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Quatre exemples d’innovations durables au Québec

Kévin Deniau|Publié le 29 Décembre 2022

Quatre exemples d’innovations durables au Québec

L’espace Le Vitrail, une ancienne église reconvertie en lieu culturel à Thetford Mines, en Chaudière-Appalaches (Photo: courtoisie)

INFRASTRUCTURES ET GRANDS PROJETS.  Qu’il s’agisse d’améliorer l’efficacité énergétique des écoles avec de la chimie verte, d’installer la géothermie dans une ancienne église ou encore de transformer des étiquettes en isolant thermique pour bâtiments, les entreprises du Québec innovent.

 

1. La chimie verte de TGWT 

À Victoriaville, le Centre de services scolaires Bois-Francs vient de mener un projet pilote original au sein de trois écoles. Afin de protéger leurs installations contre le tartre et la corrosion, tout en augmentant l’efficacité énergétique des bâtiments, elle a injecté dans leurs chaudières à eau chaude un additif à base de tanin purifié fait d’écorces d’arbres.

Derrière cette innovation, on trouve une entreprise de Longueuil spécialisée dans la chimie verte, TGWT (pour The Green Water Treatment).

Cinq mois plus tard, on constate une réduction de consommation de gaz naturel de 7 % à 15 % en fonction des établissements, ce qui représente un gain de plus de 4 000 $ et l’élimination de près de 20 tonnes de CO2.

« Notre produit naturel fait notamment en sorte qu’il y ait moins de friction sur la tuyauterie et que l’énergie se répartisse plus uniformément », explique Steve Jobin, chimiste chez TGWT. 

« Le retour sur investissement est atteint entre 12 et 18 mois grâce aux économies d’énergies réalisées. Et pour les chaudières à vapeur, c’est encore plus rapide », ajoute Louis-Philippe Cloutier, son président, qui constate un vrai engouement des clients ces deux dernières années. 

Notons que ce projet fait partie des lauréats des prix Eurêka! d’un Québec vert et prospère, organisé par Écotech Québec le 22 septembre dernier.

 

2. Soprema tire parti des rebuts 

L’histoire est cocasse. Lors d’une tournée d’entreprises organisée par la Chambre de commerce et d’Industrie Française au Canada, Grégory Wielgus se retrouve à visiter l’entrepôt logistique de l’enseigne de magasins de sport Décathlon, à Montréal. Pendant que les différentes personnes de la délégation parlent finance ou stratégie, lui… scrute attentivement les poubelles.

Le directeur des achats pour l’Amérique du Nord et responsable de la division recyclage de Soprema, une entreprise manufacturière internationale spécialiste dans les produits d’étanchéité et d’isolation, y remarque plusieurs matières intéressantes, dont des étiquettes en papier glacé (aussi appelé glassine), jusqu’alors directement envoyées à l’enfouissement.

Tous les vendredis, Soprema récupère désormais ces étiquettes pour en faire, dans son usine de Drummondville, des panneaux en ouate de cellulose, un puissant isolant biosourcé pour les bâtiments. Bilan : 400 kg de déchets réutilisés par an. 

 

3. Le laboratoire expérimental du Phénix 

Implanté au sud-ouest de Montréal, Le Phénix était à l’origine un entrepôt désaffecté datant des années 1950. « Le défi était justement de prendre un édifice existant, pour réduire l’empreinte carbone de construction et avoir une approche de conception totalement intégrée », explique Hugo Lafrance, associé stratégies durables au sein de l’entreprise d’architecture et de design Lemay.

Le projet est un véritable laboratoire expérimental de nouvelles approches durables. D’abord, l’éclairage se veut plus économe en énergie, avec des DEL à haut rendement ou des détecteurs de mouvements et de lumière naturelle. On y favorise les déplacements actifs, en mettant en valeur les escaliers plutôt que les ascenseurs. On trouve également une meilleure isolation de la toiture et de l’enveloppe du bâtiment qui mise sur des fenêtres plus grandes au sud, ainsi que sur un triple vitrage sur la façade nord et sur un mur solaire thermique qui préchauffe l’air de ventilation… Sans oublier les 379 panneaux photovoltaïques installés sur le toit qui en font un bâtiment certifié carbone zéro. 

 

4. Induktion mise sur la géothermie 

Avec leur haut plafond, les édifices religieux ne sont pas les plus économes en énergie. Mais ceci n’est pas une fatalité. La preuve en est avec l’espace Le Vitrail, une ancienne église reconvertie en lieu culturel à Thetford Mines, en Chaudière-Appalaches.

L’entreprise de Québec Induktion, spécialiste en modèles écoénergétiques dans les bâtiments, a ainsi été mandatée pour installer un système de chauffage et de climatisation par géothermie. Le principe ? « On utilise le sol comme une grosse batterie thermique. On puise l’énergie en hiver pour la transférer au bâtiment et on la relâche en été », explique Marc-Antoine Audy, directeur de l’ingénierie de l’entreprise qui compte une quarantaine de salariés.

La consommation énergétique s’en trouve réduite de 70 % tandis que, dans ce cas, l’électricité se substitue au gaz naturel. « En plus de l’avantage financier, avec un investissement initial qui se rentabilise en moins de sept ans, les exploitants du bâtiment deviennent propriétaires de leur énergie », pointe Thomas Boisvert St-Arnaud, vice-président développement et stratégie de la firme. Cette dernière s’adresse en priorité aux « grands oubliés de la transition énergétique » : les PME régionales et les OBNL. 

Ce projet fait également partie des lauréats des prix Eurêka ! d’un Québec vert et prospère, organisé par Écotech Québec.