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Offrir une cure de jouvence aux écoles québécoises

Emilie Laperrière|Édition de la mi‑octobre 2021

Offrir une cure de jouvence aux écoles québécoises

Les outils d'IA générative aideront les enseignants à la notation et à créer des supports pour les cours. (Photo: NeONBRAND pour Unsplash)

ARCHITECTURE. La majorité des écoles primaires et secondaires du Québec ont bien besoin d’une cure de rajeunissement. Pour guider les architectes dans les rénovations, un groupe de chercheurs de l’Université Laval a mis sur pied la plateforme Schola. 

Le parc immobilier scolaire a pris des rides. « Près de 75 % des quelque 3000 écoles de la province ont été inaugurées avant même la création du ministère de l’Éducation en 1964. Les écoles ont aujourd’hui plus que 50 ans, ce qu’on appelle un premier cycle de vie en architecture. C’est le temps de les rénover », résume la professeure titulaire à l’École d’architecture de l’Université Laval et directrice de Schola, Carole Després. 

Pour cette dernière, il n’est absolument pas question de miser sur le neuf. « J’essaie d’enseigner aux futures générations d’architectes à rénover plutôt que de construire. C’est une question de développement durable, explique-t-elle. On est aussi une société vieillissante au Québec ; notre contexte sociodémographique se prête beaucoup plus à la rénovation. »

Bientôt, concepteurs et décideurs pourront justement se tourner vers une nouvelle plateforme web d’expertise en architecture scolaire. Véritable mine d’informations, Schola dressera d’ici 2023 l’état des lieux dans toute la province et rassemblera des outils de diagnostic et des recommandations pour une transformation d’école réussie. Le ministère de l’Éducation espère que Schola « permettra d’identifier les meilleures pratiques en architecture et en design, et ce, dans une perspective de développement durable ».

Ainsi, le ministère a accordé au projet une aide financière de 2,54 millions de dollars sur cinq ans pour se pencher sur la rénovation des écoles québécoises. L’équipe de chercheurs ne risque donc pas de marcher sur les plates-bandes du Lab-École, l’organisme sans but lucratif qui se consacre plutôt à la construction de nouveaux établissements scolaires.

 

Un exercice de réorganisation 

Le Québec compte environ 2300 écoles primaires. Pour combattre l’« obsolescence fonctionnelle » des écoles actuelles, il faudra les réorganiser. « Il faut s’assurer que l’environnement répond aux besoins des occupants en mettant à jour les fonctions du bâtiment », précise Carole Després.

Une école typique des années 1950 comprend un corridor central avec des classes des deux côtés et un demi-sous-sol qui accueille les vestiaires. « Le service de garde se retrouve dans un local résiduel parce que les mères étaient à la maison à l’époque, souligne Carole Després. Même chose pour la maternelle, l’éducation physique, bref, tout ce que la Révolution tranquille a amené. On a mis ces fonctions-là où on pouvait. » 

Cette adaptation au fil du temps a entraîné son lot d’erreurs. « Les enfants passent aujourd’hui presque autant de temps au service de garde qu’à l’école. Pourtant, les locaux sont souvent mal ventilés, sans accès facile à l’extérieur », se désole la professeure. L’équipe de Schola, qui se compose d’une trentaine de chercheurs en architecture, en sciences de l’éducation et en design, suggère de rebrasser les cartes en installant ce local près de l’entrée, dans un espace bien éclairé et à proximité des casiers. 

Carole Després et ses collègues misent sur des changements simples, mais efficaces. Ils recommandent entre autres de regrouper les élèves de première année dans un secteur et les plus vieux dans un autre ou d’opter pour du mobilier adapté à la taille des enfants. « Les corridors qui abritent les vestiaires, où les manteaux et les bottes dégouttent en hiver, sont très humides, note la directrice. Pourquoi ne pourrait-on pas laisser nos bottes dans l’entrée, comme en Suède, et se réapproprier le corridor pour donner un espace de rangement aux enseignants? »

Ces rafraîchissements s’appliquent particulièrement bien aux petites écoles situées en région, qui voient leur nombre d’élèves diminuer. Pour celles dont la fréquentation augmente, une optimisation, voire un agrandissement des lieux, sera nécessaire. 

 

Optimiser l’espace

Dans les quelque 500 écoles secondaires, la situation est différente. « Il y en a 50 % qui ont été construites selon le modèle de la polyvalente. Leur particularité, c’est qu’elles occupent une très petite partie du terrain scolaire. Il y a un grand espace vert autour, souvent sans arbres », décrit Carole Després. Il est donc possible de réfléchir à un agrandissement du bâtiment, mais aussi à « créer des aires de jeux municipales, des potagers… Il y a même de la place pour une nouvelle école ou une garderie si besoin est », avance-t-elle. 

La directrice de Schola, qui rassemble actuellement le contenu sur les écoles secondaires après avoir travaillé deux ans sur les écoles primaires, trouve incroyable que l’aspect des salles de classe n’ait pas changé depuis 50 ans. « Pourtant, on travaille de plus en plus en mode collaboratif, note-t-elle. On pourrait opter pour du mobilier adaptable et aménager des espaces de discussion informels dans le corridor. La bibliothèque pourrait également devenir un centre de travail collectif, comme au Portugal. » La cafétéria, elle, mériterait d’être repensée pour y réduire le bruit. La grande salle pourrait aussi être morcelée pour offrir aux jeunes différents espaces.

Augmentation de la fréquentation du service de garde, nouvelles pédagogies et essor de l’utilisation des technologies : autant de défis auxquels l’équipe de Schola entend réfléchir afin d’aider les architectes à soutenir la réussite éducative des enfants du Québec en améliorant leurs lieux d’apprentissage. 

 

La majorité des écoles primaires et secondaires du Québec ont bien besoin d’une cure de rajeunissement. Pour guider les architectes dans les rénovations, un groupe de chercheurs de l’Université Laval a mis sur pied la plateforme Schola. 
Le parc immobilier scolaire a pris des rides. « Près de 75 % des quelque 3000 écoles de la province ont été inaugurées avant même la création du ministère de l’Éducation en 1964. Les écoles ont aujourd’hui plus que 50 ans, ce qu’on appelle un premier cycle de vie en architecture. C’est le temps de les rénover », résume la professeure titulaire à l’École d’architecture de l’Université Laval et directrice de Schola, Carole Després. 
Pour cette dernière, il n’est absolument pas question de miser sur le neuf. « J’essaie d’enseigner aux futures générations d’architectes à rénover plutôt que de construire. C’est une question de développement durable, explique-t-elle. On est aussi une société vieillissante au Québec ; notre contexte sociodémographique se prête beaucoup plus à la rénovation. »
Bientôt, concepteurs et décideurs pourront justement se tourner vers une nouvelle plateforme web d’expertise en architecture scolaire. Véritable mine d’informations, Schola dressera d’ici 2023 l’état des lieux dans toute la province et rassemblera des outils de diagnostic et des recommandations pour une transformation d’école réussie. Le ministère de l’Éducation espère que Schola « permettra d’identifier les meilleures pratiques en architecture et en design, et ce, dans une perspective de développement durable ».
Ainsi, le ministère a accordé au projet une aide financière de 2,54 millions de dollars sur cinq ans pour se pencher sur la rénovation des écoles québécoises. L’équipe de chercheurs ne risque donc pas de marcher sur les plates-bandes du Lab-École, l’organisme sans but lucratif qui se consacre plutôt à la construction de nouveaux établissements scolaires.
Un exercice de réorganisation 
Le Québec compte environ 2300 écoles primaires. Pour combattre l’« obsolescence fonctionnelle » des écoles actuelles, il faudra les réorganiser. « Il faut s’assurer que l’environnement répond aux besoins des occupants en mettant à jour les fonctions du bâtiment », précise Carole Després.
Une école typique des années 1950 comprend un corridor central avec des classes des deux côtés et un demi-sous-sol qui accueille les vestiaires. « Le service de garde se retrouve dans un local résiduel parce que les mères étaient à la maison à l’époque, souligne Carole Després. Même chose pour la maternelle, l’éducation physique, bref, tout ce que la Révolution tranquille a amené. On a mis ces fonctions-là où on pouvait. » 
Cette adaptation au fil du temps a entraîné son lot d’erreurs. « Les enfants passent aujourd’hui presque autant de temps au service de garde qu’à l’école. Pourtant, les locaux sont souvent mal ventilés, sans accès facile à l’extérieur », se désole la professeure. L’équipe de Schola, qui se compose d’une trentaine de chercheurs en architecture, en sciences de l’éducation et en design, suggère de rebrasser les cartes en installant ce local près de l’entrée, dans un espace bien éclairé et à proximité des casiers. 
Carole Després et ses collègues misent sur des changements simples, mais efficaces. Ils recommandent entre autres de regrouper les élèves de première année dans un secteur et les plus vieux dans un autre ou d’opter pour du mobilier adapté à la taille des enfants. « Les corridors qui abritent les vestiaires, où les manteaux et les bottes dégouttent en hiver, sont très humides, note la directrice. Pourquoi ne pourrait-on pas laisser nos bottes dans l’entrée, comme en Suède, et se réapproprier le corridor pour donner un espace de rangement aux enseignants? »
Ces rafraîchissements s’appliquent particulièrement bien aux petites écoles situées en région, qui voient leur nombre d’élèves diminuer. Pour celles dont la fréquentation augmente, une optimisation, voire un agrandissement des lieux, sera nécessaire. 
Optimiser l’espace
Dans les quelque 500 écoles secondaires, la situation est différente. « Il y en a 50 % qui ont été construites selon le modèle de la polyvalente. Leur particularité, c’est qu’elles occupent une très petite partie du terrain scolaire. Il y a un grand espace vert autour, souvent sans arbres », décrit Carole Després. Il est donc possible de réfléchir à un agrandissement du bâtiment, mais aussi à « créer des aires de jeux municipales, des potagers… Il y a même de la place pour une nouvelle école ou une garderie si besoin est », avance-t-elle. 
La directrice de Schola, qui rassemble actuellement le contenu sur les écoles secondaires après avoir travaillé deux ans sur les écoles primaires, trouve incroyable que l’aspect des salles de classe n’ait pas changé depuis 50 ans. « Pourtant, on travaille de plus en plus en mode collaboratif, note-t-elle. On pourrait opter pour du mobilier adaptable et aménager des espaces de discussion informels dans le corridor. La bibliothèque pourrait également devenir un centre de travail collectif, comme au Portugal. » La cafétéria, elle, mériterait d’être repensée pour y réduire le bruit. La grande salle pourrait aussi être morcelée pour offrir aux jeunes différents espaces.
Augmentation de la fréquentation du service de garde, nouvelles pédagogies et essor de l’utilisation des technologies : autant de défis auxquels l’équipe de Schola entend réfléchir afin d’aider les architectes à soutenir la réussite éducative des enfants du Québec en améliorant leurs lieux d’apprentissage.