Objectif Nord : un projet d’aciérie de 800 M$ à Baie-Comeau
Événements Les Affaires|Publié le 01 février 2019La Baie Comeau Minerals Partnership (BCMP) ne compte pas seulement établir une nouvelle aciérie sur la Côte-Nord. L’entreprise veut révolutionner le concept de la production et de la transformation minière au sein de la région. Le président-directeur général de la BCMP, Enrico Di Cesare, viendra justement partager les grandes lignes de ce projet évalué à plus de 800 M$ lors de la 15e conférence Objectif Nord, présentée par les Événements Les Affaires, le 9 avril prochain, à Québec.
Qu’est-ce que ce projet ?
Enrico Di Cesare : D’abord, notre projet prévoit de produire un million de tonnes d’acier ou plus. Il prévoit également consommer les rejets de fer de la mine, soit plus de 300 000 tonnes d’ilménite pendant au moins 20 ans. Élaboré en partenariat avec la société chinoise Beijing Shoughang International Engineering Technology Company (BSIET), ce projet sera basé sur un procédé générant 20 à 30 % moins de dioxyde de carbone que la concurrence. Notre projet d’aciérie devrait se traduire par plus de 250 emplois directs, et beaucoup plus d’emplois indirects. Quant à la mine, elle devrait générer plus d’une centaine d’emplois.
Vous dites que cette mine présente des particularités. Quelles sont-elles ?
E. Di C. : Le gisement est complètement recristallisé. Ce qui permet de séparer les cristaux d’ilménite et d’oxyde de fer. On y retrouve également du phosphate en forme pure d’apatite. L’ilménite sert à produire le pigment de TiO2 pour la fabrication de peinture, du plastique non transparent. L’apatite sert, pour sa part, à produire des fertilisants que nous aimerons transformer localement éventuellement.
En quoi votre projet sera-t-il différent des autres ?
E. Di C. : Au Québec, nous avons développé une forte culture basée sur l’extraction du minerai. Or, rarement ces mines encouragent la transformation du minerai sur place. Tout est transporté ailleurs. Grâce à notre projet Nathalie, qui prévoit exploiter un gisement de fer et d’ilménite situé à 50 km au nord-est de Baie-Comeau, nous souhaitons non seulement établir notre aciérie dans le parc industriel de Baie-Comeau, nous voulons que notre usine serve d’étincelle à des projets d’usines de transformation dans les environs. L’objectif ultime est de créer une industrie synergiste.
Que voulez-vous dire ?
E. Di C. : Nous souhaitons que nos matières résiduelles servent de ressources pour d’autres entreprises voisines ainsi qu’à la population. La technologie d’aujourd’hui peut contribuer à réduire les matières résiduelles des mines. On pourra, par exemple, réutiliser le surplus de gaz pour les industries des environs, créer de l’électricité pour nos besoins et la communauté. Les scories de l’aciérie seront utilisées pour réduire le CO2 des cimenteries.
Est-ce que le projet est bien avancé ?
E. Di C. : Nous avons une entente de principe pour le financement de plus de 70% des coûts du projet de 800M$. Les études de faisabilité devraient être complétées d’ici la fin de l’année 2019. Et si tout se présente bien les travaux de construction devraient commencer au début de l’année prochaine.
Enfin, pourquoi avoir choisi Baie-Comeau comme location ?
E. Di C : Nous avons analysé près d’une dizaine de locations dans le nord-est du Canada. La ville de Baie-Comeau avait, de très grands terrains près d’un port aux eaux profondes accessible à l’année. Il y a aussi des gisements à proximité dont la teneur en fer serait normalement rejetée. Et surtout, il y a une belle opportunité de créer une synergie entre les autres entreprises des environs.