Que faire avec son portefeuille à l’approche de la retraite?
Ian Gascon|Édition de la mi‑octobre 2020(Photo: Harli Marten pour Unsplash)
LES FNB DÉMYSTIFIÉS. L’approche de la retraite est une période cruciale pour un investisseur. Après des années d’épargne, vous voilà près du moment où vous commencerez à décaisser vos placements. C’est aussi le moment de votre vie où la valeur de votre patrimoine est possiblement à son maximum.
Depuis plusieurs décennies, vous aviez le temps de récupérer vos pertes lorsqu’une correction importante des marchés survenait. Encore plus important, le fait que votre épargne additionnelle était investie au moment où le marché était plus bas vous permettait d’accélérer la récupération des pertes. Après le jour de votre retraite, ce n’est généralement plus le cas.
Ainsi, la plus grosse différence entre avant et après la retraite, c’est qu’au lieu d’épargner, vous commencez à décaisser. C’est évident, mais les conséquences d’une correction importante sur votre patrimoine ne seront pas du tout la même. À la retraite, votre capacité à épargner est limitée. Après une correction, tout retrait de vos placements réduira votre capacité à récupérer des pertes antérieures.
À l’approche de la retraite, il est donc important de vous assurer que le niveau de risque de votre portefeuille est adapté à cette nouvelle réalité. Si vous comptez sur vos placements afin de recevoir un revenu suffisant dès le jour de votre retraite, il serait probablement sage de réduire le risque de votre portefeuille. Une correction importante des marchés aura alors moins d’incidence sur les revenus futurs que vous pourrez retirer de vos placements.
Évidemment, chaque investisseur est unique. Certains ont besoin de leurs placements afin de s’assurer une retraite confortable alors que d’autres en recevront suffisamment de leurs régimes de retraite. Pour ces derniers, le portefeuille peut rester plus risqué dans l’optique de maximiser une éventuelle succession et aucun changement ne pourrait être requis à l’approche de la retraite.
Une erreur fréquente
Un investisseur doit se questionner périodiquement sur son profil d’investisseur. Parmi nos clients, il n’est pas rare de voir, quelques années avant la retraite, un client changer son horizon de placement de 10 ans et plus à un horizon de 5 à 10 ans. Dans certains cas, ce changement est justifié, mais pour la plupart des investisseurs, l’horizon de placement demeure à très long terme, même à l’approche de la retraite.
L’horizon de placement devrait être interprété comme le moment où l’on prévoit avoir besoin de la majorité de son épargne ou d’une portion significative. Un investisseur qui a accès au régime de retraite de son employeur pourrait ne pas avoir besoin de retirer ses placements avant plusieurs années. Dans les faits, la majorité des investisseurs ne souhaitent retirer qu’un faible pourcentage annuellement de leurs placements afin de combler les besoins financiers à la retraite. Même en retirant 5 % de ses placements par année à partir de l’année de sa retraite, l’horizon de placement d’un investisseur est souvent encore de 20, voire de 30 ans. Il est donc inutile de tout chambouler son portefeuille.
Il est donc important de faire la distinction entre l’horizon de placement et la tolérance au risque. C’est davantage ce dernier paramètre qu’il faut généralement adapter à sa nouvelle réalité. Mieux vaut le faire tôt qu’attendre la prochaine correction et potentiellement devoir retarder l’année de sa retraite.
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Les titres à dividendes ne sont pas une panacée
Après des années de rendements intéressants, les titres à dividendes élevés connaissent une année très difficile. À l’exception du secteur de l’énergie, ils ont été parmi les titres les plus malmenés au Canada cette année. Ce revirement de situation s’explique par plusieurs facteurs. Notamment, la baisse plus importante du secteur financier qui est surreprésenté parmi les titres à dividendes ainsi que la capacité de certains titres à maintenir leur dividende dans un contexte de pandémie. Des titres à dividendes élevés ne garantissent pas un rendement plus élevé et plus stable à long terme. Il n’est donc pas nécessaire de tourner son portefeuille vers des titres à dividendes afin d’en retirer un revenu stable. Il y a d’autres façons de gérer le risque d’un portefeuille. Par exemple, un portefeuille bien diversifié mondialement est probablement plus avantageux à long terme qu’un portefeuille comportant quelques titres canadiens à dividendes élevés.