(Photo: 123RF)
FINANCEMENT D’ENTREPRISES. Peu importe qu’elles soient en démarrage, en pleine croissance ou arrivées à maturité, les entreprises québécoises disposent d’une multitude d’options de financement. Encore faut-il qu’elles puissent s’y retrouver. Bref tour d’horizon.
Il existe des centaines de programmes de financement et d’aide aux entreprises québécoises. Une simple recherche sur le site Info entrepreneurs – une initiative du gouvernement du Canada et de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain – génère plus de 250 résultats. Aux sources de financement proposées par des organismes soutenus par des fonds publics ou parapublics, tels Investissement Québec, Exportation et développement Canada et Futurpreneur Canada, s’ajoutent des acteurs privés comme les banques et les fonds en capital de risque. Sans parler de ces «nouvelles» manières de lever de l’argent, comme les anges investisseurs… Trop de choix tue le choix ; il y a de quoi en perdre son latin.
Les spécialistes consultés par Les Affaires recommandent tous d’orienter les recherches de financement en fonction du stade de développement de l’entreprise. «Avant même d’examiner les options qui s’offrent à nous, il faut savoir où en est la PME dans son cycle de vie. Cette étape d’interrogation est cruciale ; elle permet de cibler les bonnes sources de financement», explique Manaf Bouchentouf, directeur de l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale – HEC Montréal. Autrement dit, les portes où l’on peut cogner varient selon le degré de maturité de l’organisation.
Ainsi, au cours des premiers mois de l’entreprise, alors que ses revenus sont négatifs et qu’elle ne produit pas de biens ou de services, il est contre- productif de s’adresser à des acteurs privés. «Ce n’est pas le moment de solliciter les banques pour un prêt, par exemple. Celles-ci sont avant tout attirées par la profitabilité et les actifs ; elles recherchent des garanties», met en garde Me Patrice Martin, associé du bureau montréalais du cabinet Borden Ladner Gervais.
Le spécialiste en droit des affaires recommande plutôt de se tourner vers des prêts et des subventions du gouvernement en s’informant, par exemple, auprès de Banque de développement du Canada (BDC). Les quelque 80 incubateurs et accélérateurs de la province spécialisés dans l’accompagnement d’entreprises naissantes, comme le MT Lab, à Montréal, et Le Camp, à Québec, sont aussi à considérer. «Nous sommes choyés, souligne Me Martin. Nous disposons d’un formidable écosystème entrepreneurial au Québec et au Canada.»
Attention, toutefois, à ne pas négliger l’importance de ses propres économies. Et de celles de ses proches, la fameuse love money. Toutes deux constituent un sérieux coup de pouce, en plus d’envoyer un signal fort aux prêteurs et aux investisseurs, actuels ou à venir. «Dans le jargon, on dit de ces sources de financement qu’elles sont non dilutives, c’est-à-dire qu’elles n’entraînent pas de prise de participation dans l’entreprise, précise M. Bouchentouf. C’est ce qu’on recherche en phase de démarrage.»
Anges et patience
Dès lors que l’entreprise génère des revenus et quitte peu à peu la «vallée de la mort», d’autres sources de financement peuvent être considérées. Parmi elles, le recours à des anges investisseurs, ces entrepreneurs d’expérience qui financent et accompagnent des entreprises dans des domaines ciblés – généralement à fort potentiel innovant. Le réseau Anges Québec regroupe 250 de ces investisseurs providentiels dont l’implication se monnaie en parts de capital dans une société. Les anges peuvent intervenir autant au lancement de l’entreprise que plus tard dans son processus de croissance.
C’est aussi à ce moment que commence le recours à des fonds gouvernementaux d’investissement, comme ceux du Réseau des Sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC) et des Centres d’aide aux entreprises (CAE), de même que les rondes de financement en capital de risque. Ces dernières concernent surtout les entreprises qui recherchent des capitaux pour croître rapidement, comme les jeunes pousses issues des secteurs technologiques, précise Me Étienne Brassard, associé du cabinet Lavery. «Les fonds d’investissement en capital de risque veulent obtenir des rendements dans les deux chiffres, et ce, sur quelques années», indique l’expert en financement privé.
Une fois arrivée à maturité, une entreprise gagne à se tourner vers des sources de financement plus sages et patientes, estime Me Brassard. «Les investissements réalisés par des acteurs plus traditionnels sont synonymes de plus de stabilité, ce qu’on recherche à ce moment de la vie de l’entreprise.» Le spécialiste pense entre autres à des options institutionnelles, comme le Programme de financement des petites entreprises du Canada, d’Industrie Canada, ou à des options sectorielles, comme le Programme de financement du réseau Femmessor, qui soutient spécifiquement les femmes entrepreneures. À ce stade, la vaste majorité des entreprises ont droit à une part de gâteau. Il suffit, encore une fois, de cogner aux bonnes portes.