Soyons à l’écoute, attentifs aux signes de fragilité autour de nous. (Photo: 123RF)
BILLET. Il a la réputation d’être contagieux et toxique, tueur même. Il est aussi redouté que redoutable, affaiblis-sant les capacités physiques et mentales, n’épargnant aucune couche de la population. Pas étonnant donc que le stress et son impact psychologique soient une préoccupation grandissante des entreprises.
Les entrepreneurs sont en première ligne. Une étude de la BDC révélait en novembre dernier que 36 % des propriétaires d’entreprises ressentent des problèmes de santé mentale au moins une fois par semaine. Sans surprise, les facteurs financiers sont les principales sources de stress.
Concentrés à endiguer les effets économiques de la COVID-19, ces chefs d’entreprises ne réalisent pas qu’une autre crise plus insidieuse, mais tout aussi dangereuse, affecte leurs employés et menace la pérennité de leur organisation. Un demi-million de Canadiens s’absentent actuellement du travail chaque semaine pour des problèmes de santé mentale, selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale. Le problème n’est pas nouveau, mais le confinement amplifie le phénomène.
Pourtant, les deux tiers des employeurs n’ont pas fourni de soutien supplémentaire en bien-être mental, physique ou financier à leurs employés pendant la pandémie, dévoile une étude de la Sun Life. Heureusement, de plus en plus de dirigeants, sensibilisés à la question, mettent en place des initiatives de bien-être.
Cela n’efface pas le fait que sur le terrain, la pression est forte, le rythme, intense, et la charge de travail, immense. Pris entre l’arbre et l’écorce, le gestionnaire tente de faire suivre l’injonction «restez calme et continuez à être productif». Prêchant par l’exemple, il ajoute donc des activités santé à son calendrier déjà plein à craquer. Mais lorsqu’il doit soutenir un employé au bord de l’épuisement, il est mal outillé pour faire face à la détresse à laquelle il est confronté.
Pour enrayer le problème, il faut réaliser que se préoccuper des questions de santé mentale n’est pas de la seule responsabilité du dirigeant, de l’équipe des ressources humaines ou du gestionnaire. C’est l’affaire de tous. Nous sommes tous dans le même bateau, confrontés à un isolement sans précédent dont nous ne commençons même pas encore à mesurer les répercussions.
Il y a urgence d’agir.
Posons des gestes pour s’entraider. Faisons preuve d’empathie et de bienveillance. Soyons à l’écoute, attentifs aux signes de fragilité autour de nous. Bref, soyons le soutien que nous aimerions recevoir le moment où, à notre tour, nous en aurions besoin.
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
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