L’activité économique est notamment portée par la vigueur de l’emploi et des salaires. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. On ne parle pas d’une croissance avoisinant les 3%, voire 2%, comme dans les bonnes années. Mais dans le contexte actuel d’inflation élevée et de grandes incertitudes qui pèsent sur la confiance des consommateurs et des entreprises, force est de constater que les économies québécoise et canadienne font encore preuve de résilience et restent vigoureuses, relativement parlant.
La croissance mensuelle du PIB réel canadien aurait atteint 0,3% en janvier, après un déclin de 0,4% en décembre. La stratégie de la Banque du Canada qui, par l’annonce de hausses successives des taux depuis un an souhaitait ainsi réduire l’inflation et ralentir l’économie sans pour autant la plonger dans une sévère récession, porte donc ses fruits.
L’inflation continue en effet de diminuer, avec un taux de 5,9% en janvier, et ralenti même plus rapidement qu’anticipé. La variation de l’indice des prix à la consommation sur trois mois est même bien moindre, à 2,4%, et se situe donc dans la fourchette de maîtrise de l’inflation variant de 1% à 3%. De plus, les mesures de l’inflation fondamentale, qui sont d’ailleurs privilégiées par la Banque du Canada puisqu’elles sont jugées moins volatiles, ont également perdu de la vitesse ces derniers mois.
Les pressions inflationnistes diminuent d’autant qu’elles étaient aussi attribuables à des facteurs externes qui se sont en grande partie résorbés ces derniers mois. Les prix des matières premières, accentués par la guerre en Ukraine, sont en effet revenus à des niveaux observés avant le début du conflit. Les problèmes d’approvisionnement sont aussi, dans l’ensemble, choses du passé.
Vigueur de l’emploi
L’activité économique est notamment portée par la vigueur de l’emploi et des salaires. Malgré une perte de 15 000 emplois en février dernier, le Québec a enregistré une croissance de 84 000 emplois depuis mars 2022, soit après que la Banque du Canada ait augmenté son taux directeur à huit reprises depuis, et son taux de chômage restait faible à 4,1%. Des secteurs comme ceux du commerce de détail ou de la construction ont certes enregistré des pertes d’emploi, mais d’autres industries ont compensé ce recul.
Les ménages se sont ainsi remis à dépenser au cours des trois derniers mois de 2022. Après le recul enregistré pendant l’été, la consommation avait depuis repris au rythme annualisé de 2,0%. Les dépenses en services, plus particulièrement, auront contribué à soutenir l’économie, mais il faut s’attendre à ce que les ménages dépensent moins pour l’achat de biens et de services dans les prochains mois.
Les entreprises mettront aussi la pédale douce. Même si elles ont profité du regain des dépenses de consommation, leurs investissements ont toutefois ralenti au dernier trimestre. De plus, leurs intentions d’investissement en machinerie, équipement, bâtiments commerciaux et pour des dépenses intangibles comme des logiciels, le marketing ou la recherche et développement, se sont aussi atténuées. De plus, une majorité (61%) d’entre elles affirment même ne pas avoir confiance de les réaliser au cours des prochains mois.
Il ne faut pas pour autant s’attendre à des licenciements massifs, comme ceux annoncés aux États-Unis particulièrement dans les secteurs technologiques, ni à des faillites d’envergure comme celle de la Silicon Valley Bank.
Voilà autant de facteurs qui expliquent pourquoi les économies québécoise et canadienne se portent relativement bien et maintiennent le cap, en route vers une faible croissance qui devrait avoisiner les 0,5% en 2023, et un atterrissage en douceur.