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Protectionnisme: et si vous vous implantiez aux États-Unis?

François Normand|Publié le 10 septembre 2020

Protectionnisme: et si vous vous implantiez aux États-Unis?

Les PME américaines préfèrent généralement brasser des affaires avec des entreprises implantées aux États-Unis (source: 123rf)

Le nationalisme économique et le protectionnisme sont des idéologies bipartisanes aux États-Unis, qui ne changeront pas après l’élection présidentielle du 3 novembre. Les entreprises canadiennes actives sur ce marché devraient peut-être envisager d’y créer une filiale afin de réduire leurs risques commerciaux.

Vincent Allard, fondateur et président de CorpoMax, une PME du Delaware spécialisée dans la création de sociétés américaines et le dépôt de marques américaines, estime que ces politiques pourraient même s’accentuer dans les prochaines années.

«Je crois que le nationalisme et le protectionnisme sont de plus en plus forts aux États-Unis», dit ce Québécois qui a vu passer quatre administrations (deux démocrates, deux républicaines) depuis 22 ans, et qui vient de publier trois guides pratiques, dont Comment lancer votre entreprise aux États-Unis.

Le nationalisme économique et le protectionnisme sont deux politiques différentes.

La première mise sur la production et les achats locaux pour créer des emplois en respectant les règles du commerce international, tandis que la seconde va plus loin en imposant des tarifs douaniers pour protéger des emplois, mais à l’encontre de ces règles.

 

Des coûts, mais beaucoup d’avantages

Pour un exportateur québécois, s’implanter aux États-Unis ne signifie pas qu’il doive cesser d’expédier ses marchandises sur le marché américain à partir du Québec, précise Vincent Allard.

Par contre, y créer une entreprise (un centre de distribution, par exemple) procure des avantages commerciaux même s’il y a des coûts (fiscalité, papiers d’immigration, gestion de la marque) précise le patron de CorpoMax, qui compte 5 000 clients dans 52 pays, dont environ 1 000 au Canada (surtout au Québec).

«Sur le plan du marketing, c’est mieux d’avoir une marque enregistrée aux États-Unis», dit-il, en précisant que c’est perçu comme un facteur positif, surtout dans un contexte où l’achat local est de plus en plus populaire auprès des Américains.

Avoir pignon sur rue chez nos voisins est aussi avantageux en ce qui a trait à la responsabilité légale. Car, en cas d’un litige commercial, ce dernier impliquera avant tout la filiale canadienne aux États-Unis plutôt que le siège social au Canada.

Enfin, d’un point de vue pratico-pratique, les PME américaines préfèrent généralement brasser des affaires avec des entreprises implantées aux États-Unis (américaine ou étrangère) parce que cela élimine la manipulation de devises et le risque de change, souligne Vincent Allard.

Même si les États-Unis sont le plus grand marché au monde, leur économie demeure relativement fermée, avec seulement 12% du PIB qui est exporté comparativement à 48% au Québec.