Du moment que vous avez implanté une solide stratégie passive, quatre conditions qui justifient de faire des transactions. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Lors d’un récent billet, nous avons discuté de l’évaluation de la performance de votre portefeuille, mais également de toute la préparation qui doit précéder cette évaluation : établissement de la répartition stratégique de l’actif, choix d’un indice de référence personnalisé, détermination d’un objectif de rendement à long terme, le tout documenté par écrit dans un journal de bord pour garder le cap sur vers vos objectifs financiers.
En cours d’année, il se peut toutefois que vous deviez apporter des modifications à votre portefeuille. Le présent billet vise à partager avec vous les bonnes et les mauvaises raisons d’effectuer des transactions.
Les bonnes raisons
Selon moi, du moment que vous avez implanté une solide stratégie passive (avec l’aide, admettons, de FNB indiciels) il n’y a que quatre conditions qui justifient de faire des transactions.
1- Importantes entrées ou sorties de fonds
Une entrée de fonds peut provenir d‘une contribution ou des revenus de votre portefeuille. Dans les deux cas, vous voulez mettre cet argent au travail aussi tôt que possible, pour bénéficier des rendements espérés des marchés financiers. Inversement, lorsque vous avez besoin d’effectuer un retrait, vous devrez liquider des placements. Les achats et les ventes de placements doivent cependant maintenir le portefeuille en phase avec sa répartition stratégique de l’actif, soit vos pondérations cibles en obligations, en actions canadiennes, américaines et internationales.
2- Rééquilibrage de portefeuille
Lorsque les marchés boursiers s’apprécient de beaucoup, il se peut que les actions deviennent très surpondérées par rapport à votre répartition stratégique de l’actif. Dans ce cas, il est souhaitable de revendre un peu de vos actions pour réinvestir en obligations : c’est ce qu’on appelle le rééquilibrage de portefeuille. L’inverse est vrai lorsque la Bourse se déprécie largement. Ainsi, vous aurez tendance à prendre des profits sur vos FNB d’actions lors des marchés haussiers et à magasiner les aubaines pendant les marchés baissiers tout en maintenant l’équilibre à long terme désiré entre actions et obligations. Il est inutile de rééquilibrer votre portefeuille pour des petites déviations. Il n’y a toutefois pas de règle optimale pour le rééquilibrage. Personnellement, je préfère rééquilibrer lorsque l’une des classes d’actif devient hors-cible par plus de 5 %. Par ailleurs, les gens qui investissent avec des FNB d’allocation d’actif n’ont pas à se soucier du rééquilibrage : il est fait automatiquement par le gestionnaire du FNB.
3- Récolte de pertes fiscales
Lorsque le marché dégringole, vous voudrez tirer le meilleur parti de la situation en réalisant des pertes en capital sur certains titres de votre portefeuille, surtout si vous avez réalisé des gains en capital imposables à l’intérieur des trois années précédentes. Pour pourrez alors appliquer ces pertes contre vos gains passés et obtenir un remboursement d’impôt. Lorsque vous vendez un FNB pour réaliser une perte fiscale, vous devez remplacer ce FNB par un autre qui calque la même classe d’actif afin de demeurer conforme à votre répartition stratégique de l’actif. Attention! Ce nouvel FNB ne doit pas porter sur le même indice de marché que son prédécesseur, sinon le fisc vous refusera la déduction : c’est ce qu’on appelle une perte apparente. La récolte de pertes fiscales est un sujet complexe, c’est pourquoi vous devriez consulter votre conseiller financier avant d’agir.
4- Un changement important de votre situation personnelle
La vie comporte son lot d’événements heureux et malheureux qui peuvent modifier vos objectifs de rendement et votre tolérance au risque : une naissance ou un décès, un mariage ou une séparation, ou encore une promotion au travail sont des raisons qui peuvent justifier un changement à votre stratégie de placement. De plus, tout le monde change avec le temps : ce changement est imperceptible de jour en jour, mais sur plusieurs années, nous changeons tous : nos opinions se transforment, nos valeurs se modifient et puis nous vieillissons tous ce qui nous force à nous adapter. De plus, certaines de nos expériences de placements (par exemple notre réaction lors du bref krach du printemps 2020) nous feront peut-être réaliser qu’après tout nous avons une plus grande ou moins grande tolérance au risque que nous eussions cru auparavant.
Quelques mauvaises raisons
Tel qu’expliqué plus tôt, mon hypothèse de travail est que l’investisseur applique une stratégie passive à l’aide de FNB indiciels. On exclut donc toutes les transactions qui impliquent des actions et obligations individuelles, l’atteinte de prix-cible et les changements dans les fondamentaux des émetteurs. Voici donc quelques-unes de mes mauvaises raisons préférées :
1- Le marché est cher
Les ratios d’évaluation tel que le ratio cours/bénéfice de Shiller fournit un aperçu de la cherté des actions, mais jamais avec une précision suffisante pour prédire les hauts et les bas du marché. Selon une étude publiée par le groupe Vanguard, le ratio C/B explique environ 40% des fluctuations des prix en Bourse. Il existe plusieurs exemples historiques où des marchés déjà chers ont poursuivi à la hausse pour plusieurs années. Si vous vendez parce que le marché et cher, vous pourriez le regretter.
2- Elon Musk achète des Bitcoins
Et alors? Vous n’êtes pas obligé de l’imiter. M. Musk peut probablement se permettre de perdre de grandes sommes. Est-ce votre cas? À mon avis la meilleure chose à faire est d’ignorer les nouveaux produits exotiques. Le fait qu’ils soient associés à des personnalités connues ne leur apporte aucune crédibilité.
3- Le lancement d’un nouveau FNB avec des frais moindres
Au point où le marché en est, plusieurs des FNB disponibles offrent des frais de gestion minimes. Ce n’est pas l’économie de quelques centièmes de 1 % qui va vous faire progresser financièrement.
Conclusion
La grande majorité des opérations négociées dans un portefeuille bien géré servent à demeurer en phase avec votre répartition stratégique de l’actif. Cette dernière doit servir de colonne vertébrale à la gestion de votre portefeuille. Un portefeuille bien géré devrait comporter peu de transactions, puisque votre situation personnelle ne change pas fréquemment. Mis à part les rééquilibrages, les hauts et les bas du marché ne devraient pas vous inciter à négocier activement, et le lancement de nouveaux produits à la mode non plus.