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Louis J. Duhamel

À géométrie variable

Louis J. Duhamel

Expert(e) invité(e)

Renaissance industrielle dans un monde incertain

Louis J. Duhamel|Mis à jour le 11 avril 2024

Renaissance industrielle dans un monde incertain

Sans notre secteur manufacturier, la création de richesse liée aux exportations serait une vue de l’esprit. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. La décennie 2010 aura été prolifique pour le secteur québécois de la fabrication, qui a stoppé son déclin (un phénomène mondial) amorcé à la fin 20e siècle. Le PIB manufacturier représente encore aujourd’hui environ 13 % de l’économie du Québec (1er rang en importance) et son nombre d’emplois directs se maintient encore autour de 470 000 (3e rang).

La création d’emplois indirects continue à impressionner la galerie, et ce, avec un multiple de 6 emplois dans les services pour 10 emplois directs créés. Tout un paradoxe de pouvoir dire que le secteur manufacturier est une véritable oasis de développement pour le secteur des services.

De plus, sans notre secteur manufacturier, la création de richesse liée aux exportations serait une vue de l’esprit. Adieu les ambitions de rattraper la richesse de l’Ontario.

Ce revirement majeur n’aurait pas été possible sans une volonté politique de fer des quatre derniers gouvernements à Québec.

Chacun a, à sa façon, valorisé et appuyé le secteur de la fabrication, que ce soit le plan d’action manufacturier de Raymond Bachand, la politique industrielle de feu Élaine Zakaïb, le mouvement manufacturier innovant de Dominique Anglade, ou l’offensive numérique de Pierre Fitzgibbon.

Finalement, nos entreprises ont été extrêmement coriaces dans l’adversité.

La toute nouvelle mouture du Point sur le Québec manufacturier de Deloitte, actuellement en tournée aux quatre coins du Québec, nous a permis de réaliser une mise à jour non seulement de l’impact économique du secteur, mais aussi de son impact sociétal.

 

Le bonheur est dans l’usine

Notre analyse démontre de manière générale l’existence d’une corrélation entre les nations manufacturières ayant un PIB manufacturier par habitant élevé et leur indice de bonheur.

Rien de moins.

Cela peut paraître contre-intuitif pour certains, mais le Canada se classe actuellement au 14e rang du top 15 des grands pays manufacturiers pour la taille de son économie manufacturière, et il figure en 6e position en matière de PIB par habitant.

Pas mal pour ceux et celles qui voyaient le Canada dans les bas-fonds des classements. La contribution du Québec et de l’Ontario à ce résultat enviable est notoire, et on peut en être fier!

Outre les pays en tête du peloton comme la Chine, les États-Unis, le Japon et l’Allemagne, il faut noter la progression de la Corée du Sud, qui a gravi les échelons jusqu’au 5e rang.

Comme quoi, l’automatisation avancée et la numérisation sont des accélérateurs de croissance formidables.

« Robot Land », comme on appelle souvent la Corée du Sud, se taille maintenant une place de choix parmi les meilleurs. Le pays fait aussi preuve d’exemplarité sur le plan de la compétitivité dans une dynamique mondiale en pleine mouvance.

 

Un environnement de plus en plus complexe

En effet, la dynamique concurrentielle et commerciale du Québec change drastiquement.

Les États-Unis embrassent de plus en plus le protectionnisme, tandis que la Chine a perdu son statut « d’usine du monde » au profit de pays d’Asie du Sud-Est comme le Vietnam, les Philippines ou la Malaisie.

De son côté, l’Europe opère une réindustrialisation durable, publicisée largement lors de la récente campagne électorale du président français, Emmanuel Macron.

Il faudra donc s’adapter et revoir nos stratégies internationales.

Il faudra aussi accroître notre capacité à gérer une plus grande complexité, notamment avec la montée de l’inflation, les dysfonctionnements des chaînes d’approvisionnement et l’incertitude géopolitique, climatique et sanitaire.

Finalement, il faudra encore une fois, eh oui, changer notre vocabulaire. L’industrie 4.0 était une oeuvre inachevée et incomplète; il faut maintenant parler de l’industrie 5.0.

Cette 5e révolution industrielle inclut la réduction significative des émissions de gaz à effet de serre (GES) des entreprises manufacturières, en plus de mettre l’humain au cœur de la transformation.

C’est ça le nirvana!

Say it loud!

 

P.S. Quatre références musicales, soit à deux rappeurs québécois et deux groupes rock internationaux, se sont glissées dans ce texte. Saurez-vous les trouver?