Pourquoi parle-t-on autant des robots humanoïdes dernièrement
Hugues Foltz|Mis à jour le 18 juin 2024Un exposant serre la main d'un robot humanoïde lors de la Conférence des développeurs de robots humanoïdes de Chine 2024 à Shanghai, le 6 juin 2024. (Photo: Getty Images)
EXPERT INVITÉ. On peut retrouver le concept de robot humanoïde dans des histoires et des légendes extrêmement vieilles. Mais qu’est-ce qu’il représente, exactement? Un robot humanoïde, ça cherche à imiter l’apparence et les capacités d’un corps humain. Entre autres, il peut se déplacer dans des environnements conçus pour l’humain, utiliser des outils ou des appareils et communiquer avec nous.
Avant d’être développés scientifiquement, ils appartenaient surtout au théâtre, à la littérature, au cinéma et au folklore en général. Fruits de notre imagination, les robots aux allures humaines dictent depuis longtemps l’idéal technologique à atteindre. Alors pourquoi, soudainement, se retrouvent-ils à faire les manchettes?
D’où viennent-ils?
Avant tout, un petit cours d’histoire semble tout indiqué. Bien que Karel Čapek soit reconnu pour avoir introduit le terme «robot» en 1921 dans une pièce de théâtre nommée R.U.R., la première apparition du robot humanoïde remonterait à 1900, dans un court métrage de George Méliès, Coppelia : La Poupée animée. Dans ce film aujourd’hui disparu des archives, un jeune homme tombe amoureux d’une femme, mais découvre ensuite qu’elle n’est pas humaine, mais plutôt une machine. Ce scénario vous en rappelle-t-il des plus récents?
Depuis les années 1970, des prototypes de robots humanoïdes ont vu le jour. Malgré les innovations technologiques rapides, leurs performances étaient restées décevantes et inférieures à celles d’un être humain. Cependant, tout ça est en train de changer.
L’ère des robots humanoïdes et de l’AGI
Avec les grandes avancées connues par l’intelligence artificielle dans les dernières années, certaines compagnies ont pu perfectionner leur modèle de robot collaboratif. En mars dernier, le monde entier a pu visionner avec surprise et étonnement la vidéo d’Open AI mettant en vedette un robot humanoïde, Figure, propulsée par l’intelligence artificielle. Dans l’enregistrement, celui-ci répondait vocalement aux questions d’un humain, pouvait exécuter ses demandes, était doté d’un système de vision et d’une capacité d’analyse. Bref, le robot montré par OpenAI possède une grande intelligence visuelle et linguistique, comme nous ne l’avons jamais vu auparavant.
Si ceci est le futur de l’automatisation dans les usines, nous n’en sommes pas encore à l’AGI, l’intelligence artificielle générale, qui signifie que l’outil égale ou dépasse les capacités humaines dans un large éventail de tâches cognitives. Celle-ci diffère de l’intelligence artificielle étroite, qui est conçue pour des tâches spécifiques.
Je précise cela, car il est bien vrai que les robots sont utilisés en usine depuis plusieurs années, voire des décennies. La plupart d’entre eux sont à usage unique, c’est-à-dire qu’ils sont conçus pour réaliser une seule tâche spécifique et la répéter : c’est le principe de l’automatisation. Sur les chaînes de production, ils font des miracles.
Ce qu’Open AI et bien d’autres compagnies tentent d’accomplir, c’est la création d’un robot humanoïde qui pourrait réfléchir par lui-même, prendre des initiatives quant aux tâches à accomplir, analyser des situations et corriger des erreurs. Et là seulement, nous pourrions atteindre ce que la science-fiction fait miroiter sous notre nez depuis plus d’un siècle! Au-delà de l’automatisation en usine, ces robots pourraient faire partie de notre quotidien.
Les robots d’aujourd’hui et l’automatisation
La technologie la plus avancée qu’on voit régulièrement dans les usines, ce sont les robots collaboratifs, c’est-à-dire des machines qui peuvent travailler aux côtés d’employés, et ce, sans danger. À titre indicatif, on les oppose aux robots ordinaires qui n’ont pas conscience de leur environnement et qui continueront la tâche qu’ils ont à accomplir, même en cas d’accident. Grâce à des capteurs avancés et à des systèmes de contrôle, les robots collaboratifs vont détecter la présence humaine et arrêter ou ralentir leurs mouvements si nécessaire.
Au sortir de la pandémie, de grands besoins d’automatisation des lignes de production ont été révélés, entraînant une demande accrue pour les robots collaboratifs. L’analyse de marché faite par Interact Analysis prédit même une croissance annuelle de 27 % dans les 5 prochaines années.
Il devient donc évident que la compétition internationale se robotise à la vitesse grand V, avec la Chine largement en tête de peloton. Amazon, à lui seul, en a déployé 750 000 dans ses opérations, seulement en 2023. Si ce nombre vous semble peu, mettez cette statistique en perspective ; dans l’entière province de Québec en 2022, nous avions 7 500 robots industriels en opération.
L’intégration des technologies de la robotique est devenue incontournable pour l’industrie manufacturière. Tarder à l’adopter, c’est se tirer dans le pied, puisque l’augmentation de la productivité et de la compétitivité passe par là. Ils assurent une production constante et de qualité, réduisant les erreurs liées à la fatigue humaine et diminuant les temps d’arrêt. De plus, ils ne sont pas là pour remplacer les travailleurs, mais plutôt pour les assister en facilitant et en modernisant leur travail.
En somme, les robots collaboratifs apportent des avantages incontestables en termes de rentabilité, de productivité et de flexibilité, tout en améliorant les conditions de travail et la satisfaction du personnel. Qui s’en passerait?
En attendant que les robots humanoïdes prennent d’assaut les commerces et les places publiques, commençons déjà à intégrer la technologie largement disponible et automatisons-nous!