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Quelle retraite peut-on s’offrir avec 350 000$ de REER?

Daniel Germain|Publié le 30 janvier 2019

Quelle retraite peut-on s’offrir avec 350 000$ de REER?

On pourrait poser la question autrement: un REER de 350 000$, est-ce un gros REER?

La réponse est relative. Un ami qui a passé le cap des 250 000$ en épargne retraite dit sans se targuer qu’il a accumulé «un quart de million». Évoquer le «million», même une fraction de celui-ci, donne une certaine prestance au pécule.

Un médecin ou un cadre supérieur dirait plutôt qu’il s’agit «d’un an de salaire». Vu sous cet angle, c’est moins impressionnant. D’un autre côté, la somme représente plus que ne pourront jamais espérer épargner de nombreux Québécois, que l’on parle de 350 000$ ou même de 250 000$.

Donc, 350 000$ de REER, est-ce respectable ? Quel «train de vie» peut-on se permettre avec ce coussin?

Ce n’est pas tout à fait comme ça que Marc nous a présenté le problème. Notre lecteur nous a posé sa question en suggérant une réponse:

Selon toi, quel revenu soutenable sur 25 ans puis-je espérer de mon REER évalué à 350 000$ actuellement? Mes avoirs sont répartis entre des titres boursiers (65% – 230 k$) et des obligations (35%-120 k$)

J’entends utiliser la partie «liquide» pour mes besoins annuels de décaissement que j’évalue à 4% (15k$/an) ce qui me garantit un bon coussin pour survivre les fluctuations boursières et ainsi assurer la pérennité de mes avoirs.

Suis-je trop prudent dans mes calculs et pourrais-je me permettre plus de décaissement, disons 20k$ (6%) par an?

Il n’y a pas de doute, notre lecteur Marc a déjà lu sur le sujet du décaissement, c’est-à-dire cette période où on cesse d’épargner pour vivre de ses économies. Il y a une science ici, les amis, je ne vous dis pas. Ça donne parfois l’impression qu’il est plus compliqué de dépenser le contenu de son bas de laine à la retraite que de le remplir durant sa vie active.

Dans ce domaine, il existe quelques principes généraux. L’un d’eux stipule par exemple que retirer 4% de son épargne chaque année constitue l’approche optimale. Ce serait la façon de profiter au maximum de son capital sur toute la durée de sa retraite. Il s’applique plus ou moins selon les cas, il s’agit d’une approximation.

Selon un autre principe, qui ne fait pas l’unanimité, un retraité devrait conserver une partie de ses épargnes en liquide pour se protéger des corrections de marché. L’idée est de s’assurer de ne pas devoir puiser dans un portefeuille qui viendrait de subir une baisse, donc de réaliser des pertes.

Voilà qui me fait croire que Marc s’est infligé quelques lectures ennuyantes. Sa question me laisse croire qu’il s’est endormi en cours de route, mais comment le lui reprocher. Je décèle une vision de la situation un brin lacunaire, je lui proposerais de s’offrir un plan de retraite avec un pro, il en a les moyens (et les besoins).

Notre lecteur a-t-il programmé sa mort 25 ans après le début de sa retraite? S’il a évalué ses besoins annuels à 15 000$, pourquoi se demande-t-il s’il pourrait s’en permettre plus? A-t-il vraiment estimé ce que lui coûtera son style de vie de retraité?

Est-il trop prudent? Bien des spécialistes diraient au contraire qu’il ne l’est pas assez en échelonnant sa période de décaissement sur 25 ans, quoique ça l’amènerait à l’âge vénérable de 90 ans s’il devait commencer à décaisser à 65 ans. Le pari ne m’apparaît pas déraisonnable, mais il nous manque des données importantes. Outre la durée de la période de décaissement, il faut tenir compte des rendements du portefeuille, de l’inflation, des autres revenus, donc de l’impôt, puis de la présence d’un conjoint.

Vous qui lisez, vous n’avez cure de ces détails, vous brûlez de connaître la réponse à notre question de départ: est-il gros son REER?

Allons voir. Commençons simplement: supposons que notre lecteur ne connaît aucun rendement et qu’il vise l’épuisement de son argent dans 25 ans, il pourra décaisser 14 000$ par année. Disons qu’un peu plus du quart (28%) de cette somme s’envolera en impôt, ses économies lui assureront donc un revenu net de 840$ par mois. Pas si mal, mais son pouvoir d’achat s’érodera progressivement au cours de la retraite en raison de l’inflation, soit quelque chose autour de 2% par année.

Si les besoins de notre lecteur s’élèvent effectivement à 15 000$ brut par année, ce montant doit être indexé pour couvrir l’inflation. Cela suppose qu’il a estimé que son épargne devrait couvrir 900$ par mois de son coût de vie (donc net) pendant 25 ans (plus l’inflation). S’il est arrivé à ce résultat, c’est qu’il a dû calculer que ses autres sources de revenus, dont les 20 000$ bruts (maximum) provenant du Régime de rente du Québec et de la pension de la Sécurité de la vieillesse fédérale, combleraient le reste de ses besoins à partir de 65 ans.

Si Marc ne profite pas d’un régime de retraite d’employeur, on parle d’un total de 35 000$ de revenu par année, indexé, avant impôt. Pour que ce scénario se réalise, des rendements nets de frais de 2,70% seront nécessaires.

Si Marc se ravise et croit devoir vivre avec ses économies durant 30 ans, il devra obtenir des rendements de 4% année après année, après avoir payé le conseiller, ce qui, sans être prodigieux, paraît ambitieux. Et si ce ne sont pas 15 000$, mais 20 000$ dont il aura besoin sur 30 ans, il lui faudra avoir la main heureuse avec ses placements. Ils devront lui procurer des rendements de 6%, après frais.

Est-ce gros, 350 000$ de REER?

Cela procure pendant 25 ans un revenu annuel imposable de 15 000$ ajusté à l’inflation, à la condition d’un rendement sur le capital pépère, mais raisonnable, de 3%, après les frais.

À vous de le dire.

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Les éléments présentés ici sont d’ordre général. C’est le principe du «Courrier du portefeuille». Nos lecteurs sont invités à consulter un professionnel pour obtenir des conseils répondant à leur situation personnelle.

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