Rendre les vélos plus intelligents? Il suffisait d’y penser…
Alain McKenna|Publié le 11 juillet 2019Le SmartHalo 2. (Image courtoisie)
On ne reviendra pas sur l’histoire d’amour qui lie une bonne partie du Québec au vélo. Mais s’il y a une chose de certaine, c’est que cette histoire n’est pas seulement l’affaire de quelques cyclistes amateurs de vitesse sur les routes secondaires, puisque tant le vélo de route que le vélo urbain sont fort prisés dans la province.
Ça entraîne dans son sillage (ou dans sa roue arrière…) tout un marché potentiel pour les bons accessoires. Déjà, il y a quelques années, deux entrepreneurs montréalais ont cru frapper dans le mille avec un petit dispositif lumineux qui s’accrochait au guidon, et qui pouvait servir d’aide à la navigation pour vélos. Appelé SmartHalo, l’appareil a été lancé sur la plateforme web Kickstarter, avec un certain succès.
Plus tôt ce printemps, le SmartHalo 2 a vu le jour à son tour. L’appareil est grandement amélioré, devenant un véritable tableau de bord pour vélo, avec la navigation intégrée, un système d’alarme protégeant le vélo une fois qu’il est garé, une lumière pour pédaler de soir, et un assistant numérique adapté au contexte pour rester connecté sans avoir à accrocher son téléphone directement au guidon.
On a rencontré Gabriel Alberola, cofondateur de SmartHalo, le lendemain du lancement de la campagne de financement volontaire Kickstarter. L’objectif établi à 75 000 $ était déjà fracassé par quelques dizaines de milliers de dollars. Ce n’était qu’un début, car aujourd’hui, la campagne qui a migré sur Indiegogo a dépassé les 1,75 million de dollars.
«Avec la technologie qu’on a développée, on pouvait déjà rejoindre les cyclistes occasionnels. En ajoutant un écran un peu plus raffiné au cœur de l’appareil, on rejoint aussi ces gens qui veulent connaître les données entourant leur activité à vélo», disait M. Alberola, en entrevue pour la balado Une Tasse de Tech.
«Ce coup-ci, on voulait avoir un produit qui rejoint davantage le grand public. Avec un nouvel affichage, il devient plus simple à manipuler.» Ses nouvelles fonctions garantissent aussi un plus grand attrait puisqu’il est non seulement antivol fort ingénieux, mais il simplifie aussi l’utilisation du vélo tout entier dans un contexte urbain.
Une plateforme évolutive
«Ceux qui ont déjà un SmartHalo savent qu’on n’arrête pas les mises à niveau pour ajouter de nouvelles fonctions. Je ne promets pas la lune, mais on a une série de nouveautés qui seront ajoutées au fil des mois suivant le lancement du SmartHalo 2», poursuit M. Alberola.
Ça va même plus loin que ça : le SmartHalo 2 est doté d’une petite surface tactile qui peut être personnalisée à loisir, en la jumelant à l’application IFTTT, laquelle fait le pont entre des accessoires connectés et la plupart des services web du moment.
Vous pourriez, par exemple, contrôler la serrure connectée de la porte d’entrée de votre maison à même votre vélo. Ou, pourquoi pas, générer automatiquement un tweet indiquant où vous vous trouvez en tapant simplement du doigt sur l’appareil.
Évidemment, on pense aussi à plein d’autres fonctions connectées qui peuvent s’avérer beaucoup plus utiles… «C’est une plateforme ouverte. J’ai hâte de voir ce que la communauté va créer autour de ça. Est-ce que ça va vous mener au Pokémon le plus près via Pokémon Go? Je ne sais pas», s’amuse M. Alberola.
De son côté, SmartHalo a revu la base de son dispositif, améliorant notamment son autonomie, et son interaction avec le téléphone mobile de l’utilisateur. Le fabricant promet aussi une livraison tôt l’hiver prochain, peut-être même, avec un peu de chance, à temps pour les Fêtes. SmartHalo parle de livraison en décembre, mais avec Kickstarter, on ne peut jamais promettre de date précise.
Ça ferait un beau cadeau pour l’amateur de vélo dans votre entourage. Peut-être pas un cadeau de Noël, mais entre décembre et avril, alors que la plupart d’entre nous sortent leurs bécanes, ça laisse un peu de marge.
Le tremplin Kickstarter
On le dit souvent : avoir une idée originale pour se lancer en affaires, c’est bien. La commercialiser avec succès est une autre paire de manches. Malgré tous leurs défauts, les sites comme Kickstarter, Indiegogo et Ulule, chez nous, sont une ressource qui, même dix ans plus tard, continue d’avoir beaucoup de valeur pour lancer une nouvelle entreprise.
«On n’existerait pas sans Kickstarter», admet Gabriel Alberola. «Tu as une idée et un vrai boulot, puis tout à coup tu te retrouves avec un demi-million de dollars pour développer ton produit.» Ça ne vient pas sans difficulté pour autant, puisqu’il faut remplir ses promesses, mais l’accès au marché et aux clients potentiels permis par ces plateformes a une valeur plus que monétaire, puisqu’elle permet de savoir qui est le client type pour le produit en question.
Mais ce n’est pas une fin en soi. «C’est un excellent tremplin, mais ce n’est pas parce qu’on y récolte un million de dollars qu’on devient millionnaire!» C’est une tape dans le dos, qui doit être accompagnée d’une stratégie de commercialisation plus complète.
SmartHalo a la chance de vendre son produit dans les Apple Store, où les acheteurs sont particulièrement friands de tels appareils. Ça élargit la cible d’un tel produit à un auditoire plus large, et ça indique qu’il est possible de passer d’un extrême (la prévente en ligne) à l’autre (un détaillant plutôt exclusif).
Avec tout près de 2 millions $ en poche, on a bien hâte de voir comment SmartHalo fera non seulement pour satisfaire ses premiers acheteurs, mais comment ses dirigeants miseront sur ce succès pour assurer la croissance à plus long terme de leur entreprise…
Un SmartHalo pour trottinettes électriques? Une version de l’appareil pour les parcs de vélo en libre-service? Pourquoi pas… «On est des passionnés non seulement de vélo, mais de mobilité au sens plus large, alors on regarde toutes les avenues», conclut Gabriel Alberola.
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