Révolution tranquille dans les minéraux critiques et stratégiques
Maxime Guilbault|Publié le 17 février 2022Le Québec s’est doté d’un Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. La demande pour les minéraux critiques et stratégiques (MCS) est tellement forte dans le monde qu’elle devient un enjeu national pour les pays qui en détiennent, ou pour ceux qui n’en ont pas, mais qui les utilisent dans différentes applications industrielles. Pour sa part, le Québec en détient, mais il les exploite peu à l’heure actuelle.
Ces matières premières sont indispensables dans la fabrication de matériel médical (imagerie, implants cardiaques, lasers, médicaments), de défense et de biens de consommation courante tels que les cellulaires, les ordinateurs, les batteries rechargeables des véhicules électriques et même… nos ampoules DEL!
Sur le plan mondial, les enjeux géopolitiques entourant ces minéraux sont galvanisés par les soubresauts des chaînes d’approvisionnement, les aléas d’une pandémie qui s’étire et les changements climatiques qui hypothèquent l’avenir de la planète.
Fort conscient de cette situation, le Québec s’est doté d’un Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025.
C’est d’ailleurs dans le cadre de ce plan que PwC a réalisé dernièrement une étude servant à brosser un portrait des chaînes de valeur actuelles et futures utilisant des MCS.
L’évaluation des chaînes de valeur utilisant des MCS
Les chaînes de valeur utilisant les MCS
Les chaînes de valeur utilisant des MCS comportent plusieurs secteurs d’activités : la prospection, l’exploration et la mise en valeur, la construction d’installations, l’exploitation et la concentration du minerai, le traitement, la transformation et la restauration, pour ne nommer que les principaux.
Certaines entreprises se spécialisent dans un seul champ d’activité, alors que d’autres sont actives dans plusieurs secteurs de la chaîne.
Les analystes de PwC ont d’abord procédé à une cartographie des chaînes de valeur des MCS au Québec en identifiant les minéraux dont les chaînes de valeur ont le meilleur potentiel sur un horizon de quatre à cinq ans.
L’étude s’est ensuite intéressée aux projets actuels et à venir en estimant les retombées économiques des investissements en cours et en identifiant les maillons à fort potentiel.
L’exercice s’est conclu par l’identification des chaînes de valeur les plus prometteuses ainsi que des recommandations pour le développement de ce secteur névralgique de l’économie du Québec.
De quels minéraux parle-t-on?
Tel que défini dans le plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025, les minéraux dits critiques sont ceux qui présentent un risque élevé en matière d’approvisionnement et pour lesquelles nous ne disposons pas, pour le moment, de substituts disponibles sur les marchés.
Les minéraux stratégiques sont les matières premières indispensables à la mise en œuvre de certaines politiques jugées elles-mêmes stratégiques comme l’utilisation des énergies renouvelables pour réaliser la transition énergétique d’ici 2050.
Minéraux critiques : antimoine, bismuth, cadmium, césium, cuivre, étain, gallium, indium, tellure et zinc.
Minéraux stratégiques : cobalt, éléments des terres rares, éléments du groupe du platine, graphite, lithium, nickel, magnésium, niobium, scandium, tantale, titane et vanadium.
Les minéraux les plus prometteurs
Les auteurs de l’étude ont retenu cinq critères d’évaluation pour en arriver à identifier les minéraux critiques et stratégiques possédant un fort potentiel de développement au Québec. Ces critères sont :
- Leur importance pour le secteur manufacturier
- La difficulté de substitution du minerai
- Les risques de rupture dans la chaîne de valeur
- La croissance de la demande mondiale
- La capacité du Québec à accroître sa capacité actuelle de production
Je vous fais grâce des calculs savants qui ont mené à l’identification des six minéraux critiques et stratégiques ayant un fort potentiel de développement au Québec. Il s’agit des minéraux suivants :
- Le cobalt
- Le graphite
- Le lithium
- Le nickel
- Le magnésium
- Le scandium
Notez que la taille estimée du marché mondial des six minéraux combinés atteint quelque 77 milliards de dollars US de revenus à l’heure actuelle.
Les trois secteurs clés du Québec
Trois groupes d’activité émergent de cette étude : le groupe Électrification des transports et énergies renouvelables, le groupe Alliages et matériaux avancés et le groupe Technologies, télécommunications et défense.
L’étude recadre les 22 matériaux critiques et stratégiques dans chacun des trois secteurs en pointant les plus prometteurs pour le développement économique du Québec et/ou occupant une position d’importance à l’échelle mondiale, le tout, sur un horizon de cinq ans.
Ce dernier « détail » de cinq ans constitue probablement le défi de l’heure : si nous choisissons collectivement de développer ces « terres promises du 21e siècle », il faudra prendre des décisions rapidement et réunir toutes les forces vives – publiques et privées – avec une grande efficacité.
Avec la collaboration de Philippe Pourreaux, associé chez PwC, création de valeur