Les banquiers, comptables et autres intermédiaires en fusions-acquisitions et financement seraient actuellement très occupés. (Photo: 123RF)
FUSIONS ET ACQUISITIONS. Après une bonne année 2017 dans le domaine des fusions et acquisitions, et une année 2018 avec encore plus d’effervescence, à quoi doivent s’attendre le Canada et le Québec pour l’année en cours?
« Au Québec, l’année 2018 a été bonne, mais le nombre de transactions a diminué au deuxième semestre. Je n’y vois pas nécessairement le signe d’un ralentissement pour l’année en cours, mais gardons en tête que plusieurs incertitudes planent sur les marchés », dit Félix Bernard, un avocat en droit des affaires chez Langlois qui se spécialise notamment en fusions et acquisitions. Parmi les facteurs d’incertitude, il mentionne entre autres la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, le nouvel ALÉNA, les discussions relatives à une possible récession à venir, le Brexit et Donald Trump.
En raison de ces incertitudes, et aussi parce que les années précédentes ont été très fastes, certaines entreprises pourraient donc selon M. Bernard prendre un certain recul et profiter de cette période plus incertaine pour « digérer leurs acquisitions et opérer les synergies ». S’il pèse ses mots, et ne mentionne pas explicitement une stagnation du nombre de transactions, c’est un peu ce que semblent laisser entrevoir ses propos, réflexions et observations.
« Maintenant, en ce qui a trait à ce que prévoient les experts en général, comme les grandes firmes comptables, je remarque que certains voient la situation d’une façon beaucoup plus rose, et d’autres moins, dit Félix Bernard. Je dirais pour le moment qu’aucun consensus ne se dégage. »
En ce qui a trait à l’activité par secteurs, un rapport de PwC Canada notait en janvier que le volume de transactions avait bondi de 87 % l’an dernier dans le secteur des soins de santé, une activité qui avait été soutenue essentiellement par la légalisation du cannabis. Doit-on s’attendre à ce que la tendance se poursuive?
« Il y a encore de la consolidation à faire dans le secteur du cannabis, et je ne vois pas pourquoi ça arrêterait, dit Félix Bernard. Verrons-nous un boom aussi fort qu’en 2018? Je ne crois pas. Mais l’activité va se poursuivre, c’est certain. »
Optimiste
Brahm Elkin, le président et fondateur du Club M&A, se fait plus optimiste quant aux perspectives pour l’activité de fusions et acquisitions au pays pour l’année 2019 dans son ensemble. « L’année 2017 a vu plus d’activité que 2016, et 2018 plus que 2017, dit-il. Je m’attends à ce que 2019 soit meilleure que 2018. »
Il observe que les banquiers, comptables et autres intermédiaires en fusions-acquisitions et financement sont actuellement très occupés. Selon M. Elkin, l’effervescence est causée entre autres par les baby-boomers qui commencent à vendre leurs entreprises à un rythme plus soutenu, mais aussi par les acheteurs américains qui veulent faire des acquisitions stratégiques et profiter du taux de change avantageux. Les investisseurs chinois et français contribuent également à cette forte activité.
Quels secteurs devraient selon lui être les plus occupés? Il mentionne le secteur de la fabrication, et plus spécifiquement celui de l’aérospatiale. À son avis, le secteur de la fabrication alimentaire, incluant notamment l’emballage de viande et la préparation de produits congelés et de conserves, devrait également connaître une forte activité de fusions et acquisitions.
« Dans le Grand Montréal, le secteur pharmaceutique est un autre secteur à garder en tête, dit Brahm Elkin. En somme, je crois donc que l’on peut s’attendre en 2019 à une belle continuation du rythme des fusions et acquisitions observée ces dernières années. »