Renforçons l’espace économique Saint-Laurent–Méditerranée
François Normand|Publié le 12 novembre 2022La région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur compte entre autres 1 500 entreprises dans l’économie bleue et 3 700 établissements dédiés aux énergies de demain. (Photo: risingSud)
ANALYSE ÉCONOMIQUE. Quand vient le temps de diversifier les marchés du Québec, on suggère souvent de viser les États-Unis, l’Europe de l’Ouest ou l’Indopacifique. Or, on oublie systématiquement l’espace économique de la Méditerranée, un marché clé situé au cœur de l’axe maritime reliant l’Asie du Sud-Est à l’est de l’Amérique du Nord via le canal de Suez.
Cela dit, certains milieux économiques au Québec ont compris le potentiel économique de la Méditerranée, à commencer par la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER).
La SOPER porte le Campus d’innovation Novarium, situé au cœur de Rimouski. Ce campus crée des synergies entre les startups technologiques, les investisseurs et la communauté scientifique dans le domaine de l’économie marine ou l’économie bleue.
Ce mardi, au Port de Montréal, la SOPER a signé un partenariat économique avec risingSud, l’agence d’attractivité et de développement économique de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, en France.
Économie bleue et économie verte
Cette entente entre deux agences régionales de développement économique est intéressante, car elle vise à stimuler les échanges économiques et académiques entre le Saint-Laurent et la Méditerranée.
D’une part, avec l’économie bleue et l’économie verte (par exemple, la production d’énergie renouvelable). D’autre part, avec les innovations technologiques propres, de même que les échanges universitaires et scientifiques qui s’y rattachent.
En fait, ce partenariat s’inscrit dans la continuité des missions économiques qui se sont déroulées depuis 2017 entre cette région du sud de la France et le Québec, principalement en ce qui a trait aux filières de l’économie de la mer et des énergies de demain.
Mentionnons aussi que le Port de Montréal et le Grand port maritime de Marseille (Marseille-Fos Port) sont déjà des partenaires.
Ce type d’entente entre la SOPER et risingSud est logique, si l’on tient compte de l’importance de l’espace économique de la Méditerranée. Ce dernier regroupe 21 pays limitrophes, comme la France, la Grèce, la Turquie, Israël, l’Égypte ou l’Algérie.
Cette région du monde compte 500 millions d’habitants (7% de la population mondiale) et son PIB représente grosso modo 10% de l’économie mondiale, selon une analyse de la Fondation hellénique pour la politique européenne et étrangère (ELIAMEP).
Le Port de Montréal et le Grand port maritime de Marseille (Marseille-Fos Port, sur la photo) sont déjà des partenaires. (Photo: risingSud)
En entrevue avec Les Affaires, le PDG de la SOPER, Martin Beaulieu, et la directrice générale de risingSud, Audrey Brun Rabuel, ont indiqué que leurs agences respectives peuvent aussi aider les entreprises à identifier des occasions d’affaires au Québec et en France.
Plusieurs entreprises québécoises sont déjà installées dans le sud de la France, comme Bombardier, CGI et Boralex.
La région couverte par risingSud se présente d’ailleurs comme «une région capitale de l’Euroméditerranée». Marseille est le premier port de France, tandis que le Port de Toulon est le plus important port militaire d’Europe.
La région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur compte entre autres 1 500 entreprises dans l’économie bleue et 3 700 établissements dédiés aux énergies de demain.
Un carrefour géostratégique
La région a aussi un positionnement géostratégique intéressant, au carrefour de l’Europe, de l’Afrique (notamment francophone) et du Moyen-Orient.
Certes, les entreprises du Bas-Saint-Laurent et de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur sont avantagées par le partenariat économique signé entre la SOPER et risingSud.
En revanche, on voit bien tout le potentiel qu’il y a pour le Québec et ses régions à développer davantage de liens entre l’espace économique du Saint-Laurent et celui de la Méditerranée.
Certes, le midi de la France est dynamique, mais bien d’autres régions du pourtour de la Méditerranée le sont également.
On peut notamment citer l’écosystème des startups technologiques à Tel-Aviv, en Israël, qui figure parmi les principaux hubs technos de la planète, selon divers classements.
Les États-Unis, l’Europe de l’Ouest et l’Indopacifique — qui inclut la Chine — demeureront toujours des marchés clés pour les entreprises québécoises actives à l’international.
En revanche, elles auraient aussi intérêt à s’intéresser à la Méditerranée, un autre marché clé qui a beaucoup de potentiel.