L’opposition officielle libérale a plaidé pour revoir à la hausse l’admission de nouveaux arrivants. (Photo: Jacques Boissinot pour La Presse Canadienne)
Il est temps d’envisager la hausse des seuils d’immigration au Québec pour résorber la pénurie de main-d’œuvre, selon le Parti libéral du Québec (PLQ).
Au lendemain du dépôt du budget du ministre Eric Girard, l’opposition officielle libérale a plaidé vendredi pour revoir à la hausse l’admission de nouveaux arrivants.
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Le gouvernement prévoyait accueillir entre 13 000 et 18 000 personnes de moins que sa cible prévue d’environ 44 000 personnes en 2020. Le ministère de l’Immigration encaisse une baisse de son enveloppe cette année : 522,8 millions $ par rapport à 576,8 millions $ l’an dernier.
Le PLQ invite le gouvernement à dialoguer avec les milieux économiques pour prendre conscience de « l’ampleur de leurs besoins » et examiner les seuils d’immigration, « une des solutions sur la table », a fait valoir le porte-parole libéral en matière d’économie, André Fortin.
Le budget met en place des mesures pour combler les besoins de personnel notamment dans les secteurs de la construction et des services de garde.
La Coalition avenir Québec (CAQ) s’est fait élire en 2018 en promettant de réduire les seuils d’immigration, avec ce slogan que François Legault martelait : en prendre moins, mais en prendre soin.
« Des positions dogmatiques »
« On se rend compte de l’impact des positions dogmatiques de la Coalition avenir Québec en matière de seuils d’immigration », a déclaré le porte-parole libéral en matière d’économie, André Fortin, en mêlée de presse vendredi matin au parlement.
La pénurie de personnel a été ressentie durement dans le réseau de la santé dans le contexte de la pandémie, a rappelé M. Fortin.
« La réduction des seuils d’immigration a eu un impact sur la possibilité d’offrir des services publics, la possibilité pour nos entrepreneurs de trouver la main-d’œuvre dont ils ont besoin. »
« Chair à PIB »
Québec solidaire (QS) demande qu’on reprenne « minimalement » les seuils d’immigration d’avant la pandémie : les mesures de contrôle sanitaire ont en effet ralenti l’admission des nouveaux arrivants au pays.
Le député Vincent Marissal a rappelé que les caquistes militaient pour réduire l’apport migratoire au Québec.
« Ce gouvernement veut diminuer le nombre d’immigrants ici, a affirmé M. Marissal en conférence de presse à l’Assemblée nationale. Nous, on pense que ce n’est pas la bonne solution. »
Du même souffle, il a appelé à un meilleur accompagnement des nouveaux arrivants pour faciliter leur intégration.
« Les immigrants, ce n’est pas juste de la chair à PIB, ce sont des gens qui veulent venir s’établir ici. »
Sous la cible
Le Plan d’immigration du Québec déposé en octobre dernier estimait qu’un volume entre 13 000 et 18 000 admissions ne serait pas réalisé en 2020, sur la cible située entre 43 000 et 44 500.
Pour 2021, la fourchette cible originale prévoyait entre 44 500 et 47 500 admissions, mais la ministre de l’Immigration, Nadine Girault, a annoncé l’ajout d’un contingent additionnel de 7000 admissions, afin d’effectuer un rattrapage par rapport à 2020.
De septembre 2018 à la fin de décembre 2019, pas moins de 158 299 demandes ont été déposées par l’entremise du système de traitement des déclarations d’intérêts du ministère de l’immigration. Mais au 31 décembre 2020, seulement 70 909 demandes avaient été reçues au même guichet.
À son arrivée au pouvoir, le gouvernement caquiste a réduit le nombre d’admissions, malgré les protestations des milieux économiques qui tentaient désespérément de recruter du personnel dans une foule de domaines.
En 2019, 40 565 personnes ont été admises au Québec, soit 10 558 de moins qu’en 2018 (-21 %) et 4000 de moins qu’en 2006, selon l’Institut de la statistique du Québec.