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Olivier Laquinte

Transformation numérique

Olivier Laquinte

Expert(e) invité(e)

Quel âge numérique avez-vous?

Olivier Laquinte|Mis à jour le 18 juin 2024

Quel âge numérique avez-vous?

Les 65 ans et plus formeront bientôt plus de 25% de la population. (Photo: 123RF)

Mon âge chronologique est de 47 ans. Lors de mon dernier test physique, on m’a dit que mon âge corporel était un peu moins élevé. Quand je suis avec mes amis, ma conjointe trouve que j’ai l’âge mental d’un garçon de 16 ans. Peu importe le contexte, ma fille pense que j’ai 115 ans, et pour ma mère, j’aurai toujours 5 ans. Alors, qui a raison?

À ce stade, vous pensez peut-être que je vais vous parler de la notion de majorité numérique avancée par notre gouvernement provincial et par de nombreux autres états dans le monde. Mais non, j’ai plutôt envie de parler de l’autre bout du spectre de la vie.

Un peu plus tôt cette année, j’ai eu la chance d’assister à une conférence de Mme Frédérique Garnier. Consultante de carrière, elle s’est formée à la gérontologie à la fin de sa «première» carrière et a notamment été membre du comité national d’éthique sur le vieillissement. Sa conférence portait sur l’inclusion numérique des personnes aînées.

Je dois avouer que j’ai été très touché par ses propos. J’ai réalisé que nous avons la fâcheuse habitude de ne pas penser d’emblée aux personnes de 65 ans et plus, voire de les mettre de côté sous prétexte qu’elles ne sont généralement plus sur le marché du travail. Or, non seulement est-ce de moins en moins vrai, mais n’avons-nous pas un devoir envers ceux et celles qui nous ont permis d’être ce que nous sommes aujourd’hui?

Lentement mais surement, la technologie fait en sorte que nous sommes «vieux» plus longtemps que nous sommes «jeunes». Évidemment, la notion de vieillesse est subjective et dépend de plusieurs facteurs. Cependant, il n’en demeure pas moins que notre espérance de vie, a largement augmenté au cours du dernier siècle.

Étant en santé plus longtemps, le paysage dans lequel nous vivons se transforme. Mais si la vie active s’allonge, le vieillissement apporte tout de même son lot de défis, tant physiques que mentaux. Dans un monde où il est de plus en plus difficile de faire partie de la société sans être connecté, il me semble crucial de nous attarder à l’impact de la numérisation sur les personnes âgées.

Comme l’a bien souligné Mme Garnier pendant sa conférence, n’oublions pas que ce sont les personnes âgées d’aujourd’hui qui sont à l’origine de l’ère du microordinateur. Bill Gates a 68 ans et Steve Jobs aurait tout juste célébré son 69e anniversaire. Oserait-on leur dire qu’il est normal qu’ils ne puissent plus «suivre» parce qu’ils sont trop vieux? Je mets au défi quiconque de répondre par l’affirmative.

Au-delà de la question de dignité, il y a aussi une réalité économique à s’assurer de l’accessibilité de la technologie aux personnes âgées. N’oublions pas que les 65 ans et plus formeront bientôt plus de 25% de la population, alors que le groupe des 25 ans et moins est en diminution. Ils représentent un marché important.

Alors que nous commençons collectivement à réfléchir à la notion de majorité numérique, je propose qu’on élargisse la réflexion pour s’interroger sur la notion d’âge numérique.

Ça me semble important. D’une part, car à l’heure actuelle la notion de majorité numérique semble se limiter aux réseaux sociaux, ce qui est grandement réducteur. D’autre part, la numérisation de notre société a un impact dans toutes les démographies. Pourquoi ne pas être des précurseurs et commencer à définir ce qu’est l’âge numérique et de réfléchir à l’impact sur l’impact que cela sur notre manière de vivre ensemble.

Ce concept peut être défini comme l’âge d’une personne basé sur son utilisation et sa maitrise des technologies numériques. Contrairement à l’âge chronologique, qui mesure le temps écoulé depuis la naissance d’une personne, l’âge numérique reflète le niveau de familiarité et de compétence qu’une personne a avec les outils et les environnements numériques.

Voici quelques critères pour définir l’âge numérique :

· Compétences technologiques : La capacité à utiliser divers dispositifs et logiciels.

· Connaissance des plateformes en ligne : Familiarité avec les réseaux sociaux, les plateformes de communication et les services en ligne.

· Fréquence d’utilisation : Le temps passé sur les appareils numériques et les services en ligne.

· Adaptabilité aux nouvelles technologies : La capacité à apprendre et à s’adapter rapidement aux nouvelles technologies et innovations.

· Sécurité numérique : La connaissance et la pratique des mesures de sécurité en ligne.

On comprend donc que l’âge numérique peut varier considérablement d’une personne à l’autre, indépendamment de l’âge chronologique.

À nous tous et toutes qui travaillons dans le numérique, je lance le défi de créer un monde où les notions d’équité, de diversité et d’inclusion ne s’arrêtent pas à 65, 70 ou 75 ans. Assurons-nous que les technologies que nous développons et que nous implantons ne deviennent pas des outils d’exclusion et restent accessibles au plus grand nombre.

Pensons-y dès maintenant, car je vous souhaite à tous et toutes de devenir vieux ou vieilles un jour, et de le rester longtemps.