(Photo: 123RF)
À VOS AFFAIRES. Dans le monde de la planification financière personnelle, les diverses projections occupent une place importante. C’est grâce à ces prévisions qu’on peut notamment savoir si on a assez d’assurance-vie en vigueur ou si on aura assez d’argent pour sa retraite.
Lorsqu’on fait des simulations, il est facile de jongler avec les chiffres et de modifier l’apparence d’une situation. Je prévois manquer d’argent à 82 ans et je trouve ça intolérable ? Pas de problème, je vais augmenter le rendement de 2 % par année dans mon portefeuille en prenant un peu plus de risque. Résultat ? Le portrait change complètement et ma succession aura une fortune à mon décès.
Comme vous vous en doutez bien, cette façon de faire est un leurre. On se ment à soi-même et le problème est loin d’être réglé.
Pour faire des projections dans les règles de l’art, il faut s’appuyer sur des hypothèses réalistes. Depuis plusieurs années, l’Institut québécois de planification financière (IQPF) et le Conseil des normes de FP Canada (FP Canada) publient justement le guide «Normes d’hypothèses de projection», à être utilisé par quiconque désire faire des calculs réalistes pour l’avenir.
Quand on parle de normes, on parle de balises, de pourcentages et de probabilités. Certes, une situation n’évoluera certainement pas selon ce qui a été prévu, même avec les meilleures normes du monde. Ce n’est pas grave pour trois raisons. Premièrement, c’est inévitable, on doit travailler avec les outils à sa disposition et aucun de ces outils n’est une boule de cristal. Deuxièmement, une révision périodique devrait être faite. Finalement, les écarts (négatifs) devraient être mineurs à moyen terme, si les hypothèses initiales étaient appuyées sur des fondements solides.
Parmi les hypothèses de projection les plus importantes, on trouve le taux d’inflation ainsi que le taux de rendement de diverses catégories d’actifs.
Les hypothèses relatives à ces taux sont calculées en prenant la moyenne équipondérée de quelques sources indépendantes :
> Régime de rentes du Québec (RRQ) : pour tous les taux
> Régime de pensions du Canada (RPC) : pour tous les taux
> Sondage de l’IQPF et de FP Canada auprès d’experts en placement : pour tous les taux
> Données des 50 dernières années : pour les catégories d’actifs, sauf revenu fixe et court terme
> Banque du Canada : pour l’inflation
Dans le cas des actions, la moyenne fait l’objet d’une diminution de 0,5 % pour refléter le fait que les rendements sont plus volatils. Les résultats ainsi obtenus sont arrondis au au 1 % près.
Les résultats pour faire des projections en 2020 sont les suivants.
> Inflation : 2,0 %
> Court terme : 2,4 %
> Revenu fixe : 2,9 %
> Actions canadiennes : 6,1 %
> Actions étrangères : 6,4 %
> Actions de marchés émergents : 7,1 %
Pour les catégories d’actifs, ce sont les résultats des rendements prévus des «marchés». Il faut alors «soustraire» les frais chargés (gestion, conseils, etc.) pour avoir accès à ces marchés. Ce résultat final donne les taux de rendement à utiliser pour faire des projections.
Lorsqu’on applique des frais réalistes, voici des exemples de ce qu’il est possible d’obtenir comme résultat final.
> Profil conservateur : 2,75 %
> Profil modéré : 3,25 %
> Profil audacieux : 4 %
À ne pas oublier, également, que si le profil d’investisseur évolue, au fil du temps, le rendement prévu doit suivre ce profil, ou du moins, être ajusté pour tenir compte de cette évolution.
Donc, si vous faites votre planification de retraite avec de «bons vieux rendements» de 10 % et plus, vous êtes carrément sur une autre planète… et votre retour sur Terre risque d’être douloureux.
Bonnes projections !
EXPERT INVITÉ
Dany Provost est associé dans les cabinets Planium et Avanco. Il est directeur, Planification financière et optimisation fiscale chez SFL Expertise.