(Photo: Fionn Claydon pour Unsplash)
ANALYSE ÉCONOMIQUE. Hope for the best, but prepare for the worst, dit le célèbre adage anglophone. Eh bien, les entrepreneurs auraient tout intérêt à s’en inspirer, car la pandémie de COVID-19 pourrait être plus longue que prévu malgré la campagne de vaccination qui s’est amorcée.
Aussi, dans leur planification stratégique, les entreprises devraient être plus prudentes et réalistes. C’est la raison pour laquelle miser sur un retour à la normale en 2022 — plutôt qu’en 2021 — est sans doute la meilleure stratégie d’affaires dans les circonstances.
Il ne s’agit pas ici d’être un prophète de malheur, mais seulement de faire preuve d’un optimisme prudent.
Même le premier ministre François Legault demeure prudent, bien qu’il soit un leader optimiste dans l’âme.
Mercredi, lors de l’annonce du nouveau confinement et du couvre-feu, il a d’ailleurs dit qu’il «souhaitait» que les Québécois puissent être capables de revoir leur famille élargie et leurs amis d’ici décembre 2021.
Il n’a pas déclaré que nous reverrons notre famille élargie et nos amis en décembre, car il y a encore de l’incertitude quant à une véritable sortie de crise —et il y aura une fin à cette crise.
C’est la même chose avec l’économie.
Même si les conditions s’améliorent au Québec et que nous récupérons graduellement les emplois perdus depuis mars dernier, le retour à la normalité économique est encore loin devant nous.
Une certaine normalité économique en 2022
En avril, en entrevue à Les Affaires, Monique Leroux, présidente du nouveau Conseil sur la stratégie industrielle, un organisme créé en mai par Ottawa pour l’aider à relancer l’économie, expliquait que le scénario économique le plus probable (à 70 %) était une accélération graduelle de la croissance, avec un retour à une certaine normalité en 2022.
Selon l’ex-présidente du Mouvement Desjardins, aujourd’hui conseillère stratégique à Fiera Capital, ce scénario s’appuyait alors sur la commercialisation, d’ici la fin de l’été 2020, de médicaments efficaces pour réduire l’effet de la COVID-19 sur les personnes malades puis la découverte d’un vaccin à l’horizon de la mi-2021.
Bon, la découverte d’un vaccin est arrivée plus vite que prévu, et c’est une excellente nouvelle.
Pour autant, il ne sera pas une panacée à moyen terme, même si c’est définitivement un «game changer» pour en finir éventuellement avec cette pandémie.
Dans les semaines et les mois à venir, les personnes vulnérables seront de plus en plus protégées.
Cela devrait permettre de réduire le nombre d’hospitalisations, d’enlever de la pression sur le système de la santé puis de rouvrir graduellement des pans entiers de l’économie, à commencer par les secteurs de la culture et de l’événementiel, sans parler de la restauration.
Mais ce processus prendra encore de longs mois, car il faudra avoir atteint une immunité collective, soit 70% de la population —c’est 50% dans le cas de la grippe saisonnière et de 90 à 95% dans le cas de la rougeole, selon l’Institut Pasteur.
250 000 personnes vaccinées d’ici le 8 février
Ce mercredi 6 janvier, la santé publique avait vacciné 39 000 personnes au Québec. Le gouvernement Legault souhaite immuniser 250 000 Québécois d’ici le 8 février.
Selon le ministre de Santé Christian Dubé, la santé publique aurait la capacité d’administrer 250 000 doses par semaine, soit un million par mois.
Pour atteindre l’immunité collective, il faudra donc vacciner au moins six millions de personnes (70% des 8,575 millions d’habitants du Québec, au 1er juillet 2020), ce qui prendra six mois, et ce, si tout se passe comme prévu, et qu’il ne manque pas de doses de vaccins, par exemple.
Tant mieux si le retour à une certaine normalité se produit finalement dans la seconde moitié de 2021.
Pour autant, la sagesse la plus élémentaire serait de miser plutôt pour un retour à une certaine normalité économique en 2022.
Cela nous évitera de mauvaises surprises et de nouvelles déceptions inutiles.