[Photo: Distric M / Courtoisie]
ESPACES DE TRAVAIL. Les aires ouvertes aux bureaux non assignés, longtemps louangés comme des espaces propices à la collaboration, ne remplissent pas leurs promesses. Les employés ne s’y sentent pas valorisés. Alors, où et comment préfèrent-ils travailler ?
C’est l’une des questions que Morneau Shepell a posées dans sa dernière étude sur la santé mentale en milieu de travail. La société de services et de technologie en ressources humaines a sondé en ligne 1 589 employés canadiens entre août et septembre 2018, puis a partagé ses données le 20 février à son huitième sommet annuel, à Montréal.
Les résultats montrent que la moitié des répondants qui travaillent dans des espaces non assignés ne se sentent pas valorisés, contre près du quart (23 %) chez les télétravailleurs et plus du tiers (36 %) pour ceux aux bureaux assignés.
«La promesse d’espaces partagés permettant une meilleure collaboration ne s’est finalement pas réalisée, et les gens ne sont pas aussi productifs qu’on avait espéré», constate Paula Allen, vice-présidente, Recherche et solutions intégratives chez Morneau Shepell.
Les espaces non assignés engendrent également davantage de problèmes liés au sommeil (39 %), au stress (39 %) et à l’isolement (22 %). Les chiffres des télétravailleurs montrent quant à eux une meilleure santé des employés, alors que 28 % disent avoir des problèmes liés au sommeil, moins du quart (22 %) au stress et encore moins (17 %) à l’isolement.
«Les bureaux partagés empêchent de créer un sentiment d’appartenance. Donc, même s’ils sont absolument magnifiques, ce n’est pas suffisant, estime Mme Allen. Les entreprises qui ont déjà investi dans ces espaces doivent s’assurer que leurs employés se sentent connectés au lieu de travail, et pas juste physiquement.»
Solutions flexibles
Un espace de travail devrait être aménagé de façon à offrir aux usagers des moyens d’interagir avec cet espace, sans toutefois dicter comment l’utiliser. C’est ce que suggère l’équipe de WeWork, une multinationale spécialisée dans la location de bureaux partagés.
Installée depuis trois ans à Montréal, l’entreprise américaine a débuté en 2010 en louant deux espaces aux entreprises en démarrage et aux travailleurs autonomes. Aujourd’hui, elle loue plus de 45 millions de pieds carrés répartis dans 27 pays. Le tiers de ses quelque 400 000 membres viennent du Fortune Global 500.
«Notre mission consiste à offrir aux entreprises de toutes tailles des espaces conviviaux et modernes, où rencontrer des gens d’autres industries», souligne Simon Tancredi, le directeur de la communauté montréalaise, laquelle est composée de 3 000 membres répartis dans les édifices de Place Ville Marie et de L’Avenue. On y compte de petites entreprises, comme Car2go, et de plus grandes, telles que la Banque Royale et Bombardier.
WeWork propose toutes sortes de solutions de travail sous forme d’abonnement mensuel : des espaces complètement ouverts et partagés avec d’autres entreprises, des bureaux entièrement fermés et privés, des sièges uniques non assignés et des sièges assignés. Et, grâce aux rétroactions des membres, l’équipe de designers et d’architectes peut continuellement modifier l’aménagement de ces espaces.
D’ailleurs, la firme vient tout juste d’acquérir Euclid, une plateforme de données établie à San Francisco et spécialisée dans l’analyse des comportements dans l’espace. Encore à l’étape embryonnaire, l’objectif consistera à intégrer cette technologie à WeWork afin d’aider les entreprises à comprendre comment leurs employés utilisent les espaces de travail.