(Photo: 123RF)
À VOS AFFAIRES. On le dit depuis des années : les taux d’intérêt vont augmenter un jour. Un jour, oui, mais ce n’est pas demain la veille. Dans ce contexte, vaut-il mieux rembourser ses dettes ou investir ?
En fait, la réponse dépend de la différence entre le taux d’intérêt du prêt et le rendement net (après impôts) de l’investissement ainsi que de la fiscalité au moment des retraits (souvent à la retraite). D’autres facteurs viennent affecter de façon marginale le résultat.
À taux d’impôt égal, si le taux d’intérêt sur une dette est supérieur au taux de rendement net d’un placement, on a avantage à accélérer le remboursement de cette dette. Dans le cas contraire, un investissement nous enrichira davantage qu’un remboursement accéléré. Dans le cas où les deux taux seraient parfaitement égaux, peu importe le choix effectué, les résultats seront les mêmes.
Pour les produits d’épargne, on n’a théoriquement accès qu’à des taux d’intérêt inférieurs à ceux qui sont exigés lorsqu’on emprunte. Comme les dépôts garantis sont les seuls placements dont on connaît le rendement avec certitude, on ne peut pas être certain qu’on s’enrichira en favorisant l’investissement au détriment du remboursement d’une dette. Dans un contexte où la fiscalité n’a pas d’impact, par exemple dans le cas d’une cotisation à un CELI, on doit donc se fier aux statistiques pour prendre une décision…
Dans le cas d’une cotisation à un REER, les conséquences peuvent être importantes simplement à cause de la fiscalité. À la limite, on peut être perdant sur le rendement, mais gagnant en fin de compte si le taux d’impôt qui sera appliqué au retrait des sommes investies dans le REER est inférieur à celui de la déduction.
Pour donner une idée de l’importance de ces variables, prenons un exemple. Supposons que vous ayez une marge de manoeuvre budgétaire de 5000 $ net (après impôt) que vous désirez utiliser à chacune des cinq prochaines années pour soit investir dans un REER ou un CELI ou encore rembourser votre prêt hypothécaire que vous auriez eu la chance de renouveler à 2 % d’intérêt.
Le tableau ci-dessous montre la différence de richesse nette que vous auriez accumulée dans cinq ans en optant pour l’une ou l’autre des options, selon votre taux marginal d’imposition (au moment où vous cotisez et au moment où vous retirez l’argent de votre compte) et le taux de rendement de votre investissement. La somme cotisée au REER sera plus importante que celle investie dans un CELI ou consacrée au remboursement de la dette. Par exemple, une personne dont le taux marginal d’imposition est de 40 % pourra cotiser jusqu’à 8 333 $ dans son REER, ce qui équivaudra à une cotisation nette de 5 000 $ après le remboursement d’impôt. La somme investie est différente, mais l’effort budgétaire reste le même.
À noter que l’hypothèse de 30 % c. 50 % est réaliste pour les personnes qui bénéficieront du Supplément de revenu garanti (SRG) à la retraite. Dans ce cas, ou bien on rembourse le prêt, ou bien on investit dans un CELI, mais on n’investit surtout pas dans un REER, car on s’appauvrit.
On voit donc que la fiscalité, sur une période de cinq ans dans notre exemple, peut jouer un rôle plus important que le rendement. Pour de l’épargne non enregistrée, les calculs sont plus complexes, mais il faut savoir que les résultats sont toujours défavorables par rapport à ceux du CELI.