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BILLET. Rareté de l’offre, industrie de la construction ralentie par la pandémie et la pénurie de main-d’oeuvre, acheteurs qui se bousculent au portillon pour devancer d’éventuelles hausses de taux d’intérêt… L’immobilier a rarement été autant à l’avantage des vendeurs, disent de nombreux experts.
Cela signifie que pour les acheteurs, le moment est vraiment mal choisi pour se lancer dans la recherche de la résidence de leurs rêves. Surtout pour les premiers acheteurs, qui ne pourront pas tirer profit de la vente de leur domicile actuel en l’utilisant comme mise de fonds pour acheter le prochain. Certains pourraient même avoir l’impression, comme notre couple en une, d’y laisser leur chemise… et leur pantalon! Dans ce contexte, vaudrait-il mieux attendre que la tempête parfaite passe pour commencer à magasiner ce qui sera pour plusieurs la «plus importante dépense d’une vie»? Le problème est que nul ne peut prévoir quand le déséquilibre entre l’offre et la demande reviendra au neutre.
Le courtier immobilier Michel Naud, qui compte 30 années d’expérience dans les Laurentides, me confiait que le marché n’a jamais été autant à l’avantage des vendeurs depuis ses débuts dans le métier.
Dans un monde où les surenchères sont presque devenues la norme, les acheteurs doivent être prêts à dégainer rapidement, parfois la journée même de la visite, parfois même sans visite et en renonçant à l’inspection et à toute condition, pour avoir une chance de mettre la main sur la résidence convoitée. Michel Naud déconseille cette stratégie à ses clients, même s’ils sont souvent forcés de s’y résoudre.
Dans un cas, un client était prêt à faire une surenchère sans condition sur un terrain au prix affiché de 275 000 $… sans savoir qu’il se trouvait en milieu humide avec zone de construction restreinte. Après les vérifications d’usage du courtier, une offre a été déposée, conditionnelle à ce que le terrain arrive à satisfaire les possibilités de construction de son client. D’où l’importance, selon Michel Naud, de s’entourer d’un courtier qui connaît bien le secteur dans lequel les acheteurs désirent s’installer.
Par ailleurs, les acheteurs de constructions neuves ne sont pas non plus à l’abri des surprises. Les entrepreneurs peuvent en effet relever les prix prévus dans les contrats préliminaires en justifiant des circonstances exceptionnelles, comme des hausses de prix des matériaux. Ceux qui refusent se font rembourser leur dépôt et sont remplacés.
Dans un marché immobilier en surchauffe, il est facile pour les acheteurs de tomber dans le piège du renoncement à leurs droits. C’est la recette secrète pour qu’une acquisition hors de prix se transforme en cauchemar. Dans ces cas, pour paraphraser l’ancien directeur général du Canadien de Montréal, Serge Savard, les meilleures acquisitions sont probablement celles qu’on ne fait pas.
Dans ce numéro, notre journaliste Charles Poulin trace un portrait complet de la situation de l’immobilier au Québec, alors que Claudine Hébert parle de l’univers des maisons intergénérationnelles.