De gauche à droite sur la photo: Roland Côté (VP R&D), Marianne Lépinoit (directrice financière), Christophe Goffoz (Administrateur), Solenne Brouard Gaillot (fondatrice) et Nathalie Morin (PDG) (Photo: courtoisie)
INDUSTRIE DE L’EMBALLAGE. En misant sur la construction d’une usine à grande échelle, la révision de la structure de l’entreprise, des discussions avec plusieurs partenaires potentiels ainsi que sur le développement de procédés pour recycler de nouveaux types de plastiques, Polystyvert a les yeux rivés sur sa croissance, qu’elle souhaite internationale.
«Depuis 2011, on a mis beaucoup de temps à développer notre procédé breveté de recyclage de polystyrène — communément appelé styromousse — par dissolution. Maintenant que ça fonctionne à la perfection, nous sommes rendus au stade de commercialiser cette technologie et de la déployer à travers le monde, en commençant par le Québec», résume sa fondatrice, Solenne Brouard.
C’est justement pour bien négocier «cette importante étape» dans la vie de l’entreprise montréalaise de 20 employés que Solenne Brouard a endossé fin juin le rôle de chef de la croissance, laissant les tâches — et le titre de PDG — à Nathalie Morin.
«Je me suis jointe à l’équipe il y a un peu plus d’un an, d’abord à titre de chef de la technologie, pour les épauler durant la prochaine phase de croissance, explique la principale intéressée. J’ai passé plusieurs années à Enerkem, dans les opérations, les projets et le scale up [déploiement à plus grande échelle] de nouvelles technologies vertes.» Cette ingénieure chimiste de formation souligne que son expertise est «très complémentaire» à celles de Solenne Brouard et de Marianne Lépinoit, la directrice financière de Polystyvert.
«L’entreprise est vraiment en transition, poursuit la PDG. Nous sommes en discussion avec plusieurs partenaires un peu partout dans le monde, avec qui nous voulons faire des alliances stratégiques et à qui nous souhaitons vendre des licences d’utilisation de notre technologie.»
Sans vouloir entrer dans les détails, Solenne Brouard précise qu’«il y a actuellement une forte demande en Europe, car la réglementation est déjà en place. En Amérique du Nord, ça commence ; il y a de nouvelles lois qui sont passées en Californie».
Une usine pleine grandeur et de nouveaux marchés
Plus près d’ici, la construction d’une usine «à pleine échelle» de recyclage de polystyrène expansé est sur les rails. «Située dans la région du Grand Montréal, elle sera sept fois plus grande que notre usine de démonstration d’Anjou, mentionne Solenne Brouard. Il est prévu qu’elle soit opérationnelle fin 2024.» Polystyvert anticipe y recycler annuellement 7 000 tonnes de casques de vélos, de glacières à poissons et d’emballages de télévisions et d’ordinateurs, entre autres, fournies par des partenaires spécialisés en gestion de matières résiduelles. «Notre produit sera ensuite vendu à un partenaire qui démontre beaucoup d’intérêt», explique-t-elle en faisant remarquer qu’«aujourd’hui, le polystyrène recyclé vaut plus cher que le polystyrène vierge, parce qu’il a des avantages environnementaux évidents».
Plus près d’ici, la construction d’une usine «à pleine échelle» de recyclage de polystyrène expansé est sur les rails. (Photo: courtoisie)
Sans nommer les partenaires financiers potentiels de cette construction, la fondatrice admet que «l’une des raisons stratégiques de construire l’usine au Québec est que plein de partenaires institutionnels et industriels veulent qu’elle soit ici». Quant à l’installation de démonstration ouverte en 2018 à Anjou, elle deviendra le «centre de R et D» de l’entreprise, qui travaille déjà à adapter son procédé de recyclage à d’autres plastiques styréniques. «Pour nous, c’est une suite logique de s’intéresser au HIPS [polystyrène choc, High Impact Polystyrene en anglais] et à l’ABS [acrylonitrile butadiène styrène], comme c’est la continuité de notre technologie», fait valoir Nathalie Morin.
Dans le cas du HIPS, présent entre autres dans les petits pots de yogourt, l’équipe en est à «terminer l’étape pilote». Du côté de l’ABS, un polymère thermoplastique très utilisé dans l’industrie automobile, l’électronique et les jouets, l’heure est à «la mise à l’échelle pilote du procédé». Ces deux nouveautés «vont participer à l’attraction commerciale de la compagnie», estime Solenne Brouard.
D’ailleurs, Polystyvert a été nommée au 22e rang des Future 50 — soit les entreprises vertes à plus forte croissance au Canada — de Corporate Knights en juin dernier. Une croissance qui devrait faire doubler le nombre d’employés d’ici la fin de l’année. «Comme pour tout le monde, trouver de la main-d’œuvre constitue actuellement un bon défi!» constate la PDG.