«À mes yeux, nous devons attaquer le problème sur deux fronts. Le premier est de revoir les espaces existants afin de répondre aux besoins actuels, le deuxième est d’imaginer un nouveau centre-ville… rien de moins!» écrit Nicolas Duvernois. (Photo: Sophie Marieke pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Avec une nouvelle réalité du travail se précisant de plus en plus, la question mérite d’être posée. Que faire des immenses tours de bureaux désertées du centre-ville de Montréal?
Aujourd’hui, une bonne majorité des employés n’y sont toujours pas retournés et préfèrent travailler en télétravail ou s’y rendre, bien souvent à reculons, à peine quelques jours par mois. En effet, au fil des différentes vagues et d’un espoir de « retour à la normale », le centre-ville de Montréal, surtout ses commerçants, avait hâte de revoir la clientèle remplir les foires alimentaires et faire quelques emplettes à l’heure du lunch!
Cet espoir semble aujourd’hui de plus en plus mince. Il est difficile de prévoir l’avenir, mais il serait très surprenant de revoir, ne serait-ce que dans les prochaines années, ces tours remplis à nouveau.
Bien que je comprenne entièrement cette nouvelle réalité, le constat m’attriste. Je pense ici aux milliers de commerçants, restaurateurs ainsi qu’à leurs employés qui perdent une bonne partie de leurs revenus ou de leurs salaires vu la baisse drastique de l’achalandage.
Il n’existe aucune grande ville dans le monde sans un centre-ville bouillonnant d’activités, sans vitalité économique, sans une foule qui remplit les commerces, les restaurants et les salles de spectacles.
Éternel positif de nature, je ne déclare pas le centre-ville de Montréal mort, mais disons qu’il faille réfléchir et surtout agir le plus rapidement possible afin de lui redonner l’oxygène nécessaire.
Maintenant les tours. Certes, mille et une idées fusent de toute part, cependant, elles ressemblent beaucoup plus à un rêve qu’à un projet concret en voie de se réaliser. Certains proposent de les transformer en tours d’habitation, en espaces de travail partagé, en hôtels, en lieux multifonctionnels, en locaux pour accueillir les startups et même, pourquoi pas, en hôpital!
Mais bien que toutes idées méritent d’être partagées, il ne faut jamais oublier les coûts pharaoniques et le temps qu’il faudrait pour transformer la Place Ville-Marie, pour n’en nommer qu’une, en tour à condo!
À mes yeux, nous devons attaquer le problème sur deux fronts. Le premier est de revoir les espaces existants afin de répondre aux besoins actuels, le deuxième est d’imaginer un nouveau centre-ville…rien de moins!
Le cubicule d’hier doit faire place à l’espace innovant et créatif d’aujourd’hui. Bien que plusieurs entreprises offraient déjà avant la pandémie de superbes bureaux à leurs employés, ces espaces doivent se transformer afin d’offrir beaucoup plus que de simples lieux où l’on se déplace pour travailler.
Lieux de rencontres informelles incitant la collaboration et la communication, incluant tous les équipements technologiques essentiels, ainsi que des espaces réfléchis afin de réduire le son, le stress et l’anxiété avec comme objectif de favoriser la concentration, le bureau post-pandémie doit être un environnement misant beaucoup plus sur le bien-être global de l’employé que sur la productivité. Ceci est d’autant plus vrai connaissant très bien l’importante corrélation entre ces deux derniers concepts.
De l’autre côté, on a beau offrir les plus beaux bureaux, si l’environnement avoisinant n’offre aucune expérience parallèle ni aucun bonheur pour s’y rendre, la bataille est perdue d’avance! Il est primordial que l’offre commerciale, culinaire, artistique expérientielle et tout ce qui tourne autour soit également au rendez-vous afin de donner à tous le goût de revenir travailler dans ces fameuses tours de bureaux.
Cela étant dit, la patience sera de mise. Il faudra certainement plusieurs années avant d’évaluer l’impact de ces changements, mais une chose est certaine, plus on agira rapidement et intelligemment, plus on donnera une chance au centre-ville de renaître de cette pandémie qui lui a presque été fatale.