LE COURRIER DU «CASH». Vos interrogations. Stéphane Rolland cherche les réponses.
Q – «J’ai été surprise d’entendre mon conseiller de mon institution financière me dire qu’il était impossible d’acheter de l’or dans mon régime enregistré d’épargne-retraite (REER). Est-ce vrai ?» – Johanne
R. – Oui, mais non. Il est vrai qu’on ne peut pas déposer manuellement un lingot d’or dans son REER, mais il y a d’autres moyens d’avoir de l’or dans son compte, ou une exposition aux producteurs d’or, selon votre préférence.
Vous pouvez détenir de l’or par le biais d’un fonds négocié en Bourse (FNB), qui entrepose le métal précieux. Il est possible que votre conseiller ne vous offre que des fonds communs. Dans ce cas, il faudrait transférer vos comptes enregistrés chez un courtier à escompte si vous souhaitez acheter des FNB. Dans une note sur les FNB canadiens et l’or, Ian de Verteuil, stratège de Marchés mondiaux CIBC, recommande le Fonds de lingot d’or CI (VALT, 21,90 $). Créé au début de l’année, ce nouveau placement prélève des frais de gestion de 0,155 %, ce qui est «très concurrentiel», note le stratège.
Si vous souhaitez enlever l’effet de devise canadienne sur le prix de l’or, le iShares Gold Bullion (CGL, 14,14 $) offre une couverture contre le risque de devise.
Ses frais de gestion sont de 0,55 %. À 832 millions de dollars d’actif sous gestion, il s’agit du plus important FNB détenant de l’or au Canada. Il est aussi possible de s’exposer à l’or par le biais d’un FNB qui détient les producteurs d’or. Notons qu’une particularité des aurifères, dont une bonne part des coûts d’exploitation sont fixes, est de réagir plus fortement aux variations des prix de l’or, ce qu’on appelle l’effet levier. Pour illustrer ce principe, supposons qu’une minière se trouve près de l’équilibre entre ses revenus et ses coûts de production. Une variation de 7% du prix de l’or aura une plus grande incidence sur sa rentabilité, d’où l’effet levier. Notez qu’il s’agit d’un couteau à double tranchant. Il se manifeste à la hausse, comme à la baisse.
Plusieurs FNB investissent dans les aurifères de manière indicielle. Le contenu du portefeuille variera d’un FNB à l’autre, selon son indice sous-jacent. Par exemple, le iShares S&P/TSX Global Gold Index (XGD, 17,12 $), le BMO équipondéré aurifères mondiales (ZGD, 65,30 $) et le BMO petites aurifères (ZJG, 63,36 $) ont tous des indices sous-jacents différents. Ian de Verteuil souligne que l’effet de levier est encore plus important pour les petites minières.
Soulignons que l’or est un placement qui ne fait pas l’unanimité, que ce soit dans la manière de l’analyser ou ses propriétés en tant que police d’assurance contre le risque et l’inflation. Certains l’évitent complètement en raison des difficultés à évaluer sa valeur intrinsèque, d’autres s’y exposent dans un but de diversification. Traditionnellement, les experts qui s’exposent à l’or n’y consacrent qu’une petite partie de leur portefeuille. Dans sa note, Ian de Verteuil recommande entre 5% et 10%.