disant « je serais heureux quand…». Ceux-ci fantasment sur leur vie une fois qu’ils vivront la vie d’entrepreneur… mais une fois qu’ils la vivent réellement, ils découvrent que la réalité est bien différente.

Cela se résume souvent en :

Je serai heureux quand… Je créerai une entreprise.

Je serai heureux quand… Je gagnerai 100 000 $ par an grâce à mon entreprise.

Je serai heureux quand… je vendrai mon entreprise et deviendrai millionnaire.

Je serai heureux quand…

En psychologie, ce concept est un biais cognitif où les gens mettent trop l’accent sur un événement futur et, par conséquent, prédisent de manière inexacte la réalité de l’événement.

Bref, d’après mon expérience personnelle, je ne pense pas que c’est l’entrepreneur qui rendra ses gens « heureux ».

Est-ce que ma vie est plus flexible? Clairement pas! Si, en tant qu’entrepreneur, vous travaillez 40 heures par semaine et que vous « vous inquiétez » 40 heures supplémentaires en dehors du travail… votre vie est-elle vraiment flexible ?

Est-ce que je suis « plus riche »? Sur papier, probablement! La réalité est que je ne suis pas du tout le plus gros salarié de Connect&GO et que je fais aujourd’hui au moins 40% de moins que si j’étais dans une position de leadership dans une autre organisation.

 

La réalité n’est pas rose

Quelles que soient les histoires de Cendrillon que vous entendez dans les médias, la réalité de l’échec entrepreneurial est tout sauf un conte de fées. Il n’y a rien de poétique à s’endetter de dizaines de milliers de dollars parce que votre rêve n’a pas décollé. En ce qui concerne l’entrepreneuriat, je dirais que la richesse n’est pas quelque chose à laquelle on devrait s’attendre… Je dirais que c’est une rare exception.

Donc, quand on regarde vraiment la flexibilité, la richesse et la notoriété… on se rend compte que l’entrepreneuriat n’est pas nécessairement la meilleure voie à suivre pour y parvenir.

L’entrepreneuriat n’est pas pour tout le monde. Ce n’est pas parce que c’est cool ou que vous êtes né pour devenir entrepreneur que vos amis doivent le devenir.

Si vous souhaitez plus de flexibilité, vous pouvez tout aussi bien travailler pour une entreprise à distance. Si vous recherchez la richesse, autant gagner de l’argent en travaillant dans l’immobilier, les ventes ou le milieu financier.

Bien qu’il n’y ait rien de mal à ces choses, elles ne peuvent pas nécessairement être trouvées par l’entrepreneuriat… ou du moins ce n’est pas la voie la plus simple pour les trouver.

Avant de faire le choix de devenir entrepreneur (ou employé d’ailleurs), on devrait se demander ce qui va vraiment nous rendre heureux et être extrêmement réaliste avec soi-même et ne pas céder au fantasme que donne l’image de l’entrepreneur.