Le premier défi, et non le moindre, sera de garder une cohésion d’équipe dans un contexte où chacun est isolé chez soi. (Photo: 123RF)
BILLET. Jeudi 12 mars 2020. Après une longue journée, je me prépare à partir. Sans le savoir, c’est la dernière fois que je mets les pieds dans mon bureau. Le dimanche, nous recevons une communication nous incitant à rester chez nous jusqu’à nouvel ordre.
Comme tout le monde, j’ai alors cherché à aménager un espace de travail relativement calme, testé des outils de travail collaboratif et découvert le syndrome de la «fatigue Zoom». Je me suis extasiée sur les avantages de rester chez moi, puis pesté contre la sensation d’y être enfermée. Qui aurait cru à l’époque que, dix mois plus tard, on en serait encore là?
Alors qu’une nouvelle année commence dans les mêmes conditions, les gestionnaires doivent réfléchir aux défis inédits qui les attendent pour mieux s’y préparer.
Le premier défi, et non le moindre, sera de garder une cohésion d’équipe dans un contexte où chacun est isolé chez soi. Les entreprises ont déjà rivalisé d’ingéniosité en la matière pour mettre en place de nouveaux rituels virtuels. Mais si la situation devait perdurer, des équipes composées de gens qui ne se sont jamais rencontrés en personne pourraient ne pas partager la même collégialité. Dès lors, comment obtenir le même niveau d’engagement sans sentiment d’appartenance ?
Les applications de messagerie instantanée ont permis de nouvelles façons de communiquer. Cependant, les échanges spontanés autour de la machine à café avec des collègues que l’on ne côtoie pas habituellement ont disparu. Ce sont pourtant ces interactions informelles qui favorisent l’innovation. Le télétravail met l’accent sur l’efficacité, mais comment faire également émerger de nouvelles idées ?
Les réunions virtuelles nous plongent dans l’intimité de nos collègues. On se voit sous un autre jour, plus humain, au-delà des titres et des fonctions de chacun. La fusion, plutôt que la conciliation, du professionnel et du personnel devient la norme. Cependant, comment décrocher lorsqu’on travaille toute la journée dans la même pièce où l’on recherche ensuite la détente ou le sommeil?
Il y a un an, travailler en permanence de chez soi semblait pour beaucoup une utopie. Maintenant que le concept a fait ses preuves, de nombreux employés souhaitent continuer, même après la possibilité d’un retour au bureau. D’autres, isolés et mal installés, attendent avec impatience de pouvoir y retourner. Le moment venu, comment concilier ces différentes attentes ?
Les réponses à ces questions sont complexes. Pour les trouver, les gestionnaires n’auront d’autres choix que de créer des relations de travail qui reposent sur la transparence, l’empathie et, et surtout, la confiance. C’est le maître mot qui revient constamment de notre reportage sur les nouvelles tendances managériales, de la chronique de Nathalie Francisci sur le leadership de la prochaine décennie ou du dossier sur la santé des employés.
Une révolution managériale est en marche! En ces temps incertains, voilà au moins une raison d’entrevoir l’avenir avec optimisme.
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
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