Pénurie d’infirmières: Dubé promet annoncer des propositions
La Presse Canadienne|Publié le 17 septembre 2021Le ministre de la Santé, Christian Dubé. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — Le ministre de la Santé, Christian Dubé, promet de formuler prochainement des propositions audacieuses, inédites, pour tenter d’attirer des milliers d’infirmières dans le réseau public de la santé et espérer ainsi éviter de voir se multiplier les bris de services.
Vendredi, en mêlée de presse, en marge d’une annonce d’agrandissement du bloc opératoire de l’Hôtel-Dieu de Lévis, le ministre Dubé a réaffirmé son intention de tout mettre en œuvre pour offrir aux infirmières un environnement de travail plus attirant, plus sécuritaire, différent de ce qu’elles ont connu jusqu’à présent, et ainsi les convaincre de revenir au bercail dans le réseau public.
Depuis des années, les infirmières se plaignent notamment de la pratique généralisée du temps supplémentaire obligatoire (TSO), qui les oblige sur une base régulière à effectuer d’épuisants doubles quarts de travail.
L’ampleur de la crise actuelle, alors qu’il manque plus de 4300 infirmières pour faire fonctionner le réseau normalement, incite désormais le gouvernement Legault à se montrer plus attentif à leurs doléances.
Le ministre Dubé promet donc d’annoncer la semaine prochaine des incitatifs nouveau genre, qu’ils soient d’ordre financier ou professionnel, susceptibles selon lui de ramener celles qui ont privilégié au cours des dernières années une retraite anticipée ou choisi la pratique dans le secteur privé, afin d’échapper aux conditions de travail rendues trop difficiles en milieu hospitalier.
Il entend faire preuve d’audace dans les moyens choisis pour freiner l’exode et inverser la tendance.
«Vous allez voir. On va faire des annonces qui auraient peut-être surpris il y a quelques mois ou quelques années, mais qui nous seront poussées (sic) par le fait qu’on a regardé de nouvelles façons de faire avec la pandémie», a commenté le ministre, convaincu que son appel sera entendu.
Alors que le gouvernement vient tout juste de signer l’entente renouvelant la convention collective des infirmières, le premier ministre François Legault a dit cette semaine que dans les circonstances actuelles, vu «l’urgence» et la gravité de la situation, il était prêt «à n’exclure absolument rien» dans l’éventail des moyens financiers ou autres à explorer pour favoriser le recrutement et la rétention d’infirmières.
Parmi les moyens envisagés, notons les bonis au moment du retour au travail, l’assurance de ne pas pénaliser financièrement celles qui reçoivent déjà leur pension de retraite et la gestion locale des horaires de travail pour diminuer le temps supplémentaire.
Chose certaine, l’argent ne semble pas représenter un obstacle pour le gouvernement. Le ministre des Finances, Eric Girard, a dit de son côté s’attendre à devoir allonger «plusieurs centaines de millions» de dollars, en vue de donner suite à l’opération charme menée auprès des infirmières dans les prochaines semaines.
Mais la grande inconnue de l’équation demeure la réaction à venir des principales intéressées: à savoir quelle proportion des infirmières retraitées ou parties au privé sera prête à reprendre du service, surtout dans l’état actuel du réseau et en pleine quatrième vague de pandémie?
En attendant la réponse, en parallèle aux mesures incitatives annoncées la semaine prochaine, le ministre planchera sur une réorganisation des services de santé, plus globale et à plus long terme, en formulant «des propositions beaucoup plus structurantes sur la table». Il s’engage à privilégier «les meilleures pratiques» en ce domaine.
Il a aussi réaffirmé vendredi sa position «très, très ferme» visant à rendre obligatoire la vaccination du personnel soignant. La veille, le ministre s’était engagé à éviter toute rupture de services dans le réseau de la santé, malgré l’importante pénurie de personnel, un problème qui risque fort de s’aggraver à compter du 15 octobre, date à partir de laquelle tout le personnel soignant devra être doublement vacciné contre le virus de la COVID-19 pour rester en poste.
Dès lors, les récalcitrants seront placés en congé forcé sans solde, suspendus pour un temps indéterminé. Un tel scénario laisse présager une situation encore plus difficile à gérer, car on estime à 20 000 le nombre d’employés du réseau non vaccinés, dont au moins la moitié prodiguent directement des soins aux patients.
En fait, les ruptures de service ont déjà commencé dans plusieurs régions, notamment à Senneterre, en Abitibi, et à Salaberry-de-Valleyfield, au cours des derniers jours, tandis que la quatrième vague entraîne une hausse quotidienne du nombre d’hospitalisations et de malades transférés aux soins intensifs, ce qui contribue à aggraver la crise.