Oubliez Trump: c’est Obama qui a relancé l’emploi manufacturier
François Normand|Publié le 30 septembre 2020Lors du premier débat présidentiel mardi, le président Trump a de nouveau vanté la performance de l’économie américaine depuis qu’il dirige le pays. (source: Getty Images)
Les statistiques sont sans appel: on assiste à une renaissance du secteur manufacturier aux États-Unis depuis quelques années. Par contre, ce n’est pas le président Donald Trump qui est à l’origine de ce phénomène, mais plutôt son prédécesseur Barack Obama, montrent les données du U.S. Bureau of Labor Statistics.
Encore ce mardi soir lors du premier débat présidentiel pour le moins houleux, le président a de nouveau vanté la performance de l’économie américaine depuis qu’il dirige le pays, notamment au chapitre des emplois manufacturiers.
Donald Trump a raison: on note effectivement une amélioration dans ce secteur.
Ainsi, de janvier 2017 à février 2020 (juste avant la perturbation de l’économie américaine en raison la pandémie de la Covid-19, en mars ), le nombre d’emplois manufacturiers a augmenté en moyenne de 1,3% par année pour atteindre 12 852 000.
Par contre, c’est à partir de l’été 2010 —alors que l’administration Obama était au pouvoir— que l’on commence à assister à la renaissance de ce secteur, comme on peut le constater sur ce graphique de la Réserve fédérale de Saint-Louis.
Le secteur a connu un long déclin pour dégringoler à un plancher de 11 453 000 postes, en février-mars 2010. (source: Réserve fédérale de Saint-Louis)
Ainsi, après le sommet historique de 19 553 000 emplois atteint en juin 1979, le secteur a connu un long déclin durant les décennies suivantes pour dégringoler à un plancher de 11 453 000 postes, en février-mars 2010, soit le niveau le plus faible depuis mars 1941.
Pour mesurer l’ampleur de l’impact de la pandémie de la Covid-19, le nombre d’emplois manufacturiers a chuté à 11 489 000 en avril dernier, alors que des pans entiers de l’économie étaient en pause forcée.
Bien entendu, la renaissance du secteur manufacturier à compter de l’été 2010 tient en grande partie à la reprise économique dans la foulée de la grande récession (de décembre 2007 à juin 2009) aux États-Unis et dans le monde.
Il y a donc un certain effet de rattrapage dans la création d’emplois dans les entreprises manufacturières.
Renforcement du Buy American et du Buy America
Cela dit, les politiques de l’administration Obama pour accroître les achats locaux ont aussi pesé dans la balance. Sous sa présidence, le gouvernement fédéral a renforcé les clauses dites du Buy American (les achats de biens destinés à l’usage public dont la valeur est supérieure au seuil des micro-achats) et du Buy America (les achats afférents aux transports publics évalués à plus de 100 000 $US).
Car, dans bien des cas, ces politiques ont incité des entreprises étrangères —incluant des canadiennes— à accroître leur production aux États-Unis ou carrément à y ouvrir une nouvelle usine afin de fabriquer sur le marché américain.
Pour sa part, l’administration Trump a accentué la pression et a contribué ainsi à nourrir cette tendance, en sommant des entreprises étrangères et américaines à produire davantage aux États-Unis.
La renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) —devenu l’Accord Canada–États-Unis-Mexique, avec des seuils accrus de contenus américains dans les produits vendus dans le pays— a aussi contribué à créer davantage d’emplois manufacturiers au sud de la frontière, sans parler de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.