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Jean Sasseville

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Jean Sasseville

Expert(e) invité(e)

Plusieurs économistes prédisent une correction immobilière

Jean Sasseville|Publié le 15 juin 2022

Plusieurs économistes prédisent une correction immobilière

Si vous prévoyez vendre sans acheter par la suite, Jean Sasseville vous conseille de mettre en vente rapidement votre immeuble. (Photo: Getty Images)

BLOGUE INVITÉ. Des économistes prédisent une correction des prix au Canada : de 10% chez Capital Economics, de 10% à 20% pour BSIF, de 15% chez Desjardins, de 15% à 20% pour CIBC, de 20% pour BMO marché des capitaux et de 24% chez Oxford Economics.

Il est aussi à prévoir que chaque marché local aura des niveaux de baisse différents. Par exemple, les baisses de prix à Montréal devraient être plus élevées que celles pour la ville de Québec.

 

Le pouls du marché

Depuis le début de l’année, on observe une remontée continue des inscriptions en vigueur et une baisse continue des ventes sous Centris.

«Les conditions de marché demeurent, généralement, extrêmement serrées et la proportion de propriétés vendues à la suite d’un processus de surenchère ne donne pas encore de signe d’affaiblissement, probablement parce qu’une part importante d’acheteurs magasinent encore avec des taux hypothécaires qui ont été garantis par leur institution financière. Tant que le niveau de surenchère sera élevé, on ne peut pas entrevoir de baisse de prix», estime Charles Brant, directeur du Service de l’analyse de marché à l’APCIQ.

«Il est inéluctable que le ralentissement de la hausse des prix se fasse de plus en plus sentir au cours des prochains mois, compte tenu du changement de dynamique du marché et de la plus grande exposition de nouveaux acheteurs à la hausse des taux d’intérêt fixes, et surtout variables, réduisant d’autant le bassin d’acheteurs qui pourront se qualifier pour un prêt hypothécaire», poursuit le directeur.

 

La correction au Québec ne devrait pas être sévère, sauf s’il y a une récession

«Il est très peu probable que des modèles sophistiqués puissent prédire avec précision comment se comportera le marché au cours des 24 prochains mois, de la même manière qu’ils ont été inaptes à prédire l’envolée des prix durant la pandémie», précise Charles Brant.

Effectivement, personne n’a de boule de cristal. On voit déjà des baisses importantes des prix à Toronto. Je m’attends à un niveau de baisse de prix plus modéré à Montréal. Je ne serais pas surpris que la correction soit entre 5% et 10%.

«La situation est actuellement inédite dans la mesure où jamais la surenchère n’a atteint les niveaux que l’on connaît actuellement sur le marché. Par ailleurs, le marché est structurellement protégé d’un revirement de grande ampleur et durable, compte tenu du déséquilibre important entre l’offre et la demande, et une activité de mise en chantier sous-dimensionnée», ajoute Charles Brant.

«Une forte baisse des niveaux de surenchère pourrait se traduire par des corrections de prix significatives dans les marchés qui y ont été le plus exposés, et par définition surévalués. Il s’agira d’un épisode probablement et relativement passager, mais qui sera plus ou moins accentué d’une région à l’autre du Québec. Ce scénario suppose qu’il n’y ait pas de récession économique. Si c’est le cas, ce que nous ne prévoyons pas, la correction des prix serait sévère.»

 

Impact pour les acheteurs et vendeurs

En tant qu’acheteur, vous pouvez être plus patient, sachant que l’on ne prévoit pas des hausses effrénées des prix. Il est possible que vous achetiez moins cher, mais vos paiements hypothécaires seront plus élevés.

S’il y a une baisse des prix, et que vous cherchez à vendre et à acheter par la suite, vous allez vendre moins cher, mais vous allez acheter à moindre prix. Donc l’impact net pour vous sera mineur. Par contre, si vous ne prévoyez pas d’acheter par la suite, je vous conseille de mettre en vente rapidement votre immeuble.

 

Impact pour les propriétaires qui ne cherchent pas à vendre

Pour les propriétaires qui ont acheté avant la pandémie, toute baisse de prix n’annulerait qu’une partie des hausses des dernières années. Ce n’est pas dramatique.

Les premiers acheteurs qui ont fait une acquisition récemment sont les plus à risque, particulièrement s’ils ont acheté en surenchère. Le test de résistance a obligé ces acheteurs à prévoir un coussin financier en cas de hausse de taux. Pour ce qui est du risque de perdre son emploi, même si l’économie ralentit, nous sommes en situation de pénurie de main-d’œuvre. Je ne prévois pas une hausse marquée du taux de chômage.

Il n’est pas impossible que les prix recommencent à monter dès 2024. En ces temps de remontée des taux d’inflation et des taux d’intérêt, je conseille aux propriétaires qui ne désirent pas vendre de réévaluer leur budget et de cesser de lire des articles alarmistes.

Je vous invite à consulter mes articles précédents.