Où trouver du financement pour les entreprises autochtones?
Manon Jeannotte|Publié le 19 Décembre 2022Le totem de la réconciliation et de la paix du parc provincial Algonquin en Ontario. (Photo: Ali Kazal pour Unsplash.com)
BLOGUE INVITÉ. Lors de notre article du mois de novembre, nous avons eu l’occasion de démystifier la notion d’insaisissabilité des entreprises chez les Premières Nations en intégrant les trois principaux facteurs que sont la structure juridique de l’entreprise, la nature du bien (mobilier ou immobilier) ainsi que l’endroit où se situe le bien (sur « réserve » ou non).
Aujourd’hui, les différentes solutions et ressources disponibles pour les entrepreneurs autochtones sont abordées. L’une des difficultés rencontrées par les entreprises autochtones est la disponibilité plus restreinte de capitaux propres (c.-à-d. mise de fonds ou des garanties) qui sont souvent nécessaires pour le démarrage d’entreprises ou la subsistance d’entreprises en difficulté. Ainsi, les entrepreneurs ou même les conseils de bande et leurs banquiers doivent faire preuve d’ingéniosité afin d’obtenir le financement nécessaire au démarrage ou à la croissance d’une entreprise.
J’aimerais attirer votre attention sur le fait que les gouvernements des Premières Nations, qui ont la structure nécessaire en place, possèdent également des entreprises et font face à la même réalité que les particuliers. Je reviendrai sur le sujet dans un prochain article.
Par où commencer ?
La meilleure porte d’entrée pour les entrepreneurs autochtones est très certainement de prendre contact avec les organismes du milieu. En effet, les sociétés de financement autochtones ou bien la Commission de développement économique des Premières Nations du Québec (CDEPNQL) offrent une panoplie de services d’accompagnement à différents niveaux et peuvent les accompagner ou les orienter vers les bonnes ressources.
Les Sociétés de financement autochtones, telles que la Corporation de développement économique montagnaise (CDEM), la Société de crédit commercial autochtone (SOCCA) et Investissement Premières Nations du Québec (IPNQ) peuvent également fournir des solutions de financement avec des conditions nécessitant un seuil minimal de capitaux propres, selon le profil financier de l’entrepreneur. Ces organisations travaillent également en partenariat avec les institutions financières traditionnelles afin de partager le risque et d’optimiser la structure de financement, lorsque de telles modalités se révèlent nécessaires. Elles peuvent généralement financer l’ensemble des biens d’une entreprise que ceux-ci soient mobiliers ou immobiliers et situés sur une réserve ou non.
Les partenaires financiers traditionnels
D’autre part, il ne faut pas oublier que les entrepreneurs autochtones ont aussi accès aux institutions financières traditionnelles. Bien loin de nous l’idée de citer des noms, mais force est de constater que certaines institutions sont plus créatives que d’autres et ont, par exemple, embauché des banquiers commerciaux spécialisés dans le marché autochtone qui sont donc habilités à proposer des structures de crédit et de garanties plus complexes.
De plus, Exportation et développement Canada (EDC), la Banque de développement du Canada (BDC) et Investissement Québec (IQ) proposent des programmes afin de soutenir les entrepreneurs autochtones dans leurs démarches d’autonomie économique et de croissance. Il peut s’agir d’outils financiers permettant notamment de garantir, en tout ou en partie, un financement auprès d’une institution financière traditionnelle. Il peut aussi s’agir tout simplement d’un financement ayant des caractéristiques qui offrent davantage de latitude à l’emprunteur.
Évidemment, ces institutions devront prendre en considération les notions liées à l’insaisissabilité que nous avons détaillées dans le précédent article.
L’importance de bien s’entourer
Dans tous les cas, les entrepreneurs doivent consulter des professionnels spécialisés aux réalités de leur milieu. C’est particulièrement le cas pour un entrepreneur autochtone, puisque l’accès aux bonnes ressources et à l’accompagnement pourrait avoir une forte valeur ajoutée pour son entreprise et ainsi maximiser les retombées socioéconomiques découlant de celle-ci. À cet égard, ne commettons pas l’erreur de sous-estimer la force du réseau autochtone. Il est bien présent et il croît à vue d’œil. L’avenir est florissant et parions que les « success stories » seront nombreuses au cours des prochaines décennies.
En terminant, si cet article permet de n’aiguiller qu’un seul entrepreneur autochtone, il aura été utile. Et rappelons-nous une règle bien simple : les institutions financières établissent le coût de financement en fonction du profil de risque associé à un projet, qu’il s’agisse d’une entreprise autochtone ou allochtone.
– Écrit vec la collaboration de Ian Picard et Jean Vincent
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Comme ce blogue se nomme Perspective Autochtone, je veux m’assurer que nous ayons tous la même définition du mot « autochtone ». Au Canada, les peuples autochtones comprennent les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Dans mon texte, je fais parfois référence aux Autochtones et parfois aux Premières Nations.