Chaque génération a ses propres valeurs et besoins. (Photo: 123RF)
À LA CHASSE. Les recruteurs ont la vie dure ces temps-ci. Après deux ans de chasse aux perles rares en mode pandémique sur fond de pénurie de main-d’œuvre, ils ont la langue à terre. Attirer et retenir les candidats n’est pas une sinécure quand le taux de chômage est à 4 %. Ce qui complique la chose, c’est la nouvelle réalité du télétravail et la quête de la flexibilité. La conciliation travail-famille doit être redéfinie et réinventée. On en parle depuis 2001 (je me souviens, c’était le sujet de ma toute première chronique au magazine Affaires Plus), mais il est grand temps de s’y attaquer.
Aujourd’hui, il n’y a plus de standard et chaque entreprise essaie sa recette, la teste, la révise et cherche dans les ingrédients le parfait mélange. Les candidats, de leur côté, écoutent passivement le chant des sirènes qui leur est présenté. C’est vrai qu’ils ont le bon bout du bâton ces temps-ci, ils peuvent butiner en toute liberté et partir pour mieux revenir en renégociant leurs conditions au passage.
Ceux qui ont ou ont eu des adolescents se souviennent de ce genre de phrase : « Tous mes amis ont le droit rentrer à 2 h du matin et ils peuvent consommer de l’alcool. » Sous-entendu de « tu n’es pas cool et c’est injuste de m’imposer un couvre-feu à minuit ».
Pourquoi je vous dis ça ? Parce que les employeurs se font dire : « Les employés de la compagnie XYZ travaillent à 100 % de chez eux, EUX ! » ou « notre compétiteur n’impose aucun nombre de jours ou de journées désignées de présence par semaine ». Démêler le vrai du faux et faire la part des choses n’est pas facile quand on est en compétition avec un marché de plein emploi. Personne ne veut se faire traiter de dinosaure.
Que répondre à un candidat que l’on veut attirer qui vous dit « je veux vraiment me joindre à vous, mais je veux travailler uniquement à distance, c’est non négociable », sachant que la politique interne de votre entreprise impose trois jours par semaine au bureau ? On reste vague ? On fait une exception ?
Chaque génération a ses propres valeurs et besoins… Les jeunes sans enfants veulent revenir cinq jours, car ils étouffent dans leur petit condo et veulent se créer un réseau. Les jeunes parents misent sur un mode hybride et des horaires flexibles pour un maximum de une à deux journées par semaine ou par mois. Les plus seniors cherchent des façons d’allonger leurs fins de semaine au chalet. La solution serait-elle dans des politiques agiles et flexibles selon les générations, sans négliger l’équité ?
Que fait-on aussi de ceux qui ont déménagé en région pendant la pandémie ? Plusieurs entreprises ont décidé de se rapprocher de leurs employés et ont ouvert des bureaux en Estrie, dans Lanaudière ou dans le Bas-Saint-Laurent. De son côté, le gouvernement fédéral n’écarte pas l’idée de transformer certains immeubles de bureaux qu’il possède en logements dans les grandes villes du pays. À surveiller, de nouveaux logiciels de mesure de la productivité permettent de suivre les activités de vos employés à distance. Travailler sous haute surveillance « en toute confiance » sera-t-il bientôt la norme ?
Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Un ami me suggérait récemment l’idée que le gouvernement devrait créer un ministère de la Guerre des talents pour mieux soutenir les entreprises. En attendant, les employeurs se consultent et sondent leurs employés pour chercher des réponses et des pistes solutions.
Bref, beaucoup de questions, peu de réponses… sauf peut-être le spectre d’une récession suivant l’inflation galopante de ce début d’année qui tranchera dans le vif et ramènera les petits à la maison. Souhaitons que nous trouvions la formule gagnante avant.