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Quatre filons pour se relever encore plus fort

Maxime Guilbault|Publié le 04 septembre 2020

Quatre filons pour se relever encore plus fort

(Photo: 123RF)

La pandémie de la Covid-19 menace des milliers d’entreprises dans le monde. Or, malgré une fermeture de plusieurs semaines et des frais substantiels liés à la reprise des opérations, les minières s’en sortent relativement bien. Elles font même preuve de résilience dans un monde de plus en plus incertain.

Il faut dire que les 40 plus importantes minières au monde avaient connu une excellente année 2019, caractérisée par un meilleur chiffre d’affaires, davantage de dividendes versés aux actionnaires et une augmentation de la capitalisation boursière.

Quant aux six entreprises canadiennes membres de ce club sélect, elles ont déclaré des marges bénéficiaires nettes supérieures à l’ensemble des minières et des ratios d’endettement net inférieurs, ce qui est venu confirmer la solidité de leur base financière.

De fait, les minières canadiennes pourraient ressortir plus fortes de cette crise si elles agissent promptement sur certaines dimensions de leur réalité. Notre plus récente lecture de l’industrie met en lumière quatre clés pour réussir.

Clé #1 – Le filon ESG

ESG est l’acronyme des mots Environnement, Social et Gouvernance. Chacun des mots sous-tend des objectifs assumés: limiter l’empreinte des activités minières sur les milieux naturels, obtenir l’acceptabilité sociale d’exploitation d’une mine et faire preuve d’une gouvernance compétente, transparente et responsable.

Les minières canadiennes savent depuis longtemps responsabiliser leur direction et fixer des objectifs de santé et sécurité au travail. Elles doivent appliquer les mêmes exigences pour l’ensemble des critères ESG.

La publication annuelle de leurs résultats ESG devrait devenir une priorité à nos yeux. L’industrie pourrait aussi envisager de promouvoir une norme ESG mondiale afin d’en faire bénéficier toute l’industrie.

Nos recherches démontrent également que de bonnes pratiques en matière ESG sont non seulement bénéfiques pour l’environnement et les populations, mais aussi pour la santé financière et la résilience des entreprises.

Concernant l’environnement, 72 % des participants à notre sondage annuel auprès des dirigeants d’entreprises dans le monde savent qu’une réponse adéquate au changement climatique améliore leur réputation auprès de certains interlocuteurs clés, notamment les investisseurs qui en font dorénavant un critère de décision de placement.

Clé #2 – Le filon de la cybersécurité

Le même sondage annuel révèle que seulement 57 % des dirigeants de sociétés minières manifestent des inquiétudes concernant la menace de la cybersécurité. C’est pourtant une menace à ne pas sous-estimer.

À mesure qu’elles adoptent des technologies numériques, notamment l’automatisation, l’analytique des données et la robotisation, les minières s’exposent à des vulnérabilités. Les systèmes sont connectés à leurs réseaux, à certains fournisseurs et à d’autres d’entreprises. Ils contrôlent parfois des infrastructures essentielles.

Toute attaque musclée peut donc causer de lourds dommages tant opérationnels que financiers.

Les risques se sont d’ailleurs accrus pendant la pandémie. Le contexte ayant nécessité un accent accru sur d’autres éléments. Les cybermenaces ont augmenté de façon exponentielle dans les derniers mois et rien n’indique que le phénomène s’estompera.

Les solutions résident dans l’établissement d’un programme complet de gestion des risques qui prend en compte de tous les systèmes et prévoit des plans de réponse testés.

Clé #3 – Le filon numérique

Même si elles doivent prendre au sérieux les enjeux de cybersécurité, les minières n’ont pas le choix d’accélérer l’implantation des technologies numériques.

Comme nous l’avons indiqué dans un précédent billet, les applications ne manquent pas: automatisation, intelligence artificielle, modélisation 3D, numérisation des données historiques, contrôles à distance, robotisation de tâches répétitives ou risquées, transport télécommandé, etc.

Du côté des ressources humaines, plusieurs entreprises minières ont modifié leurs façons de faire pendant la pandémie. C’est le moment de voir si certains de ces changements, comme le télétravail ou d’autres aménagements des effectifs, méritent d’être maintenus.

Clé #4 – Le filon des occasions

L’année 2018 avait marqué le retour des mégatransactions dans le secteur aurifère et 2019 n’a fait qu’accentuer cette tendance. Sur les cinq grandes transactions mondiales, quatre concernaient des sociétés canadiennes.

Les plus importantes ont été l’acquisition de Goldcorp par Newmont, celle de Detour Gold par Kirkland Lake Gold, ainsi que la fusion des opérations au Nevada de Barrick et Newmont sous la forme d’une coentreprise. Et malgré le ralentissement attendu de 2020, SSR Mining vient de proposer une fusion de 2,4 milliards de dollars américains à Alacer Gold.

Il faut cependant s’attendre à ce que plusieurs minières conservent leurs liquidités puisque la conjoncture économique rend les valorisations plus difficiles.

Cela dit, certaines transactions pourraient permettre aux minières d’accroître leur résilience, notamment par des transactions plus modestes visant à améliorer leur profil et à attirer l’attention des investisseurs.

Certaines aurifères l’ont fait cette année, souvent par des transactions sans payer de prime.

Sortir plus fort

Les entreprises minières ont un avantage clé dans la nouvelle réalité dans laquelle nous vivons tous: la nature cyclique de leur industrie leur a appris à être inventives lors de périodes de volatilité.

En s’engageant dans de bonnes pratiques ESG, en faisant de la cybersécurité et du numérique une priorité et en flairant les bonnes transactions, elles pourront envisager l’avenir avec sérénité.

À preuve, comme nous avons pu le constater au cours des dernières semaines, certains métaux sont au cœur de la relance économique mondiale, on peut penser à l’or.

La tendance saura-t-elle se maintenir?

Cependant, la conjoncture laisse présager que les sociétés minières de partout dans le monde peuvent tirer leur épingle du jeu. Certains gouvernements, comme celui du Québec, considèrent déjà stimuler et accélérer certains projets porteurs.

L’avenir est prometteur, mais il en tient aux acteurs du milieu d’optimiser chacun des leviers offerts pour maintenir cette cadence dans un contexte d’incertitude.