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Plonger dans l’alcool et le cannabis pour fuir la COVID-19

Olivier Schmouker|Publié le 15 Décembre 2020

Plonger dans l’alcool et le cannabis pour fuir la COVID-19

S'enfuir d'une triste réalité, semble-t-il... (Photo: Grav pour Unsplash)

CHRONIQUE. Récession, fermetures de PME, licenciements massifs… La pandémie du nouveau coronavirus est dévastatrice pour notre économie. Pis, elle fait des ravages dans chacune de nos vies personnelles. Pour preuve, une étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) vient de mettre au jour le fait que la COVID-19 fait plonger un nombre grandissant de jeunes Québécoises dans l’alcool et le cannabis…

> Davantage d’alcool: surtout vrai pour les jeunes femmes

Ainsi, 88% des Québécoises de 22 ans disent qu’elles ont pris de l’alcool durant le dernier mois. Mais surtout, elles sont 14% à avouer que leur consommation a augmenté de manière significative depuis le début de la pandémie. Point important: il y a deux fois plus de jeunes femmes que de jeunes hommes à avoir ainsi accru leur consommation d’alcool (le même pourcentage pour les jeunes hommes étant de 7,3%.

À noter, par ailleurs, que 63% des jeunes femmes considèrent que leur consommation est demeurée stable, sachant que près de 48% des jeunes de 22 ans disent boire de l’alcool une fois par semaine et 3,8%, une fois par jour.

> Davantage de cannabis: surtout vrai pour les jeunes femmes

Concernant le cannabis, 43,6% des Québécoises de 22 ans disent qu’elles en ont pris durant le dernier mois. Et elles sont près de 11% a reconnaître que leur consommation a augmenté de manière significative depuis le début de la pandémie. Ce qui est une proportion nettement supérieure à celle des jeunes hommes (6,5%).

À noter que 26% des jeunes femmes estiment que leur consommation de cannabis est restée stable, alors que le même pourcentage est de 34% chez les jeunes hommes. Et ce, sachant que 12% des jeunes Québécois disent en prendre une fois par semaine et 11,5%, chaque jour.

Comment expliquer un tel phénomène? L’étude de l’ISQ ne le dit pas clairement, mais elle présente tout de même une donnée éclairante à ce sujet, me semble-t-il: lorsqu’on demande aux jeunes Québécois comment ils jugent leur propre santé mentale, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à dire que ça ne va pas du tout; elles sont 25% à indiquer qu’elle est «passable ou mauvaise» tandis qu’eux, ils sont 14% à le dire.

Autrement dit, les jeunes Québécoises n’ont pas le moral, et on peut raisonnablement avancer qu’un palliatif aisément utilisé pour y “remédier” consiste à se tourner davantage vers l’alcool et/ou vers le cannabis. Certes, l’explication de la “fuite” n’est pas parfaite et suffisante, mais elle semble logique, à tout le moins suffisamment logique pour tenir la route.

Bref, la COVID-19 va laisser des traces durables, et l’une d’entre elles vient sûrement de nous apparaître: le risque accru d’intoxication des jeunes femmes à des substances certes légales mais qui, dans certaines conditions, peuvent se révéler néfastes pour la santé physique et psychique. Croisons maintenant les doigts pour que la situation s’améliore rapidement, à la suite des premières vaccinations au Québec. Qui sait? les jeunes femmes vont-elles maintenant voir s’estomper les nuages noirs qui s’accumulaient sur leur tête, renouer avec un peu d’espoir et trouver un nouvel élan tant personnel que professionnel; et par suite, renoncer petit à petit à l’envie de boire et/ou de fumer de plus en plus…

En passant, le penseur florentin Nicolas Machiavel disait: «Rien n’est aussi désespérant que de ne pas trouver une nouvelle raison d’espérer».