(Photo: Alain McKenna/Les Affaires)
BLOGUE. Malgré des fuites qui remontent au printemps dernier, on attendait beaucoup du dévoilement de cette quatrième itération du Pixel, le remplaçant du Nexus, chez Google. Par sa filiation, ça en fait un appareil phare pour l’écosystème Android et l’Assistant Google. Sa fiche technique est à l’avenant : nouvelle puce Snapdragon 855 de Qualcomm, 6 go de mémoire vive plutôt que 4 go, et un affichage élargi d’un brin (5,7 po, vs 5,5 po pour le Pixel 3). Ça lui confère donc la lourde tâche de se comparer aux poids lourds du secteur signés Samsung et Huawei. Il faut évidemment ajouter Apple à cette liste.
Et, vu le CV de Rick Osterloh, qui dirige les ambitions de Google en matière d’appareils mobiles, ajoutons Lenovo-Motorola à la liste. Ce dernier fait plutôt bien dans le milieu de gamme avec des produits moins coûteux que ceux-là, mais c’est à Motorola qu’on doit l’interface gestuelle la plus ambitieuse et la plus réussie.
Des omissions qui déçoivent
Le Pixel 4 s’aventure d’ailleurs de ce côté, avec son Motion Sense, qui reconnaît certains mouvements de la main permettant de changer de chanson, de mettre la sonnerie en sourdine ou de gérer ses alertes. C’est trop peu pour valoir les 1170$ que coûte ce nouveau venu. Ça va prendre une lourde mise à niveau avant Noël si Google souhaite utiliser ce différentiateur comme argument de vente.
Autre détail agaçant : pas d’écouteurs dans la boîte. L’appareil n’a pas de port audio non plus. Ça prend donc au minimum un adaptateur USB-C pour brancher son propre casque, ou on peut se rabattre sur un casque Bluetooth. Google proposera des Pixel Buds… le printemps prochain seulement. Entre temps, un casque Bluetooth, ça fait une dépense de plus.
Le stockage de 64 ou 128 go, sans possibilité d’expansion via une fente Micro SD, est dans l’air du temps. Google offre du stockage en nuage en masse pour compenser (Apple devrait prendre des notes…), surtout pour la photo, ce qui fait oublier ce détail, mais les purs et durs d’Android devront s’y faire : donner un deuxième souffle à son mobile un peu usé en lui insérant une carte de 512 go, ça se fait, mais pas avec le Pixel 4. Google a introduit par la bande un enregistreur vocal avec transcription instantanée, qui est limitée à l’anglais, pour le moment.
Dans la même veine, le Pixel 4 a une batterie moins imposante que son prédécesseur, ce qui va à contre-courant de toute l’industrie. De 2915 à 2800 milliampères-heure. Le Pixel 4 XL, plus imposant, fait mieux, avec une pile de 3700 mA h (celle du Pixel 3 XL est de 3430 mA h). On en a pour une journée, heureusement, mais guère plus. Évidemment, on peut toujours le charger pour quelques minutes, mais encore là, la concurrence fait mieux.
Enfin, le Pixel 4 troque le lecteur d’empreintes pour la reconnaissance faciale, mais avertit ses utilisateurs : cet outil de déverrouillage ne sait pas si vos yeux sont ouverts ou fermés, ce qui soulève des inquiétudes sur son véritable degré de sécurité. Là encore, on aurait espéré mieux, surtout quand on entend Apple vanter le haut niveau de fiabilité de sa technologie Face ID.
Faire plus avec moins
On l’a compris lors de son dévoilement la semaine dernière, la principale nouveauté du Pixel 4 est sa caméra à deux objectifs, à l’arrière. Celle-ci combine un téléobjectif f/2.4 avec capteur de 16 mégapixels à l’objectif régulier à focale f/1.7 et capteur de 12,2 mp. À cela s’ajoutent des algorithmes savamment conçus pour rehausser la qualité des images prises au-delà des 2x que permet cette paire d’objectifs.
Contrairement au iPhone 11 et aux Galaxy S10 et Note 10, le Pixel 4 ne laisse pas l’utilisateur choisir l’objectif. La glissière à l’écran propose un zoom combiné optique/numérique allant jusqu’à 8x, et l’IA de Google passe les clichés au peigne fin pour rendre le résultat aussi fidèle que possible à la réalité.
Inutile de dire que ça rehausse d’autant la qualité des clichés pris à distance. Google avertit toutefois qu’il faut zoomer avant de prendre la photo, et non resserrer le cadrage après-coup, pour que cette IA fasse sa magie. Le résultat : les détails sont clairement plus nets qu’avec un simple zoom numérique, mais ça ne suffit pas à adopter une longue focale à tout coup pour autant.
Le Pixel 4 n’a pas non plus cette focale grand-angle de ses rivaux signés Apple, Huawei et Samsung et qui est si amusante, pour d’autres raisons. Il compense avec un mode de prise de photos de nuit qui est à peu près insurclassable, et qui fera sans doute hausser les ventes de trépieds pour mobiles…
Tout ça ferait l’affaire, si le Pixel 4 était vendu au prix d’un produit de milieu de gamme. Un Pixel 4a plus abordable, qui pourrait être mis en vente le printemps prochain, fera probablement un malheur. Le Pixel 3a lancé plus tôt cette année a d’ailleurs agréablement surpris par sa polyvalence, vu le prix.
D’ici là, le Pixel 4 restera un beau produit de niche, pour les inconditionnels de Google et ceux qui veulent la plus récente version du système Android dès qu’elle est dévoilée par Google (on en est!). On imagine aisément Google inclure une enceinte Nest Mini gratuite à l’achat de son téléphone, ce qui attirera aussi les acheteurs.
On s’entend : personne n’a besoin d’un nouveau téléphone tous les ans, et on trouve hautement inutile le fait de devoir renouveler le catalogue tous les ans, comme le font tous les fabricants.
Mais si c’est ça la stratégie de Google, aussi bien le dire d’emblée. Sinon, ça laisse l’impression que Google, du côté matériel, semble dépassé par la cadence imposée par le marché.
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