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Quand le Québec explore le graphite à l’étranger

Simon Lord|Édition de la mi‑mai 2021

Quand le Québec explore le graphite à l’étranger

« Durant [28] années, nous comptons exploiter seulement les 20 à 30 premiers mètres d’épaisseur du gisement sur 60 % de sa surface. Mais le gisement est là jusqu’à 200 mètres. C’est sûr qu’éventuellement, nous aimerions augmenter la production», dit Benoit La Salle, administrateur et président exécutif du conseil, SRG Mining (Photo: courtoisie)

INDUSTRIE MINIÈRE. Les projets de mines de graphite au Québec font les manchettes, mais les projets d’exploitation de ce même minéral à l’étranger pilotés par des entreprises d’ici font moins de bruit. Pourtant, au moins un gros projet du genre est sur le point d’entrer en phase de construction en Guinée. D’emblée, difficile de savoir exactement quelles minières québécoises font de l’exploration de graphite hors de nos frontières et combien elles sont.

Interrogé par Les Affaires, le directeur des communications stratégiques et des affaires publiques de l’Association minière du Québec, Mathieu St-Amant, explique que le mandat de son organisme ne couvre que les activités minières dans la province. «Nous ne sommes pas informés sur les entreprises québécoises actives à l’étranger si elles ne font pas partie de nos membres, précise-t-il. Pour le moment, notre seul membre actif dans ce secteur est Nouveau Monde Graphite et il n’opère pas à l’étranger.»

Même son de cloche à la direction des communications du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles. Le porte-parole, Eric de Montigny, n’a pas été en mesure de lister les sociétés québécoises qui font de l’exploration ou de l’exploitation à l’extérieur de la province. «Nous ne faisons pas le suivi des travaux d’exploration et d’extraction effectués en dehors du Québec», écrit-il dans un échange de courriels.

 

Du graphite en gros en Guinée

Quoi qu’il en soit, une minière basée à Montréal, SRG Mining, parle publiquement de son projet en Afrique de l’Ouest, où les travaux de construction pourraient débuter très rapidement.

Baptisé Lola, ce projet est situé dans le sud-est de la Guinée. Il est unique pour différentes raisons, assure SRG Mining. L’une d’entre elles étant qu’une quantité de graphite équivalent à trois ans de production a déjà été vendue dans le cadre de contrats d’approvisionnements (bankable offtake agreements).

«Notre gisement, créé il y a 3,5 milliards d’années par des éruptions volcaniques, est très pur. Plus que la plupart des autres gisements, qui ont plus souvent été créés par décomposition de matière il y a 700 millions d’années», explique Benoit La Salle, administrateur et président exécutif du conseil de SRG Mining. Pour le moment, la minière prévoit une production d’environ 54 000 tonnes par année. À ce rythme, la mine aurait une durée de vie de 28 ans, pour une production totale de 1 512 000 tonnes.

«Durant ces années, nous comptons exploiter seulement les 20 à 30 premiers mètres d’épaisseur du gisement sur 60 % de sa surface, détaille Benoit La Salle. Mais le gisement est là jusqu’à 200 mètres. C’est sûr qu’éventuellement, nous aimerions augmenter la production.»

Premières pelletées de graphite d’ici deux à trois ans

Le projet Lola va bon train:l’étude de faisabilité a été réalisée, de même que les études environnementales et les permis ont été octroyés. Il reste seulement à établir les détails liés à l’ingénierie avec les fournisseurs et à commencer la construction.

«On parle d’un coût en capital de 120 millions de dollars américains (M$US), estime Benoit La Salle. Le financement devrait être clôturé d’ici quelques mois, et une fois que ce sera fait, on pourra entrer en construction. La mine devrait ensuite entrer en exploitation 18 mois plus tard.»Dans le cadre de ses projections financières, SRG Mining a calculé que la mine pourrait générer des revenus de plus de 70 M$US par année, soit 54 000 tonnes de production multipliée par un prix projeté du graphite de 1300 $US la tonne. «Notre coût de production est d’environ 500 $US la tonne, dit son président exécutif. On parle donc de marges de 60 % approximativement.»

Malgré ces chiffres alléchants, le plus gros défi de la minière, jusqu’à présent, a été le financement. En effet, même si la demande est forte pour le graphite, la crise sanitaire a ralenti le développement de nouveaux projets, alors que l’échec de certains projets notables a mis les bailleurs de fonds sur un pied d’alerte.

SRG Mining ne compte cependant pas laisser ce défi l’arrêter. L’entreprise table actuellement sur d’autres projets au Liberia, non loin de son projet Lola. Elle a aussi récemment présenté une offre pour racheter les actifs de Lithium Amérique du Nord, qui est sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies depuis mai 2019.

«Il y a beaucoup de synergies potentielles. Ce sont souvent les mêmes clients, sans compter qu’on a une grande expertise, fait valoir Benoit La Salle. Donc, même s’il s’agit d’un projet complexe dans lequel les gens se sont brisé les dents à trois reprises, on est certains d’être capables de relever le défi.»