Des tests effectués sur environ 9 000 échantillons de sang provenant de dons de partout au Canada montrent que les anticorps dans le sang qui combattent le virus ont diminué au cours du mois d’octobre. (Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — Selon des tests effectués sur des dons de sang, l’immunité contre la COVID-19 parmi les adultes canadiens vaccinés et ceux qui ont déjà contracté le virus a diminué dans toute la population.
Les tests effectués sur environ 9 000 échantillons de sang provenant de dons de partout au Canada montrent que les anticorps dans le sang qui combattent le virus ont diminué au cours du mois d’octobre dans tous les groupes d’âge, et les experts estiment que cette baisse d’immunité s’est probablement poursuivie en novembre et décembre.
Mais le chef du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19, qui conseille le gouvernement, affirme que le variant Omicron, hautement contagieux, pourrait procurer un «dividende immunitaire» offrant une nouvelle protection contre les infections futures.
Les scientifiques du groupe de travail analysent actuellement l’étendue de l’immunité offerte par Omicron, ainsi que la «mémoire de la protection immunitaire» dans les cellules, qui peut être activée lors de futures infections de COVID-19.
Avec les études du groupe de travail sur les niveaux d’immunité alimentant la politique gouvernementale en matière de rappels du vaccin, les résultats sont susceptibles d’influencer le moment et le nombre de doses que la population pourrait recevoir à l’avenir.
Le Dr Tim Evans, directeur exécutif du groupe de travail, qui conseille le gouvernement sur sa réponse à la pandémie, a déclaré dans une entrevue que l’étude de l’immunité grâce au variant Omicron était désormais une priorité.
«De larges pans de la population sont désormais infectés par Omicron et c’est donc l’une des priorités du groupe de travail, à comprendre quel est le bénéfice immunitaire de l’infection par Omicron», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.
«S’il est fort et durable en termes de mémoire immunitaire, cela pourrait avoir un impact sur la façon dont nous envisageons la nécessité et le moment des rappels», a précisé M. Evans.
Il a également affirmé qu’Omicron est maintenant si répandu que «nos systèmes de test ne peuvent pas suivre le rythme.»
La Société canadienne du sang teste chaque mois la présence d’anticorps qui combattent la COVID-19 dans les échantillons de sang des donneurs âgés de plus de 17 ans. Elle a détecté une forte augmentation de l’immunité l’été dernier, après que les Canadiens avaient reçu leur deuxième injection du vaccin. Mais en septembre, elle a remarqué que les anticorps capables de combattre le virus diminuaient chez les personnes âgées de plus de 70 ans.
Un rapport de la Société canadienne du sang, terminé cette semaine et analysant le sang donné en octobre, montre que l’immunité avait diminué chez tous les donneurs, des jeunes de 17 ans aux retraités.
Sheila O’Brien, directrice associée de l’épidémiologie et de la surveillance à la Société canadienne du sang, a déclaré que l’organisme était «particulièrement bien placé pour fournir des informations sur la présence d’anticorps contre la COVID-19 chez un grand nombre de personnes dans tout le Canada, et ce assez rapidement».
Elle a précisé que les anticorps capables de combattre le virus étaient nettement plus élevés chez les personnes vaccinées que chez les personnes non vaccinées.
«Environ deux semaines après la vaccination, les niveaux d’anticorps atteignent un pic, puis diminuent progressivement», a-t-elle ajouté.
Le Dr Evans a prédit que la baisse de l’immunité, mesurée dans le sang, continuerait à se manifester dans les données de novembre et décembre. Mais il a ajouté que le groupe de travail étudierait si l’immunité a été renforcée par le nombre croissant de personnes ayant contracté le variant Omicron.
Les conclusions du groupe de travail sur l’affaiblissement de l’immunité ont incité le gouvernement à proposer des rappels de vaccin aux groupes vulnérables, tels que les patients ayant subi une transplantation d’organe dont l’immunité est plus faible et les personnes âgées.
Le Dr Bruce Mazer, immunologiste et directeur scientifique associé du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19, a déclaré que même si les niveaux d’anticorps dans le sang diminuent, le système immunitaire de l’organisme a une mémoire cellulaire d’un virus et peut se mobiliser pour le combattre. Il a ajouté que les personnes qui ont été vaccinées, qui ont eu le virus, ou les deux, génèrent une immunité cellulaire.
«D’autres parties du système immunitaire sont en attente et agissent comme des sentinelles», a-t-il dit. «Vous avez la mémoire des lymphocytes T qui aide à combattre le virus et la mémoire des lymphocytes B qui aide à fabriquer de nouveaux groupes d’anticorps».
Le professeur de l’université McGill a précisé que le groupe de travail étudie actuellement cette réponse immunitaire de secours, ainsi que la réponse immunitaire au variant Omicron qui, selon lui, comporte 50 mutations, par rapport au virus COVID-19 original.